LOUIS DE FUNES

IL ÉTAIT UNE FOIS SERGIO LEONE




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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Novembre 2006

GABIN, LE CINEMA, LE PEUPLE
La force tranquille

« Gabin, le cinéma, le peuple » Ciné Roman
Bernard Sichère
Marin Sell Editeurs 2006

L’auteur introduit son livre par un postulat : il ne veut pas raconter la vie privée de Gabin. C’est l’Homme de Cinéma qui sera le propos essentiel de son thème. Sichère va donc disséquer les grands fils de l’acteur pour en rechercher comme une continuité dans les rôles successifs de Gabin. Cette continuité peut, en fait, se retrouver dans les films des années 1930, et ceci quel que soit le réalisateur (Tourneur, Duvivier, Allégret, Renoir, Grémillon et Carné). En effet, trois thèmes surgissent : Gabin et les femmes (fatales, perverses ou trop gentilles), Gabin et l’amitié des hommes (souvent prolétaires, comme lui, aristocrates ou très dévoués) et enfin Gabin et « la marche fatale » vers un sombre destin, ou une fin sans retour. Mais, quelques soient les circonstances, il incarnera « le beau mec qui marche droit ».
La carrière de Gabin reprend après la guerre, mais l’homme, à la quarantaine passée, a-t’il su garder son charisme ? Selon Sichère, « le jeune premier romantique » et « le jeune prolétaire » sont toujours son fonds de commerce (si l’on ose dire). Aussi l’auteur se demande au travers de 4 films (La Marie du Port, French Cancan, Le sang à la tête, En cas de malheur) si les relations de Gabin avec les femmes sont empruntes d’amour. Puis au travers de 3 films des années 55-60 (Gas Oil, Les Misérables, Le Président) Sichère recherche le lien avec le « peuple ». Le titre du Chapitre traduit en fait à lui seul la pensée de l’auteur. « L’anarchisme et le peuple sans le peuple ». [Sichère note dans ce chapitre que le cinéma français n’est guère capable de raconter et d’affronter l’histoire de France (Guerre 39-45, Mai 68, Algérie). Mails il oublie les « Croix de Bois » et « Avoir 20 ans dans les Aurès », par exemple. Et il ne pouvait pas connaître « Indigènes »].
Le dernier grand volet, qui se retrouve en fait sous différentes formes dans la carrière de Gabin, est le film noir. Avec Touchez pas au Grisbi et Razzia sur la Chnouf jusqu’au Clan des Siciliens, on retrouve un Gabin ayant su s’adapter à son âge et à son temps. Mais, même côté gangster, tous les réalisateurs ont su garder de lui, ce que Sichère appelle « l’homme de droit », dont les relations avec les femmes sont toujours aussi complexes. Ce passage du temps est illustré par Un Singe en Hiver (1962) et Le Chat (1971), deux films (avec un nom d’animal) illustrant l’un, le futur (peut-être le fils) avec Belmondo, et l’autre le passé avec Signoret.
Evidemment, il est difficile, au travers des 70 films tournés par Gabin, de disséquer l’ensemble de sa carrière. On peut toujours regretter que l’auteur n’ait pas analysé Gabin-Maigret, par exemple. Mais, même si dans certains chapitres le philosophe l’emporte sur le narrateur, le livre permet de bien comprendre le Gabin-Cinéma, qui, quelque soit le réalisateur, fut un immense acteur.

PS : Dans tout livre il y a souvent une coquille, un « cuir », ou un « lapsus révélateur ». Ainsi p. 213, la musique d’ Un Flic est interprétée à la trompette par Georges Jouvet (sic) et non Jouvin.

- Harry Stote    


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