Conception dossier: PETSSSsss
 Rédaction: Arnaud - Sabrina
 © Ecran Noir 1996-2005

ORSON WELLES, TERRORISTE DES ONDES

n 1938, à 23 ans, un jeune prétentieux du nom d’Orson Welles, parvient à concurrencer sur les ondes de CBS la fameuse émission du ventriloque et de sa marionnette Charlie McCarthy. Lui et sa petite troupe du Mercury Théâtre adaptent depuis quelques temps de grands classiques de la littérature au format radio, tels que « Dracula » ou « L’île au trésor ».
En cette fin d’octobre, c’est la fête d’Halloween et on susurre que le petit génie est en perte de vitesse. Il décide dès lors de frapper un grand coup. L’adaptation de la « Guerre des mondes » de son homonyme H.G Wells.
Comme il ne fait jamais rien comme les autres, il décide d’en faire un programme d’information interrompant sans cesse un show musical des plus ringards. Dès lors, peu après avoir annoncé le programme « majestueux » de la soirée dansante orchestrée par Ramon Raquello (sic) et son orchestre insoutenable, un présentateur interrompt le bal en annonçant avoir reçu une dépêche d’Intercontinental Radio News ; une énorme météorite s’est écrasée sur la Terre sans commettre de dégats. Tout le monde s’en fout et la musique recommence. A se pendre… Sauf que cinq minutes plus tard, c’est un soit-disant reporter, Carl Phillips, qui prend la parole. Il est en face de la chose et… Non ,non, ce n’est pas une météorite mais plutôt un engin spatial !
Et c’est reparti pour de la valse pendant un temps interminable tandis que l’auditeur sort déjà son fusil.
Welles joue ainsi avec le red-neck pendant une demi-heure avant que le fameux Carl Phillips déclare la voix hoquetante :
« Mesdames et messieurs C’est la chose la terrifiante dont j’ai été le témoin… attendez une minute, il y a quelques chose qui rampe. Quelqu’un ou… quelque chose. Je vois sortir de ce trou noir deux disques lumineux, ils scrutent l’obscurité… Est-ce des yeux ? C’est peut-être bien un visage. Ca pourrait être… Bon Dieu ! il y a quelques chose qui sort de l’ombre et qui gigote comme un serpent gris. Là, Il y en a un autre, et un autre, et un autre encore. On dirait des tentacules. Ah j’arrive à voir le corps de la chose. C’est grand comme un ours et ça brille comme du cuir mouillé. Mais ce visage. Ca… Mesdames et messieurs, c’est indescriptible. J’ai toutes les peines du monde à continuer de regarder ça, tellement c’est abominable. Ses yeux sont noirs et luisent comme ceux d’un serpent. La bouche est plus ou moins en V, de la salive s’écoule de ce qui pourrait être des lèvres qui semblent agitées de tremblements et de palpitations ».

Et dire que Ben Laden n’était pas encore né…
Mais il n’en faut pas plus pour créer la panique.
Résultat : une masse de fausse couches, de jambes cassées, d’exodes sur les routes et un mari qui a empêché sa femme à temps d’avaler du poison. Welles apprend le lendemain dans le Times qu'il est l’auteur d’un canular et reçoit un tas de plaintes qui se traduisent par 200.000 dollars de l’époque en dommages et interêts. Il fait amende honorable (en traitant en sous-texte les auditeurs d’imbéciles) et fait semblant de jeter l’éponge alors que les plus malins subodorent le coup publicitaire. Que ce soit vrai ou non Hollywood l’a repéré et lui donne carte blanche. Il déclare avec déjà sa jeune irrévérence :l « C’est le plus beau train électrique qu’on m’ait offert." La suite appartient à sa légende.
Et à la nôtre.

Arnaud