LOUIS DE FUNES

IL ÉTAIT UNE FOIS SERGIO LEONE




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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Avril 2006

ALMODOVAR EXHIBITION (CATALOGUE)
Souvenir

Catalogue Almodova Exhibition
Les éditions du panama / La Cinémathèque Française
auteurs : Catherine Millet, Juan Gatti, Marisa Paredes, Pina Bausch, Pedro Almodovar, Caetano Veloso, Serge Toubiana, Frédéric Strauss...
8 livrets de 32 pages chacun.


En marge de l'exposition Almodovar Exhibition, un catalogue original permet de revenir et se souvenir, ou pour ceux qui ne peuvent pas venir la visiter, en avoir tous les détails. Un boîtier argentique recouvre huit livrets thématiques qui suivent à la trace l'exposition, dans son ordre.
Emois. Portraits d'acteurs. Objets intimes et premiers contacts avec le cinéma. Dans les rouges, entre cahiers d'écoliers et revues d'époque, c'est un album de famille qui débute la collection. Marisa Paredes : "Pedro Almodovar "est" la passion. C'est cette passion qui le pousse à écrire ces histoires si originales, si singulières, si baroques."
Madrid. Depuis 1968, sa ville. "Ville documentaire, ville décor, ville réelle, ville fantasmée, ville cinématographique, ville photographique". Le cahier des autoportraits aussi (Pedro moustachu avec des boucles d'oreilles ça vaut le coup d'oeil!). Le cinéaste devient modèle et se prêt aux délires d'autres artistes. Warholien par excellence. Sans oublier les très beaux panoramas peints par Antonio Lopez Garcia. Ou cette mise en abîme des affiches de Parle avec Elle dans des rues étrangères...
En plein corps. Ou le corps dans tous ses états, suspendu, en mouvement, souple ou immobile. Chorégraphié, souvent. "Ah Pedro! J'aimerais te voir, te prendre dans mes bras, t'embrasser, boire un verre de vin avec toi, rire avec toi, t'écouter... Tu as le don de tous nous séduire." déclaration de la grandiose Pina Bausch. Et si parfois le corps est habillé par Jean-Paul Gaultier (Kika, Zahara), il est souvent dénudé, en extase, formes exhibées, courbes sensuelles désirables. Le lit comme coeur de nos ébats. La voix pour passer du corps à la figure humaine. Et les fantasmes dans nos têtes.
La figure humaine. Après les phallus pénétrants de Cocteau, les visages. Tous. De Banderas à De Palma, de Roth à Paredes, d'Abril à Cruz, de Bernal à Bardem. Expressionnisme qui prend ici tout son sens à travers ce composite (ou raccourci) morphologique. Mais le cahier fait aussi quelques détours par les photos de mode pour la promotion de ses films, les idoles inspiratrices (et sexy), ou même les portraits de ses égéries revus par d'autres pygmalions. Histoire picturale, histoires de masques. Le décryptage n'est pas complet mais il fusionne 16 films en un, avec un casting fascinant.
Pop. Attention "collector" : roman photo inédit ("En voyant cette scène idyllique, le sadique commençait à s'exciter."), pochette de disque kitsch d'Almodovar chanteur ("Suck it to me"), photos d'Alberto Garcia Alix... c'est toute la "movida" dans ses racines qui resurgit, mais aussi tout le fétichisme du personnage qui émerge, entre anges et démons, oeuvres primitives et objets bariolés.Tout le "look" Almodovar est là.
Mais le visuel ne serait rien sans le fond. L'écrit. En couverture, l'ombre chinoise de Paredes tapant à la machine à écrire, affiche de La Fleur de mon secret. Le cahier est sans doute le plus décevant tant il est difficile de mettre l'écrit en image. Ou paradoxal peut-être. Il devient, par conséquent, un hommage à Amanda Gris, le personnage de Paredes dans La fleur.... Mais il y a aussi les livres cultes du cinéaste (Ellroy, Banks, Doyle, ...) et les couvertures internationales de son propre roman (Patty Diphusa), l'usage des journaux dans ses films, des exemplaires de scénarios, la calligraphie de ses génériques, mais aucune trace de sa très jolie citation sur Edward Hopper et la solitude, qui ouvre cette partie de l'expo.
La vie spectacle. En rose, cette vie-là. Cérémonies à sa gloire, télévision comme personnage de ses images... mais aussi la danse au coeur de son cinéma, le chant, les sièges vides d'un théâtre ou les yeux embués face à l'écran. Magnifique conclusion pour découvrir que la vie imite le cinéma qui parodie la vie. Fausses affiches de film et vrais commentaires du réalisateur sur sa Carte Blanche projetée à la cinémathèque (de John Waters à Mankiewicz). "Mes films sont pleins de films. Tous les films qui apparaissent dans les miens sont méticuleusement choisis, ils font partie du scénario, ils y jouent un rôle actif." Le cahier s'achève sur des clichés des films auxquels il rend hommage, reflets dans notre oeil qui ne dort toujours pas, et qui nous renvoie aux images almodovariennes...
Le cahier final est une série de textes justifiant, analysant, perçant le secret du cinéma d'Almodovar. Avec un tel ouvrage, à défaut de tout savoir sur Pedro, sans avoir parler une seconde avec lui, le lecteur peut s'arroger le droit d'être bien éduqué sur la question, et de se laisser aller à cette loi du désir : voir ses films avec un autre oeil.
- vincy    


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