LOUIS DE FUNES

IL ÉTAIT UNE FOIS SERGIO LEONE




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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Septembre 2013

FAUX Q MÈNE LE JEU
Sur le grand échiquier de la presse française, un magazine fait cavalier seul : Faux Q est de retour avec son format classieux, son style flamboyant et sa vivacité de ton, pour un numéro "Automne-hiver 2013" qui joue la carte du jeu dans tous ses états. Comme toujours à la confluence de tous les arts, ce splendide pavé d’humour et d’intelligence sur papier glacé explore tous les chemins de traverse ludiques : fictions, réflexions philosophiques, interviews, essais…

Comme dans un jeu de l’oie de luxe, chaque page est un petit univers en soi : l’ironie douce-amère d’un portrait d’actrice sur le retour dans Fin de partie, la découverte d’un Marcel Duchamp sentimental dans Dada, la vision grinçante d’une multinationale cynique dans Hors-jeu, une analyse mathématique de Dante dans Des chiffres et des lettres

On y croise en vrac les Dieux du stade et Super Mario, Barbie et Charlie (d’Où est Charlie ?), un chat perché, un chien dans un jeu de quilles, et même quelques dragons. Les actrices Jeanne Balibar, Carole Laure, Hélène Fillières et Aurore Clément s’y adonnent au jeu de rôle en compagnie d’Ingrid Bergman, de Cate Blanchett ou encore de Faye Dunaway. L’artiste Martial Lorcet élève "pierre-feuille-ciseaux" au rang d’art avec ses drôles de cartes postales qui témoignent de la folie du monde. Et l’architecte d’intérieur India Mahdavi dévoile la diagonale du fou dans une interview qui mêle le je au jeu.

Et puis il y a les illustrations, tantôt élégantes, tantôt troublantes, et parfois en forme de rébus complices. Ainsi la série Play immobile, qui transforme des mannequins de chair et de sang en ces indémodables petits bonhommes de plastique qui ont peuplé l’enfance de bien des lecteurs. Il faut les voir, figés dans des poses inexpressives au milieu de décors ultra colorés, comme autant d’instantanés d’une humanité formatée et faussement joyeuse. La série Où est Charlie ?, elle, investit de grands lieux parisiens et les change en tableaux hyper composés fourmillants de détails et de personnages. Quant à Lollipop, elle se moque des photos de mode en brouillant la frontière entre modèles et poupées plus ou moins démembrées.

Mais dans ce labyrinthe onirique et sensible, l’image qui remporte la palme de la fascination est cette œuvre de Maria Rubinke où une fillette toute blanche tient un grand couteau au-dessus de sa jambe découpée en rondelles écarlates. Joue-t-on encore ? Face à elle, on a le net sentiment d’un passage de relais, destiné à faire réagir le lecteur et à l’interpeller : "maintenant, c'est à toi de jouer !"

- MpM