Toutes les guerres ont eu leur film. Mais quelques unes, les plus récentes, les plus mondiales, les plus atroces, ont eu le droit à une sorte d'anthologie.
La Grande Guerre est de ces guerres cinégéniques. Pour trois raisons essentiellement. D'abord, le cinéma naissait quand le conflit explosa. Ce fut un sujet grandeur nature à filmer, et donc la constitution des premiers studios et des premiers fonds d'archives. Ensuite, il fallut faire des films de propagande pour le deuxième opus, 39-45. Et quoi de mieux qu'utiliser la première guerre comme motif à la défense de nos libertés. Enfin, de par ses guerres annexes (la Révolution d'Octobre en Russie, le Génocide arménien en Turquie, les Colonies qui s'émancipent), la Grande Guerre a pu être un énorme réservoir à idées. Cette guerre, contrairement à la suivante, n'était pas une bataille contre des idéologies. Elle signait la fin d'une époque, et le début d'une nouvelle ère, avec deux colosses, les Etats Unis et la Russie, qui s'éveillent. Elle fut avant tout un massacre humaine, dramatique dans sa durée et pour les nerfs; cette première guerre moderne, avec des avions, eut, en revanche, de nombreux défauts ultérieurement contestés. C'est une des rares guerres, avec celle du Vietnam, où le cinéma eût le rôle de critique.
On est loin du traitement de la Guerre d'Algérie par le cinéma français, par exemple.
La Grande Guerre est donc vécue comme un traumatisme, avec ses brancards, ses infirmières, ses handicapés. Elle n'évoque en rien les mêmes images que sa suivante. Moins prolifique en films, le conflit 14-18 a donné une variété d'oeuvres impressionnante. De DW Griffith en 1918 à La Chambre des Officiers en 2001, en passant par Les sentiers de la Gloire et La Grande Illusion ou encore, plus récemment, Un long dimanche de fiançailles...

Vincy