Dossiers de l'écran

Une star c'est d'abord américain... 80% part de marché du cinéma mondial, ça explique le trust des stars américaines dans ce Top 51.
Très peu de films hors-hollywood arrivent à séduire un public mondial, alors il est beaucoup plus facile à un Tom Cruise d'être au top comparé à un Gérard Depardieu.
Le haut de la liste est donc squatté par les grands noms du cinéma mondial: que des hommes, et essentiellement des hommes d'action.
Exceptions, Tom Hanks et John Travolta (Forrest Gump vs. Pulp Fiction) qui sont avant tout des stars de comédies ou de drames.
Si vous êtes producteur, et que vous avez dans votre casting un de ces 6 noms, le chèque du studio est prêt.
Tous ont connu une décennie variable, avec des hauts et des bas. Ils sont tous producteurs ou très fortement associés à la production. Ils ont tous eu au moins deux blockbusters ces 5 dernières années à leur compte.
Les vieux à l'honneur... La carrière, la longvité comme le prestige, jouent toujours en faveur des plus grands. A condition de savoir se renouveller.
Ford en est le meilleur exemple, après 20 ans en tête du Box Office. Malgré des échecs (essais dans la comédie romantique peu concluants) et une seule nomination à l'Oscar, il fait figure de vétéran, de modèle. Une sorte de John Wayne.
Clint Eastwood, de par son talent, reconnu à travers le monde, comme réalisateur, ou grâce à des choix très risqués en tant qu'acteur (il n'hésite pas à valoriser son âge) a réussi un parcours ascendant, qui comme le vin se bonnifie avec le temps.
Sean Connery touche à tous les genres. mais son aura (une légende vivante, due à ses interprétations mythiques) lui permet en cas de hit (comme le film très explosif The Rock) de toucher le gros lot, et de redevenir très hot, quelques soient les générations, à 66 ans.
Redford, Hoffman, Pacino ou Hopkins bénéficient eux aussi de films cultes et populaires, permettant à des producteurs d'estampiller une sorte de label qualité sur les projets dont ils font partie. Leurs oscars et leurs engagements artistiques (Festivals, Théatre, Cinéma indépendant) les rendent facilement chouchous des critiques.
Les jeunes trop timides ou pas assez téméraires... Parmi les nombreux nouveaux visages qui sont apparus ces dernières années, peu ont réussi à percer ou mieux à maintenir leurs positions.
Le parcours sans faute, et sans doute celui qui a pris à la fois des risques tout en contrôlant très bien son orbite, c'est Brad Pitt. Second-rôle ou voleur de scènes, il réussi toujours à imposer sa présence. Il est devenu rapidement l'acteur le plus populaire chez les femmes, mais aussi chez les hommes.
Avec encore un ou deux hits il se retrouverait propulsé dans la liste A+.
Jim Carrey semble avoir atteint son apogée, avec des films limitant ses capacités à explorer de nouveaux styles. A défaut de lasser (pour l'instant), il s'enferme dans un genre, la comédie. C'est aussi le cas de Robin Williams, qui n'arrive pas depuis Dead Poets Society à sortir du rayon comédie en terme de succès.
Il y a bien sûr le couple de Speed, Sandra Bullock et Keanu Reeves. La première a eu un gros hit puis de très mauvais films, d'où une côte à la baisse. Le second a préféré chercher des rôles difficiles, mettant sa carrière en péril, notamment en refusant Speed 2.
Dans les deux cas ils ont besoin de prouver qu'ils ne sont pas des teen-stars à l'instar de Chris O'Donnell ou Christian Slater...
Dans les espoirs, on compte aussi sur la versatile et brillante Winona Ryder. Comme Leonardo DiCaprio, elle enchaîne les petits films indépendants, les projets ambitieux, et les grosses productions hollywoodiennes, avec plus ou moins de chance.
Enfin toujours dans la liste, Johnny Depp qui, volontairement, reste en marge, tout en gardant sa popularité intacte, notamment hors-USA
Les femmes à la casse... Dure année pour les actrices. Pourtant tout le monde l'a affirmé, 96 a été l'année de la femme. Tout juste si la catégorie de la Meilleure actrice n'allait pas doubler en taille.
Mais voilà, parmi ces actrices récompensées, aucune n'appartenait au club très fermé et très mysogine des Stars.
Pire elles enregistrent de lourdes pertes au pointage ( moins 17 pour Demi Moore, moins 12 pour Sharon Stone, etc...). Des actrices attirantes, mais des mauvais choix de films. Et des scripts épouvantables.
Les femmes sont catalysées dans leur registre, et se font assassinées dès qu'elles en sortent. Ainsi Julia Roberts qui a manqué son virage dramatique, ou Michelle Pfeiffer qui n'a pas convaincu en vedette romantique.
Il semblerait que l'image de Meg Ryan palisse...Du coup Julia retrouve son côté pretty Woman, tandis que Meg tente de devenir une héroïne psycho.
