Production : EuropaCorp, StudioLegende, Epica, Filmauro, TF1 Films
Distribution : EuropaCorp
Réalisation : Olivier Dahan
Scénario : Luc Besson, d'après l'oeuvre de Jean-Christophe Grangé
Photographie : Alex Lamarque
Montage : Richard Marizy
Costumes : Chattoune
Décors : Olivier Raoux
Musique : Colin Towns
Durée : 100 mn

Casting :

Jean Réno : Niemans
Benoît Magimel : Reda
Christopher Lee : Heimmerich
Camille Natta : Marie
Johnny Hallyday : l'homme borgne
Gabrielle Lazure : la femme de la victime
Serge Riaboukine : Père Vincent

 

 
Jean Réno sur EN
Benoît Magimel sur EN
Johnny Hallyday sur EN
Les Rivières Pourpres
  (c) Ecran Noir 96-04
Les rivières pourpres 2 - les anges de l'apocalypse 
France / 2004 / Sortie France le 11 février 2004 
 
 
Un monastère perdu près de la frontière Allemande, pas loin de la Ligne Maginot. Un jeune moine rejoint une confrérie oubliée, s'installe dans une chambre, la 13, et plante son Christ dans un mur qui, brusquement pisse le sang. Niemans arrive sur place et découvre un cadavre fraichement emmuré. Y a quelque chose de louche dans cette Lorraine pluvieuse.
Reda, jeune capitaine, ancien élève de Niemans, flic plutôt doué pour la castagne et moins pour se faire obéïr, a d'autres chats à fouetter : un mec qui se prend pour Jésus, une série de meurtres aussi incohérents les uns que les autres.
Mais quand Niemans et Reda croisent leurs enquêtes, on touche du doigt un vaste complot européen où l'apocalypse n'est qu'un prétexte créé par Heimmerich Von Garten. Une diversion qui continue de faire des morts...
 
   Il est loin le temps des Gendarmes de Saint Tropez. Le soleil est d'ailleurs relativement absent de cette série. Et puis ici rien à voir avec Julie Lescaut ou Navarro. On oublie les bons sentiments. LRP2-LADLA (ça fait long à taper en entier) c'est une série B mi gore mi gothique, qui flirte avec ses cousins américains genre friand des ados, où des studios comme Dimension et New Line ont pris de sérieuses parts de marché.
Comme le premier opus a cartonné (et pas seulement en France), les producteurs n'allaient pas gêner pour en faire une suite. Seulement voilà, l'auteur du best-seller, Jean-Christophe Grangé, n'a pas prévu d'écrire une suite. C'est donc Besson qui s'y colle. Le film passe ainsi de la Gaumont (à qui il doit quasiment toute sa filmographie) à EuropaCrorp (son studio rien qu'à lui). Scénariste et dialoguiste, Luc Besson ne s'éloigne pas de l'univers et ne réinvente rien. Il reste dans l'esprit du roman de Grangé. Le château de carte continue à se construire avec d'autres innovations. En fait, du premier film, il ne reste que le nom du personnage principal, l'acteur qui l'incarne (Jean Réno, sans doute le comédien le plus populaire du cinéma français depuis 15 ans), et le producteur. Car le réalisateur aussi y met sa patte. De Kasso, très critiqué pour sa fin ratée, on passe à Dahan. On lui doit Déjà mort (intéressant), Le Petit poucet (manqué) et La Vie promise (raté). Il accepte donc, comme Kasso, cette commande. Il appartient à cette génération de jeunes cinéastes français qui aiment filmer la violence (ceci écrit sans aucun mépris) et qui ont le cynisme nécessaire pour mettre leur "auteurisme" de côté quand il le faut (c'est à dire quand le Box Office ou la critique les ont assassinés).
Cassel passant la main pour faire Agents Secrets, c'est Magimel (qui devait être la star d'Agents Secrets) qui le remplace. Nouveau personnage. L'acteur connaît bien le cinéaste, puisqu'il jouait dans Déjà mort. D'ailleurs, hors Magimel, qui pouvait remplacer Cassel? Qui parmi les comédiens français en début de trentaine ont l'étoffe physique du héros et la notoriété publique pour le béo?
Il n'y a pas grand chose à ajouter sur ce film. Une "sequel" c'est à la fois pour fidéliser les spectateurs autour de personnages sympathiques et d'histoires divertissantes et aussi pour récolter un peu plus de fric. La sortie sera massive, occultera Blueberry sans difficultés et plaira aux exploitants ravis de voir leur vente de pop corn s'envoler.
Mais sans attendre le DVD, le film offre déjà un sérieux bonus. Christopher Lee. 56 ans de cinéma. Total respect devant cet homme qui fréquenta Le Corsaire rouge, Frankenstein, Dracula, la Momie, Docteur Jekyll, Sherlock Holmes, Raspoutine, des Mousquetaires, James Bond, les Gremlins, Obi Wan Kenobi et la trilogie de Tolkien. Le film a coûté bonbon. Mais c'est une belle pub pour La Ligne Maginot, sorte de porte-avion Charles de Gaulle de l'époque. Cette muraille souterraine et ultra armée devait nous défendre des Allemands en 40. Les Allemands sont assez facilement ennemis des productions Besson, de Taxi à Fanfan la Tulipe. Il faudrait préveni Luc que la situation politique a changé. Les Allemands sont nos amis. Die purpurnen Flüsse 2 devraient quand même leur plaire. Les goûts sont si uniformisés de nos jours.
 
