Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Rohena Gera







 (c) Ecran Noir 96 - 24



Nuri Bilge Ceylan est un habitué du Festival de Cannes dont il ne revient jamais bredouille. Grand Prix du jury et prix d’interprétation en 2003 pour Uzak, Prix de la Fipresci en 2006 avec Les Climats et enfin Prix de la mise en scène en 2008 pour Les trois singes, le cinéaste turc est probablement l’un des plus constants de ces dernières années. Quoique scénaristiquement minimaliste et par trop symbolique, son cinéma à l’esthétisme envoûtant tranche singulièrement dans le paysage cinématographique contemporain. Dans son gros pull over, il nous parle dans un chaleureux hôtel de Saint-Germain des Prés tandis que le froid glacial de l’hiver transperce déjà les os.
EN : La nature a une forte présence dans vos œuvres, elle influence même els comportements, comme chez Zweig.

NBC : Les événements naturels climatiques jouent de nombreux rôles dans ma vie. Par exemple, s’il y a un vent violent dans la rue, cela me fait prendre conscience de la dimension cosmique de mon existence.

EN : Les objets ont aussi une certaine importance, comme ic le téléphone portable de la mère…

NBC : J’ai besoin de certains objets pour parler des états d’âme de certains personnages. Je ne peux pas l’expliquer. Ici la sonnerie du téléphone sert de révélateur à l’inconscient de cette femme.

EN : Les trois singes présente une société où tout peut s’acheter. Pourquoi souhaitiez-vous aborder ce sujet ?

NBC : Je voulais juste raconter une période de la vie de ces hommes. Cela ne veut pas dire que ça peut arriver tout le temps. C’est le déroulé des événements qui change tout. J’ai justement cherché à raconter comment cela change. Peut-être qu’avant, il ne s’était rien passé pendant 40 ans.

EN : En somme, vous croyez à une forme de fatalité ?

NBC : (Hésitant) Je ne sais pas… Peut-être, si vous le dites…

EN : Vos personnages, par exemple, ne luttent pas contre ce qui leur arrive…

NBC : Les gens ne changent pas les choses, les choses changent les gens. Pas toujours, cela dépend de votre point de vue. Le politicien qui a un accident ne se laisse pas aller. Il essaye de bousculer cette fatalité, de trouver une solution. Quand les gens sont forts, ont de l’autorité, ils essayent.

EN : Justement, vous montrez toujours des femmes qui n’agissent pas… Sont-elles faibles ?

NBC : Ca dépend de la situation du personnage et de sa personnalité. Quand vous n’avez pas la force de changer les événements, vous attendez que les événements vous frappent pour pouvoir changer de vie. Moi, par exemple, quand j’étais plus jeune, je voyageais beaucoup. J’espérais qu’il se passerait quelque chose qui changerait ma vie : tomber amoureux, ou autre chose.

EN : La Turquie semble aussi s’occidentaliser, au fil de vos films…

NBC : La Turquie change, assez rapidement. La globalisation a accéléré ce changement. Quand j’étais jeune, il n’y avait ni électricité ni même la télévision… Aujourd’hui c’est très différent. Il ya même Internet un peu partout.


   MpM, vincy

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