Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



Karim Aïnouz
Toni Servillo
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Rohena Gera







 (c) Ecran Noir 96 - 24



En lui confiant le rôle d’invitée d’honneur de sa 12e édition, le Festival des Scénaristes a eu le nez fin : Pascale Ferran adore parler de son travail et de comment s’élabore un scénario. Même si sa réponse préférée est "il n’y a pas de règles", la réalisatrice-scénariste césarisée pour Lady Chatterley a offert aux festivaliers berruyers des propos intelligibles et intelligents sur cette étape toujours un peu mystérieuse de la genèse d’un film. Entre transmission et partage, rencontre avec une passionnée passionnante.
Ecran Noir : Puisque vous êtes l’invitée d’honneur d’un festival entièrement consacré aux scénaristes, quel regard portez-vous sur cette profession ?

Le livre Bye Bye Bahia



Pascale Ferran : Le travail de scénariste n’est pas reconnu, son statut n’est pas enviable. C’est comme une double peine : non seulement il n’y a pas beaucoup d’argent pour eux, mais en plus ils n’ont pas de reconnaissance. Les deux aspects doivent être difficiles à vivre. Moi je suis toujours enchantée d’être choisie comme scénariste ! Mais pour ceux qui sont uniquement scénaristes, c’est dur de bien en vivre, il n’y a pas de filet de sécurité comme pour les réalisateurs. Ils n’ont même pas droit au statut d’intermittent. Du coup, parfois, certains très bons scénaristes passent du côté de la réalisation alors que ce n’était pas ce qu’ils envisageaient au départ !

EN : Comment expliquez-vous ce manque de reconnaissance?

PF : L’héritage culturel français est du côté de la mise en scène, c’est le cinéaste qui est officiellement l’auteur du film. En plus, il y a très peu de réflexion sur l’activité scénaristique : comment ça se travaille, comment ça s’écrit. Il y a très peu de livres, par exemple, sur le partage des pratiques. Tout cela se transmet donc très mal.

EN : Ici, à Bourges, vous avez l’occasion de combler ce vide. Que voudriez-vous transmettre aux jeunes scénaristes présents ?

PF : Je ne théorise pas ce que je vais transmettre, mais je voudrais être dans le partage de ce que j’ai expérimenté comme scénariste sur mes films et ceux des autres. Il n’y a pas de règle pour écrire un film, l’invention commence dès l’écriture. Pour moi, la méthode n’est pas la même selon les films. Je voudrais partager cette richesse d’expériences, cet éventail des méthodes possibles, plutôt que des règles à l’américaine. Bien sûr, de telles règles peuvent être des aides. Mais ce sont aussi des moules qui ne vont pas dans le sens d’une audace créative maximale.

EN : Vous aimez dire que, vous concernant, il n’y a justement pas de règles…

PF : Mais il n’y en a pas ! Les choses ne m’atteignent pas de la même façon selon les projets. Parfois, avant d’écrire, le récit est premier. Des fois, ce sont les personnages, des fois les thèmes abordés dans le film. Ou alors ce sont des situations. Certaines fois encore, c’est l’addition de deux ou trois images décisives qui peuvent très bien ne même pas se retrouver dans le film au final…Bien sûr, selon les cas, le travail n’est ensuite pas le même.

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