Les femmes doivent lutter pour se faire leur place. Les producteurs ont du mal à comprendre pourquoi elles veulent produire, contrôler, et diriger, alors que de nombreux exemples (Bette Midler, Barbra Streisand) prouvent que cette voie conduit une carrière au suicide.
Mais ont-elles le choix? Un studio est toujours prêt à payer 20 millions pour Tom, à rajouter 20 millions si Arnold dit oui, mais rarement 12 millions si Julia dit oui. Car il n'y a pas que la différence de salaires, l'injustice des scripts purement machistes, ou totalement niais, il y aussi le fait que les actrices ne sont pas un choix prioritaire pour un producteur.
Etre star c'est avant tout être mâle. Effet étrange de cette logique, Hollywood en vient à chercher des comédiennes très talentueuses, peu connues, et pas chères pour tenir tête aux grosses vedettes masculines: Julia Ormond (Ford), Renée Zellweger (Cruise) ou Robin Wright (Hanks) peuvent en témoigner.
Enfin à l'opposé de la liste, aux antipodes de Tom Cruise, il faut noter l'émergence de l'australienne Nicole Kidman, qui tente d'alterner les films indépendants avec les mégabudgets de studios. Elle a compris que la viabilité d'une carrière passait autant par un Oscar que par le Box Office,
Les étrangers bienvenus... Une Australienne, un Hong-kongais, quelques Britanniques, un Belge, un Espagnol. L'arrivée des stars étrangères est un phénomène récent à Hollywood.
Et de bon augure pour le marché mondial. Il est expliqué par deux raisons très simples. la première est l'ambition désormais affichée de certaines vedettes de vouloir faire carrière à Hollywood. Ce qui était avant un rêve ou une folie, est devenue une étape obligatoire sur un CV.
Et surtout l'internationalisation du cinéma a conduit les producteurs à engager des noms "locaux" pour s'assurer un succès hors USA.
Aujourd'hui les films américains font plus de 55% de leurs recettes hors Etats Unis. Antonio Banderas ou Daniel Day-Lewis ont explosé grâce à des productions made in Hollywood, mais cartonnant à l'étranger.
Les acteurs devront de plus en plus jouer sur tous les fronts pour assurer leur présence, et maintenir leur cote. C'est assez facile pour des musclés comme Van Damme ou Stallone (qui fait 80% de son B.O. hors USA).
Ça l'est moins pour des stars purement américaines comme George Clooney qui aura besoin d'un peu plus qu'une série TV et une BD en série pour séduire la planète.
Il reste des exceptions, ceux qui par leur talent, ou leur culture, connaissent de plus belles carrières en dehors de l'Amérique: Robert De Niro, Woody Allen, Richard Gere... L'international c'est l'avenir.
Discri
mination...
Les minorités sont assurément les perdants de cette liste de puissants. Jackie Chan est le seul asiatique, Antonio Banderas le seul hispanique.
Il existe deux Canadiens (Reeves, Carrey), un immigré autrichien (Schwarzzy) et 3 noirs...
Denzel Washington, le Sidney Poitier des 90s, est sans doute l'un des acteurs les plus intéressants à l'heure actuelle. Il est pourtant très loin dans la liste, juste devant l'ex-roi Eddie Murphy qui a gaché son potentiel (le premier noir sur la Liste A+) avec quelques bides.
Whitney Houston, en fort déclin, profite de sa carrière de chanteuse, après 3 films (dont un flop).
Pas de doute Hollywood continue d'être discriminatoire...Van Damme oui, Snipes, out.
Elle a tout compris... Pas un seul film en deux ans, une seule présence aux oscars dans l'année, un film très attendu, et une cote rarement atteinte...elle a un tel fan-club que tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est une des rares actrices cultes.
Jodie Foster est au top des stars féminines, depuis 3 ans.
Pourquoi? Son intelligence (elle est réputée l'être, diplômée à Yale, etc...), ses casquettes (productrice-réalisatrice-actrice) la rendent multi-facettes. Et puis surtout sa popularité s'est acquise grâce à ses films.
Sans jouer les stars, cette femme dans la trentaine, et presqu'autant de métier, a joué dans des films récompensés et adulés (Taxi Driver, Le silence des agneaux) comme dans des gros hits (Maverick, Bugsy Malone). Sur son seul nom, elle vend des petits films aux sujets ambitieux, dans le monde entier.
2 oscars à son actif (la seule de sa génération, et la seule avec Meryl Streep en 30 ans), elle cumule les avantages pour être la chérie du public (peu avare en interviews pour lancer un film) et des professionnels (perfectionniste et très conscienscieuse y compris pour la promotion).
Enfin elle a l'énorme avantage d'être totalement bilingue, et ainsi de soudoyer le marché cinéphilique le plus difficile...la France.

Le Top 50 1997 - Le Top 50 1998

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