 
COPIER COLLER

"- Vas-y, print!"

Attaquons là où ça fait mal. Le scénario. Si SFR plagie sans vergogne Le Cinquième élément de Besson (nos "pubistes" ont donc si peu d'imagination?), Besson - scénariste du film ici-même critiqué - n'hésite pas à copier Les Aventuriers de l'Arche perdue et à coller au premier épisode des Rivières Pourpres. Rien de neuf sous le soleil de Satan. Même les répliques, souvent ridicules, entre Magimel (beau, bon, béton) et Réno (en service syndiqué) semblent sorties de Taxi (avec un clin d'oeil à Indiana Jones et La Dernière croisade pour le dialogue final à propos du chien de Niemans). Manque plus que la potion magique d'Astérix. (Bah justement, même ça, nous y avons droit).
Car on ne nous la fait pas. Deux héros poings liés en train de regarder le méchant ouvrir un Livre sacré d'origine (et les héros courant dans un tunnel poursuivis par un déluge d'eau), cela fait écho au premier des Indiana Jones. Un combat de type jeu vidéo, duel entre le jeune flic et un voyou de deuxième zone, ou une course haletante à pieds entre le même jeune flic (très bien préparé physiquement) et un ennemi fantôme (on ne voit pas son visage) encore plus fort... tout a déjà été écrit et filmé dans les Rivières de Kassovitz. Jusqu'au synopsis mettant en exergue une secte extrêmiste (après la Nouvelle Race, la Nouvelle Europe qui "ne s'embarrasse pas de détails"). Tout a été reproduit par Dahan. L'univers est le même. "Eh Jésus, faut rester dans les clous" clame un flic adepte du grattage de cul. Les producteurs ont du sortir la même chose au réalisateur.
Cependant, cette écriture - efficace, ciblée, peu inspirée - bizarrement, nous laisse indifférent. Rien ne tient debout et ce n'est pas plus grave que ça. Le second degré fonctionne à plein et le film, aimable série B, remplit son cahier des charges. Ce qui fait la différence c'est bien la réalisation. Plus beau, ce deuxième opus, est surtout plus trippant, plus nerveux. Mieux, Dahan glisse, ici et là, des références à ses propres films, notamment ces jeunes flics qui font écho à la bande de Déjà mort. Dans ce coin pourri, pluvieux où même l'hôpital est crade, où l'on déterre la Ligne Maginot, le sang (assez abondant) est bien rouge écarlate. Un vermillon à vomir pour ceux qui sont vite dégoûtés par les corps démembrés. Mais le cinéaste sauve ce gore gothique par un hommage à l'art chrétien, presque salvateur.
Parfois, nous sursautons du siège. Effet de surprise bien calibré ou caméra énergique, le film pille dans tous les genres : comédie, séries B, horreur pour ados... Dans une débauche américanisée, le film vise l'export. La série s'annonce répétitive mais demeure un laboratoire intéressant pour des cinéastes qui veulent se frotter à un film populaire techniquement contraignant.
Mais si le Dahan l'emporte sur le Kasso, c'est aussi grâce à la présence de Christopher Lee. Il ne s'est pas fait prier (mais a du bien se faire payer) pour imposer sa présence légendaire (avec peu de lignes à apprendre). Et là encore, cela aurait mérité un peu de travail sur le script. Au moins, ici, la fin sera comprise par tous. Rien de confus. Tout est limpide. Un troisième film est une hypothèse plausible.

- Vincy