Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Elle est pimpante, pétillante, la jupe courte, assise en bouddha sur son sofa du Ritz. Goldie Hawn, Oscarisée il y a longtemps, a l’image de sa personnalité. Elle aime les pantalons en cuir et adore vous faire des compliments. La californienne typique ? Innocente en apparence, charmeuse jusqu’au bout, elle « optimistique » continuellement. La fantaisiste éternellement jeune d’Hollywood a tourné avec Spielberg, Ashby, Jewison, Allen, Zemeckis, Badham, Demme… Elle vient de recevoir une nomination aux Golden Globes pour sa prestation de bimbo à gros seins dans The Banger Sisters (Sex Fan des Sixties).
Ecran Noir : Quel était votre chanteur ou votre groupe de rock favori dans les années 60-70 ?





Goldie Hawn : J’aimais les… Rolling Stones !

EN : Il refont une tournée cette année…

GH : Oui tout à fait. Mais leurs tournées dans les années 70 étaient vraiment grandioses. C’est vraiment un grand groupe de rock. Si je ne devais en choisir qu’un, ce serait celui-là. Mais j’aime aussi les Moody Blues, Led Zeppelin, et aussi Jimmy Hendrix.

EN : Vous avez commencé votre filmographie dans les années 60. Comment Hollywood a changé depuis ce temps-là ? Notamment pour vous en tant qu’actrice ?

GH : Comme actrice prada outlet, il faut savoir que je ne me suis jamais sentie appartenir à ce système, pour plusieurs raisons. Je n’ai jamais voulu me mettre en concurrence pour des rôles. J’ai eu mes rôles parce qu’ils étaient écrits pour moi. Ou alors je les ai créés moi-même. Mais je n’ai jamais été la tête d’affiche féminine tel qu’on le définit aujourd’hui. Je n’ai jamais été « l’élue ». C’est pourquoi je me sens totalement à l’écart du système. Sachant cela, je ne peux pas dire que cela a changé beaucoup de choses pour moi. La chose la plus étrange en fait c’est que je continue de jouer.

Maintenant, ce que je trouve, c’est que l’industrie du cinéma est davantage névrosée à propos de ce qui doit faire de l’argent. Tout est piloté par l’argent. Ils sont plus déterminés à faire du fric. Ils sont obsédés par le premier week-end de sortie. Il y a quelques années cela n’avait pas d’importance ce premier week-end. Ce qui comptait c’était combien il a fait, mais sur une durée plus longue. D’ailleurs les films restaient à l’affiche plus longtemps. Maintenant il y a le câble, toutes ces chaînes de télé et puis cette pression qui pousse à « gagner » le week end. Mais ils ne parlent jamais de faire simplement un bon film ! Ils parlent de dépenser 50, 60, 70, 80 millions de $ pour faire un film. Les enjeux sont alors si grands…Vivre à Hollywood c’est subir une grosse pression.

EN : Vous dîtes que vous n’êtes pas une tête d’affiche. Mais n’avez-vous pas envie de développer un projet personnel comme Salma Hayek avec Frida ?

GH : Je l’ai écrit. C’est une femme qui a beaucoup de succès, dans le milieu de la pub, à New York. Elle pense qu’elle va bien. Mais ses affaires ne marchent pas si bien. Son secteur est sinistré. Elle a un fils de 19 ans qui n’a pas beaucoup de relation avec elle. Et elle découvre que son ex-mari qui est mort l’a mise sur son testament. Elle va aux funérailles malgré elle. Sa dernière volonté est qu’elle répande ses cendres là où ils se sont mariés, à Kathmandou (Népal, NDLR). Elle s’en va là bas mais perd les cendres … voilà l’histoire.

EN : Vous êtes prête à vous battre pour le financer ce film ?

GH : Oui, je le ferais, je suis prête pour ça.

EN : Vous êtes une spécialiste de la comédie. Est-ce un choix ou vous n’avez jamais eu l’occasion réellement de faire autre chose ?

GH : Vous savez, c’est une forme de destin. Je ne pense pas qu’on ait tant de choix dans la vie. On peut aider, viser, prospecter ou développer des projet différents. Parfois, vous arrivez et vous représentez quelque chose pour les gens et vous n’avez pas de choix. Bien sûr j’ai fait quelques drames mais ils n’ont pas cassé la baraque. Cela signifie que les gens ne voulaient pas me voir faire ça. Pour moi ce qui compte c’est les rendre heureux. Mes comédies leur plaisent. C’est un don ! Alors pourquoi vouloir enlever ce don ? Les drames sont plus faciles à faire. Mais mon souhait est d’être amusante, sincère, c’est de faire des films qui soutiennent des enjeux sociaux. C’est ce que je veux faire aujourd’hui. Par exemple, Charlie Chaplin était très politique. Je ne me sens pas très différente. Pour moi, ce serait mon objectif idéal.

EN : C’est un des critères qui vous a conduit à être une des Banger sisters ?

GH : Oui. The Banger Sisters soulève d’autres problèmes très intéressants. Comment nous mentons ? A nos enfants, à nous mêmes. C’est quelque chose de très dangereux. Je n’ai pas produit ce film. La plupart des films que j’ai produit sont bien plus sociaux et même politiques. Protocol par exemple qui traite des mensonges et des manipulations à Washington. Pourquoi je fais ce genre de films ? Parce que ce sont des sujets qui comptent.

EN : Et aujourd’hui qu’est-ce qui compte le plus pour vous ?

GH : Ce que je viens de vous dire. Je veux faire un documentaire sur la quête du bonheur dans le monde. Je pense que les gens sont de plus en plus désespérés. Il s’agit d’une enquête sur les émotions de chacun, avec une approche positive, pour se sentir heureux. Je commence cette année… Voilà ce qui me préoccupe aujourd’hui.

EN : Susan Sarandon (dans la pièce voisine, pour les curieux) a joué avec sa fille dans ce film. Pouvez-vous vous imaginer tourner avec Kate Hudson (star d’Almost Famous) ?

GH : Oh oui ! Ce serait très drôle. On aurait beaucoup de plaisir ensemble. Ca en serait ridicule. Mais, elle a sa propre carrière et je respecte ça. Et je l’aiderai tant que je peux. Elle se débrouille plutôt bien. Mais c’est peut être elle qui en a assez de sa maman ! Elle m’a subie toute sa vie. Comment pensez-vous que ce soit de vivre avec une star de cinéma ? Et d’être la petite fille de cette star ? C’est horrible ! Je n’attend aucune reconnaissance pour cela. C’est donc normal qu’elle soit autonome. Je lui ai donné la vie, maintenant je lui donne sa liberté. Je pense que c’est ce qu’il y a de plus important.

Propos recueillis par Vincy & PETSSSsss janvier 2003


   Vincy & PETSSSsss