DES FEMMES ET DES IMAGES

Depuis les années 70, les réalisatrices tiennent une place de plus en plus importante dans le 7ème art. Ces dix dernières années, en France, on assiste à l'explosion d'une jeune génération de réalisatrices. Dans le domaine de la fiction comme du documentaire, les femmes cinéastes et vidéastes sont de plus en plus reconnues. La profession, la critique, le public, le monde de la recherche leur portent une attention grandissante. Leurs ¦uvres, souvent leurs premières d'ailleurs, se voient récompensées au palmarès de nombreux festivals thématiques et généralistes.

Aujourd'hui en France, qu'ils soient salués ou critiqués, les films de femmes font de plus en plus événement. Engagements politiques, représentation de malaises sociaux ; images de la femme, de son corps, représentations oppressantes ou libératrices de sa sexualité, de sa vie amoureuse, familiale ; images de l'enfance, de l'adolescence et, bien sûr, représentations de l'organisation sociale et des rapports entre hommes et femmes... Les réalisatrices ont conquis le grand écran par des thématiques fortes en charges affectives, quelquefois tabous et donc très remarquées. Qu'il fascine ou dérange, leur cinéma fait couler beaucoup d'encre. En quoi les films de femmes sont-ils ainsi différents ? Font-ils partie d'un autre cinéma, d'un cinéma parallèle ou divergent ? On parle de " cinéma féminin " ; quelquefois de féminisme et de militantisme : cette classification, quasi-systématique, n'est-elle pas le simple fait de l'irruption tardive d'un regard féminin, derrière la caméra. D'une prise de parole, pourtant annoncé par les mutations sociales, mais qui toujours et encore continue de surprendre.

FEMININ, PURIEL

Du film d'auteur à la production grand public, que leurs budgets soient restreints ou importants, les réalisatrices s'expriment aujourd'hui à travers de tous les genres cinématographiques. 30 années sont passées depuis leur percée dans le PAF, par le biais de cinéma militant. Aujourd'hui, chaque réalisatrice possède son propre langage, son propre style et ses univers de prédilection. De la comédie, au drame en passant par l'¦uvre historique, le fantastique, le film militant, la chronique sexuelle, le portrait social, et même la pornographie, le cinéma des réalisatrices s'attaquent à tous les genres cinématographiques. Pluralité et singularités individuelles sont ici les maîtres mots. Panorama sélectif mais représentatif de toute cette richesse : Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, Les Créatures, Sans Toit ni Loi), Nelly Kaplan (La fiancée du pirate , Plaisir d'amour), Nicole Garcia (Le fils préféré, Place Vendôme, L'adversaire), Claire Denis (J'ai pas sommeil, Nénette et Boni, Trouble Every Day), Coline Serreau (Trois hommes et un couffin, La Crise, Chaos), Tonie Marshall (Pentimento, Enfant de Salaud, Vénus Beauté Institut), Jeanne Labrune, (De sable et de sang, Si je t'aime... prends garde à toi, C'est le bouquet !), Catherine Breillat (Parfait amour !, Romance, Sex is Comédie), Laetitia Masson (A vendre, En avoir ou pas, Love me, La Repentie), Danièle Thompson (La Bûche, Décalage horaire), Catherine Corsini (La Nouvelle Eve, La répétition), Laurence Ferreira Barbosa (J'ai horreur de l'amour, La Vie Moderne), Virginie Despentes et Coralie Trin-Thi (Baise-moi), Pascale Ferran (Petits arrangements avec les morts, L'âge des possibles), Hélène Angel (Peau d'homme, coeur de bête, Mercenaires), Sandrine Veysset (Y'aura-t-il de la neige à Noël ?, MarthaŠ Martha), Anne Fontaine (Nettoyage à Sec, Comment j'ai tué mon père), Marion Vernoux (Love etc, Reines d'un jour), Dominique Cabrera (Nadia et les hipopotames, Le lait de la tendresse humaine, Folle embellie), Agnès Jaoui (Le goût des autres), Delphine Gleize (Sale battars, Carnages) Noémie Lvovsky (La vie ne me fait pas peur, Les sentiments), Charlotte Silvera (Prisonnières, C'est la tangente que je préfère, Les filles personne s'en méfie), Solveig Anspach (Hauts les coeurs, Made in the USA).

Une étonnante diversité de genres, langages et propos, donc. Ces quelques exemples nous montrent à quel point les films de femmes ne sont, en rien, figés dans un mouvement, une école ou un genre à part. Une pluralité de dynamiques anime ainsi le cinéma des réalisatrices : de l'exploration à la démonstration, du simple portrait social au discours dénonciateur, de la légèreté à la gravité, chaque femme cinéaste nous propose une vision singulière. Chacune d'entre elles participe à l'histoire du cinéma, dans toute sa diversité, mais aussi, souvent, à l'évolution, au renouveau de sa propre filmographie.

Pourtant, les films de femmes ont une particularité, qui tient justement dans ce regard, au féminin. Une quête, un discours, un regard féminins, donc nouveau, hier (et aujourd'hui encore dans les cinématographies non-occidentales, et celles des minorités, en occident même). Féminins, donc insidieusement ou directement attachés à l'univers de la femme dans chacune de ses dimensions. Féminins, et ainsi perçus à travers tout un panel d'affects, lié aux traditions, aux rôles de la femme, à sa place et ses désirs, sur un plan personnel et collectif. Le cinéma des réalisatrices plébiscite certaines thématiques, telles que la réalité sociale, la famille ou encore la sexualité : ces thèmes récurrents ont été et restent le meilleur moyen, pour elles, de se réapproprier leur image et d'affirmer ainsi leur véritable identité.

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    Dossier rédigé par: Sabrina, Laurence, Arnaud & Vincy - Coordination & réalisation: PETSSSsss
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