Production : Avery Pix, Gran Via, New Line Cinema
Distribution : Metropolitan Filmexport
Réalisation : Nick Cassavetes
Scénario : Jeremy Leven, Jan Sardi, d'après le roman de Nicholas Sparks
Montage : Alan Heim
Photo : Robert Fraisse
Décors : Chuck Potter
Musique : Aaron Zigman Directeur artistique : Scott T. Ritenour
Durée : 115 mn Ê

Casting :

Ryan Gosling : Noah Calhoun
Rachel McAdams : Allie Hamilton
James Garner : Duke
Gena Rowlands : Allie Calhoun
James Marsden : Lou Hammond
Sam Shepard : Frank Calhoun
Joan Allen : Anne Hamilton
David Thornton : John Hamilton
Kevin Connolly : Fin

 

 
  (c) Ecran Noir 96-04
The Notebook / N'oublie jamais 
USA / 2004 / Sortie France le 8 septembre 2004 
 
 
Allie perd la mémoire. d'un jour sur l'autre, elle ne se souvient de rien. Mais son camarade de maison de retraite, Duke, croit qu'elle peut se souvenir, avec un peu d'efforts, de choses passées. Pour cela, il lui lit une histoire vraie ou fausse, racontée dans un journal intime.
C'est l'histoire de Noah et Allie, juste avant la guerre, et après aussi, qui vont tomber fous amoureux l'un de l'autre, malgré les différences sociales. Les parents d'Allie s'érigeront contre cette mauvaise alliance. La fin de l'été les séparera. Puis la guerre et la vie. Mais à quelques jours de son mariage, Allie voit une photo de Noah dans le journal, qui a bâtit la maison de ses rêves, vieille promesse vraiment tenue...
 
   Nous avions quitté Nick Cassavetes avec John Q, film hollywoodien un peu démago, qui ne fut pas un gros succès au B.O. Ceci dit, on ne comprend pas plus le bon score (77 millions de $ de recettes aux USA) de cette production modeste (30 millions de $) de cette mièvrerie littéraire. En plus, l'adaptation cinématographique est remplie d'anachronismes et d'erreurs géographiques. De quoi régaler les chasseurs d'erreurs. Fallait-il s'attendre à autre chose? Non.
Après tout l'auteur du livre The Notebook n'est autre que Nicholas Sparks. Qui est ce Sparks? Le genre de gendre idéal : beau mec, belles dents, jeune et riche (le film a permis à son livre de revenir en tête des best-sellers cet été aux Etats Unis). Né en 65, il est diplômé en finance et affaires (ça peut aider pour être écrivain...), marié depuis 15 ans avec la même femme qui lui a donné 5 (magnifiques) enfants. Ce mec du Midwest a passé sa jeunesse en Californie et réside chez les sudistes. Il n'hésite pas à tout dire dans sa biographie officielle : athlète et sportif, (il court tous les jours, porte même des haltères, ouaouh!, et pratique du Tae Kwon Do), il va aussi régulièrement à l'église (c'est une âme charitable, il aide des associations) et lit environ un bouquin tous les trois jours. Il aime aussi son chien. Et se la joue cool en jean et chemise ouverte sur les photos. Toujours souriant. Bref, on lui doit des livres romantiques comme Message in a Bottle et A Walk to Remember, parmi ceux déjà adaptés au cinéma (en attendant les autres, il a su très bien gérer son business). Clairement des films à l'eau de rose, avec une pointe de morbidité. la boîte de kleenex est généralement offerte par les libraires bienveillants.
Pire que cela Spielberg fut intéressé par The Notebook. Depuis 1995, le script est passé entre plusieurs mains dont Jim Sheridan et Martin Campbell. Il fut même question d'un duo Tom Cruise / Ashley Judd. Le film fut tourné en 2002 en Caroline du Sud avec un casting radicalement différent.
Quitte à justifier ce film sirupeux, autant donner sa chance à deux petits jeunes. Ryan Gosling (24 ans maintenant), déjà apprécié dans The Believer et Murder by Numbers, prouve qu'il a l'étoffe d'un futur héros. Quant à Rachel McAdams (28 ans, ontarienne comme Gosling), elle fut surtout remarquée dans des comédies (dont The Hot Chick).
Ajoutons la présence de James Garner et Gena Rowalands. Le premier (Victor Victoria, Maverick, Space Cowboys) semble abonner aux films sudistes sentimentaux (The Divine Secrets of the Ya-Ya Sisterhood en 2002). La seconde, mère du cinéaste, a du mal à se remettre de l'absence de John Cassavetes. Elle alterne les bons films (Night on Earth, Playing by Heart en 1998) et les productions un peu ratées (Something to Talk About, avec Julia, Hope Floats, avec Sandra, The Mighty, avec Sharon). Plus tôt dans l'année, elle était une mère un peu folle sous le regard inquisiteur de Angelina Jolie (Taking Lives). C'est à ces détails qu'on regrette certains artistes.
 
