Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Après la folie cannoise (deux journées entières à enchaîner les interviews), Matthias Luthardt, jeune réalisateur allemand, et Sebastian Urzendowsky, son interprète principal, apprécient le calme relatif de leur séjour parisien pour assurer la promotion de Ping Pong, le premier long métrage de Matthias. Ce dernier, qui semble encore un peu étonné qu'on s'intéresse à son travail, s'enthousiasme pour Paris et ses magasins regorgeant de dvd (il a notamment fait une razzia sur les coffrets Joseph Losey). Sebastian, lui, ne cache pas son attirance pour le cinéma et surtout les réalisateurs français… Comprenne qui pourra, il maîtrise parfaitement notre langue. Et c'est d'ailleurs dans un français impeccable que se déroule cette conversation à bâtons rompus autour du cinéma, des petits tournages et du travail d'acteur.
Ecran Noir : Comment avez-vous abordé le tournage de PingPong, qui est votre premier long métrage. Qu'est-ce qui a été le plus difficile ?

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Matthias Luthardt : Le plus difficile, c'est le financement… mais ça, c'était le problème du producteur. Sur le tournage, on a été gêné par le bruit de travaux qui avaient lieu aux alentours alors que je voulais donner l'image d'un monde apparemment idyllique, silencieux et isolé… Même chose pour le temps, on aurait voulu plus de soleil. Mais au final, on s'est adapté. Avant de commencer, je ne savais pas comment ce serait. Je me demandais si j'allais faire une crise de nerfs… Et finalement tout le monde m'a soutenu et fait confiance.

EN : Le tournage a été très court (23 jours). Cela a-t-il influé sur le rendu final du film ?

ML : Il a fallu supprimer une ou deux scènes et simplifier certains éléments de mise en scène afin de gagner du temps. Ca m'a forcé à me demander ce qui est vraiment important pour la narration, ce qu'il faut absolument montrer et ce qu'on peut juste imaginer… Au fond, ces contraintes ont fait du bien au film.

EN : Qu'est-ce qui a présidé au choix de Sebastian Urzendowsky dans le rôle de Paul ?

ML : Je l'ai vu dans des films allemands, puis on me l'a recommandé. Je le trouvais trop vieux pour le rôle, mais physiquement il fait plus jeune que son âge. Ce qui compte, c'est d'être crédible. Nous avons fait une improvisation qui a achevé de me convaincre que c'était lui le bon.

EN : Comment avez-vous travaillé ensemble ?

ML : Nous avons fait plusieurs improvisations autour de scènes déjà écrites car je trouve que c'est la meilleure préparation pour entrer dans un rôle. On a également fait des lectures ensemble et discuté des différentes scènes. Je tiens à ce que les acteurs soient intégrés. Pour cela, il ne faut pas d'incertitudes. Au moment du tournage, on fait peu de répétitions, à part pour le son et le placement de la caméra. Les acteurs peuvent bouger comme ils le veulent, on trouve les mouvements ensemble. La caméra doit s'adapter aux acteurs et non l'inverse.

Sebastian Urzendowsky : Matthias était très ouvert. C'est lui qui a une vision de l'ensemble mais si ce que l'on propose lui plaît, il l'accepte et éventuellement il l'oriente.

EN : L'équipe était réduite et le tournage extrêmement court. Cela a-t-il créé une ambiance particulière sur le plateau ?

SU : J'ai l'habitude de travailler pour des films à petits budgets car il y a peu de films à gros budgets en Allemagne. C'est sûr que c'est plus fléxible. On tire une certaine force de ces conditions de travail. Personnellement, c'est sur ce genre de tournages que je me sens le mieux. On s'entend plus vite avec une petite équipe qu'avec une grande.

ML : Pour moi, c'était une grande équipe car dans le documentaire [avant de passer à la fiction, il a notamment réalisé le documentaire Menschen brauchen hobbies] on est maximum deux ou trois, voire tout seul. Là, nous étions une vingtaine !!! Alors j'ai essayé d'oublier que toutes les responsabilités reposaient sur moi… On vivait près de la villa du film, nous sommes restés tous ensemble pendant presque cinq semaines. Ca a contribué à créer cette ambiance familiale.
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