Conception dossier: PETSSSsss
 Rédaction: Arnaud - Sabrina
 © Ecran Noir 1996-2005

RETROSPECTIVE "LA PEUR VENUE DE L'ESPACE, 50 ANS D'INVASION"

a ponctualité des genres du cinéma américain, de ses résurgences à ses interruptions, étant esclave de son histoire et son actualité, autant commencer par la genèse du film d’invasion martienne. En 1947, le pilote Kenneth Arnold, en mission de vol, témoigne par radio de l’apparition d’étranges disques l’accompagnant tels des dauphins un navire. Le terme de « flying saucers / Soucoupes volantes » fait dès le lendemain son entrée dans le langage courant via les unes de la presse britannique et dans l’imagination des cadres de Hollywood. Dans la décennie des fiveties, la déferlante de films d’invasion extra-terrestre au sein des drive-in devient dès lors proportionnelle aux soit-disant apparitions d’engins dans le ciel du Texas, de Roswell à Corona.

Nous sommes en pleine guerre froide, et plus que jamais, Mars est la Planète Rouge. Débarquant sur Terre, mais plus particulièrement sur Washington et le Pentagone, ses tas de créatures belliqueuses et très certainement communistes.

L’iconographie des couvertures de pulps et de la bande dessinée donne le la et les pires E.T en caoutchouc revêtent leur parure pour un défilé dont The Thing de Hawks (signé par son monteur Christian Niby) prend la tête dès 1951. Celui-ci est une plante et venait sans doute se venger de nos actuelles et prémonitoires désordonnances atmosphériques. Porte ouverte au tout et au n’importe quoi dans laquelle chacun s’immisce. On retiendra dans la veine de The Thing ( dont John Carpenter signera un remake très différent en 1982) et ses avertissements politique-écologiques le formidable Le jour où la terre s’arrêta de Robert Wise dans lequel un gars comme nous et son robot débarquent sur la pelouse de la Maison Blanche pour nous dire : « Vous là, il serait peut-être bien que vous vous arrêtiez avec vôtre bombe atomique parce qu’on en a une meilleure et qu’on va se facher ! ». Comme trente ans plus tard les E.T amphibies du « Abyss » de James Cameron. Menace écolo qu’accompliront les sbires de The Beath with millions eyes en 1956 en faisant se retourner contre le genre humain tous les bestiaux inventoriés sur nos sols. Et que tue les envahisseurs de La guerre des mondes ? Nos microbes ! (Dans Les soucoupes volantes attaquent de Fred F.Sears en 1956, ce seront des ultra-sons). Un seul y trouvera son avantage : le robot de trente mètres de haut dans Kronos (1957) qui parcoure la Californie en dévorant sur son passage toutes les stations à essence !
Mais c’est bien connu : le « coco » est fourbe. Virez-le par le vide et il revient par le hublot. Dans le fameux et très politique L’invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel en 1956, une cosse est posée à vos côtés durant votre sommeil et vous vous réveillez Alien. Deux remakes, quelques décennies plus tard, l’un de Phillip Fauffman et de cet incontournable et génial « sale gauchiste » Abel Ferrara, ne changeront rien à l’affaire : ils sont parmis nous ! Et entre temps Carpenter lui a donné le change avec son paranoïaque Invasion Los Angeles où ce n’est ni plus ni moins qu’une paire de lunettes de soleil ( Californie, Soleil et frime obligent) qui dévoilent les messages de pubs subversives en même temps que la tronche de cake (un méchant E.T) du président des States.

Du coup l’Angleterre se réveille. Pourquoi rien n’atterrit chez nous ; ils aiment pas le pudding ? Le très théâtral Devil Girls from Mars, dans lequel la sculpturale Patricia Laffan annonce être venue chercher un nouveau fluide mâle sur la Terre pour renouveller la famille, donne le ton génétique et générique (Ce à quoi répondra en 67 un navet américain magistral intitulé Mars need Girls !!!). Car dans Le village des damnés de Wolf Rilla en 1960, se sont littéralement des petites têtes blondes d’une même génération qui s’avèrent au final être la progéniture destructrice d’une race extra-terrestre (et dont une nouvelle fois Carpenter signera un remake)…

Etrangement, la paix semble revenir sur Terre pendant une décennie et demi avant qu’un jeunot émet l’hypothèse que le petit gris soit gentil. Le dyptique Rencontre du 3 ème type (1976) et ET (1982) de Spielberg nous invite à lever les yeux béatement vers le ciel dans l’espoir « qu’ils arrivent »… Et (tous en chœur) John Carpenter ira même imaginer un touche pipi entre une terrienne et un homme dans l’espace dans son très mignon Starman.
Dès lors, à partir des années 80 jusqu’à nos jours, l’apogée des effets spéciaux aidant ainsi que l’avènement du blockbuster, les vagues de soucoupes n’en peuvent plus d’envahir régulièrement les écrans, de La mutante à X-Tro, de L’invasion vient de Mars de Tobe Hooper à l’Independance Day de Rolant Emmerich et son versus parodique, l’hilarant Mars Attacks de Burton.
En signant aujourd’hui La Guerre de mondes en retournant casaque et les millions de dollars qu’il va engranger, il est fort à parier que Spielberg est loin d’avoir écarté le danger…

Arnaud