23 juin 98
Cinéma Français
Ecran Noir, le cine-zine de vos nuits blanches

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[© Ecran Noir 96-98]

Top...rentabilité

Aujourd'hui, le cinéma est entré dans une logique économique. Il y a quelques décennies, il était possible de réaliser une oeuvre cinématographique sans se soucier de sa rentabilité. Maintenant, un film doit être rentable.
Pas évident. Quand on sait que les goûts du public sont parfois surprenants...et à chaque fois aléatoires.

Pour faire un film à succès, vous avez besoin de...
Pour faire un bon film à succès et qui, commercialement, rapporte beaucoup d'argent, la recette est simple : il n'y en a pas !
En effet, certains pourraient croire qu'il faut investir beaucoup d'argent dans un film pour s'assurer des retombées financières conséquentes. Erreur. Selon les chiffres en notre possession, les très gros films français rapportent de moins en moins d'argent en salles, quand de petites productions dégagent des bénéfices considérables.
Selon Le Film Français, qui a fait paraître le tableau financier des taux d'amortissement des productions françaises sorties en 97, les oeuvres ayant un budget important ont eu du mal à faire de l'argent en salles. A l'inverse, les réussites financières sont venues d'oeuvres originales à petit budget, réalisées par de jeunes réalisateurs.
Mais peut-être faut-il aussi nuancer ces données. D'une part, il faut prendre en compte les recettes en salles pour calculer les taux d'amortissement du cinéma. D'autre part, il y a un élément non négligeable, mais non pris en compte dans le budget du film, à savoir que les films sont en grande partie financés par les promesses d'achat des télévisions - en cela, la télévision est devenue un vrai partenaire de la production cinéma - et non par les investissements propres aux producteurs. Et ce serait une erreur d'oublier également ce qu'on appelle les "marchés secondaires", comme la vidéo, qui permettent de générer un nouveau flux financier.
Ainsi, selon les professionnels, un taux d'amortissement de 25 à 30% représente un score correct pour la carrière d'un film en salles.

L'égoût du public
Revenons aux chiffres. Force est de constater qu'aucun film de plus de 60 millions de francs n'est classé dans les quinze taux d'amortissement les plus intéressants. On trouve ainsi, en première position à ce box-office financier, La Vérité si je mens avec un taux de 382% et un coût de 25 millions de francs. Juste derrière, nous trouvons le film de Robert Guédiguian, Marius et Jeannette avec 331% et 8 millions de budget. Viennent ensuite, Le Pari de Bourdon-Campan (133% pour un coût de 56 millions), Didier d'Alain Chabat (96% pour un coût de 59 millions, également Western de Manuel Poirier (125% pour un coût de 17 millions), et Les démons de Jésus de Bernie Bonvoisin (74% pour 10 millions de budget).
Et, à l'inverse, un film comme Le Bossu de Philippe de Broca se classe en 17e position de ce b.o. de la rentabilité avec un coût de 147 millions et un taux de 30%. Il y en d'autres, comme Lucie Aubrac de Claude Berri, avec 24% d'amortissement pour un coût de 140 millions ! Des échecs qui effraient...
En outre, il faut porter son regard sur un fait intéressant : six premiers films se classent parmi les quinze "+ rentables". D'ailleurs certains d'entre eux sont produits par des producteurs indépendants (et nouveaux sur le marché), tels que Vertigo, Agat Films, ou Arena... A l'instar des Etats-Unis, les "indies" français commencent à avoir le vent en poupe.

La stratégie des prod'
Face à de telles données, les producteurs français sont obligés de revoir leur stratégie. Il était de tradition jusque-là d'utiliser un casting haut de gamme, des gros moyens, et une promotion ultra-large.
Mais tous ces ingrédients ne semblent plus faire recette aujourd'hui. D'autant que les goûts du public ont véritablement changé aujourd'hui. On le voit se tourner plus facilement vers des films dits "d'auteurs". En outre, l'apparition de nouveaux médias comme le satellite ou internet a permis aux spectateurs de mieux s'informer.
Ceci représente un raison supplémentaire de rester attentif à tout ce qui pourrait, notamment sur le plan des accords commerciaux et financiers internationaux, participer du démantèlement du système d'aides publiques au cinéma et à l'audiovisuel français.
Plus que jamais ce sont les indépendants qui participent à la créativité du cinéma français.

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Brèves

Subvention sur la glace
Charles Millon, président du Conseil Régional de Rhônes-Alpes, a décidé de geler le 20 mai dernier la subvention accordée chaque année à Rhônes-Alpes Cinéma. Cet organisme, chargé de l'accueil des tournages dans la région participait également financièrement à la coproduction de longs métrages.
Roger Planchon, président de cet organisme, a souligné les conséquences négatives qu'allait entraîné un tel vote. Outre les retombées financières indirectes suscitées par la venue de tournages sur le tissu économique local, "c'est la disparition d'une masse salariale de 10 millions de francs par an pour les intermittents du spectacle" de la région.
Rhône-Alpes Cinéma a déjà reçu le soutien de l'ARP (Association des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs) pour mener une bataille politique que Roger Planchon juge "importante et même déterminante pour les années à venir".
Un adjoint de Mairie de Grenoble (Parti Socialiste) a d'ailleurs lancé une pétition on-line pour combattre cette mesure.

Méliès en vacances
On savait la ville d'Issy-les-Moulineaux très dynamique, notamment sur le plan technologique. La voici qui s'intéresse au créateur des effets spéciaux du cinéma!
L'événement proposé dans le parc départemental de l'Ile-Saint-Germain, et jusqu'au 11 juillet, présente une série de douze films de l'un des plus grands réalisateurs de ce début du siècle : Georges Méliès.
Ainsi, sur le plus grand écran forain du monde (400m de toile), douze films, dont deux en couleurs (!) seront projetés pour rendre hommage à ce maître des trucages et montages.

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