 
ORAGE, ï DES ESPOIRS! OH VIEILLESSE ENNEMIE!

"- Tu veux petit déjeuner?
- Papa, il est 22h!
- Il n'y a pas d'heures pour les pancakes.
"

Tandis que le père Cassavetes savait filmer les Love Streams, le fils s'avère être un piètre héritier du talent de John C. Rien ne nous emporte et surtout pas le déluge d'amour dans ce film.
Et ne parlons pas de la filiation maternelle. Pauvre Gena Rowlands! Biotoxée ou inexpressive, qu'est-il arrivée à cette femme sous influence pour devenir si mal dirigée?
Nick Cassavetes a fait un film regardable (She's so lovely) et voilà tout. John Q. était populiste. The Notebook est simplement sirupeux. Ca respire la belle image dès le générique : un beau coucher de soleil, un homme qui fait de l'aviron, des cygnes qui s'envolent, et une vieille femme qui contemple le crépuscule de sa vie. Immergeons-nous dans cette histoire d'amour, comme au bon vieux temps. ici pas de rebondissement, tout est téléphoné. Ici pas de perversion, tout est sage. Quand les passions éclatent, il suffit d'un orage et d'une pluie chaude pour servir de décor. Barbara Cartland n'aurait pas écrit mieux.
Tout transpire le cliché (la mère qui détourne le courrier de sa fille), la caricature (les riches qui exploitent les noirs, les pauvres qui aiment les afro-américains) , le déjà vu. Et Cassavetes se contente de filmer sur commande un scénario d'une platitude effrayante. Aucune émotion, aucune étreinte ne nous embrasse. On serait tenté d'écrire qu'il fait un cinéma à la papa, mais justement son papa a tout fait pour ne pas filmer ainsi! The notebook est aussi lisse qu'un papier glacé. Jamais nous ne ressentons la douleur, la dureté du destin. Tout est superficiel. Ca baigne dans l'eau de rose. Le premier amour est évidemment le bon (et en plus c'est un excellent coup, que demandez de plus?). C'est aussi pépère que Sam Shepard attendant sur son rocking chair. Lui s'éclipse avant la fin, il a raison, elle s'étire indéfiniment alors qu'on sait déjà à quoi elle ressemblera.
Alors où est l'intérêt? Peut-être dans cet hommage aux femmes. Les mecs semblent soumis, dépassés. Prêts à tout pour ne pas finir sans elles. Garner est touchant en amoureux transis. Thornton semble accablé en mari vaincu. Au milieu de quelques bonnes répliques qui fusent, le couple de jeune, émerge, sans mal. L'arrogant et l'emmerdeuse. Les deux canadiens, très sexy, Ryan Gosling et Rachel McAdams, sont charmants, charmeurs et craquants. En plus ils ont du talent. Mais ça on le savait davantage avec leurs films précédents qu'avec ce livre à oublier. Le personnage de Gena Rowlands n'a donc rien à regretter si elle a déjà tout amnésié.

- Vincy