Photos (C) Warner Bros Pict.
 Dossier préparé par Vincy et PETSSSsss
 (C) Ecran Noir 1996-2001
 

C'EST PAS SORCIER

"- Il n'est pas bon de s'enfermer dans ses rêves et d'oublier de vivre."

Au delà de l'événement, et de la cacophonie autour du film, il y a une oeuvre, une histoire, éventuellement un produit qui doit nous distraire, nous émerveiller, nous donner envie de lire les livres. Harry Potter n'a pas tous ces talents car il manque de caractère, de personnalité. Le film est très long et ce "Titanic pour enfants" nous endort parfois. La réalisation est trop classique, trop linéaire, et manque de rebondissements. Le film colle tellement au livre que l'absence de surprises peut ennuyer les fidèles. Et puis il y a toujours la déception de mettre des voix et des visages sur les personnages qu'on imaginait dans sa tête. L'art du cinéma ne se résume pas à figurer les choses, mais aussi à suggérer. Harry Potter demeure une traduction appliquée mais peu évocatrice.
Reste que Columbus a réalisé son oeuvre spielbergienne (enfant abandonné et à la recherche d'un monde imaginaire, référence aux Aventuriers de l'arche perdue), en puisant dans ses propres films (Home alone avec les parents en guise de méchants) ou scénarios (Les Goonies, Le Jeune Sherlock Holmes). Le choix du cinéaste s'avère logique : il est en territoire connu. Il y a un trésor, une enquête, des étapes de jeux d'arcade, un ennemi à déjouer, des rivalités d'enfants, des gosses rusés... Dommage que son manque de créativité visuelle donne un film plat, un produit trop industriel. Mais ne boudons pas le plaisir. Malgré tous ces défauts, Harry Potter est un divertissement familial bien foutu, effets spéciaux inclus, et sans gros mots. Les détails (des dragées au cérumen à la forêt hantée par la mythologie grecque) crédibilisent l'univers de l'auteur J.K.Rowling, qu'on voit se développer en 3 dimensions. Les acteurs ont tous la gueule de l'emploi, et on identifie très vite leur caractère grâce à ce casting impressionnant, impeccable et bien choisi. Parfois, le temps d'une apparition, on peut reconnaître un visage connu du cinéma anglais. Le jeune Harry Potter et ses deux amis sont parfaits. Deux scènes se dénotent : le match de Quiddich, largement supérieur à la course de Pods de Star Wars I, et la partie d'échecs grandeur nature. Ne faisons pas la fine bouche sur leur réalisation, l'impact est réel. Le film possède peu de violence et adoucit souvent les quelques moments de cruauté, résumant l'ensemble à des batailles de cour d'école. Quelques métaphores sont jolies et font écho à la réalité, permettant une identification pertinente. Artistiquement, il n'y a pas grand chose à reprocher, traduisant des lignes de textes en images virtuelles.
Ici les mécas et les orgas sont remplacés par les moldus et les sorciers. Le monde se divise encore en deux : le bien et le mal, les ténèbres et le mythe. Il y a un côté Moïse chez ce Potter. Rien de satanique ou de comparable. Columbus nous raconte l'histoire de ce magicien de manière illustrée et cinématographique. Sans audace, le film parvient quand même, sans effet magique, par la seule grâce d'un roman bien conçu, à nous faire croire à ces histoires de sorcellerie. La force de l'illusion et le poids des images retraitées numériquement font de Harry Potter, le film, une oeuvre dans l'air du temps, passe-partout, habile, mais sans génie. L'inspecteur Harry serait pour une fois trop clean?

Vincy-