Production : Pariah entertainment
Distribution : Columbia TriStar
Réalisation : David Koepp
Scénario : David Koepp d'après la nouvelle de Stephen King
Photographie : Fred Murphy
Décors : Howard Cummings
Montage : Jill Savitt
Musique : Philip Glass
Costumes : Odette Gadoury
Durée : 96 mn

Casting :

Johnny Depp : Mort Rainey
John Turturro : Shooter
Maria Bello : Ami Rainey
Timothy Hutton : Ted Milner
Charles S. Dutton : Ken Karsch

 

 
Johnny Depp sur EN
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  (c) Ecran Noir 96-04
Secret window / Fenêtre secrète 
France / 2004 / Sortie France le 14 avril 2004 
 
 
Un motel miteux. Une nuit enneigée. Ce jour-là l'écrivain Mort Rainey n'aurait jamais du faire demi-tour, avoir volé la clé et entré de force dans la chambre où sa femme, la blonde et belle Amy, le trompait avec ce con de Ted.
6 mois plus tard, Mort ne parvient pas à se remettre de cette trahison. Seul avec leur chien dans un chalet isolé près d'un lac, dans le Sud des Etats Unis, il peine à commencer son nouveau roman.
Il passe son temps à dormir et mange des sales chips à longueur de journées. Toute personne extérieure l'insupporte. Mais Shooter aura le dernier mot.
Shooter c'est un homme mystérieux, violent, qui sait beaucoup trop de choses. Un plouc sudiste qui l'accuse de plagiat. L'auteur Rainey n'a fait que copier le roman de Shooter. Il le menace à mort s'il ne rétablit pas la vérité...
 
   "J'adore les films où on voit un type devenir dingue. J'aime écrire des histoires qui parlent d'enferment, de piège." avoue David Koepp, réalisateur et scénariste de Secret Window, adapté d'une nouvelle de Stephen King, "Vue imprenable sur jardin secret" (extrait de "Four Past Midnight"). A King, l'on doit les histoires de Carrie, The Shining, Christine, Misery, The green line... Pour Koepp, il s'agit de sa troisière réalisation (après Hypnose, Réactions en chaîne). Mais il est l'auteur des scénarios de Spider-Man, Panic Room, Snake Eyes, Mission:Impossible, L'Impasse, Jurassic Park 2, Le Journal, La mort vous va si bien... Si l'on résumait ; un excellent scénariste et un réalisateur oubliable.
Le film n'a rapporté que 46 millions de $ aux USA. Un score médiocre, loin des bons scores de sa star, Johnny Depp. L'acteur vient d'être nommé à l'Oscar du meilleur acteur pour sa prestation comique et clownesque dans l'énorme hit Pïrates des Caraïbes. Grand habitué des rôles psychotiques et névrosés, le voici désormais tête d'affiche à part entière depuis sa consécration en pirate dandy.
Le film avait d'ailleurs failli sortir cet été. mais le manque d'enthousiasme des critiques et des publics d'avant premières a convaincu Sony d'avancer la date. Et de sortir le film juste après les Oscars, profitant ainsi de la visibilité de sa star. L'ensemble a été tourné, une fois de plus, au Québec. On notera que c'est Philip Glass (The Hours) qui a composé la musique. Même cette partition sent la série B.
 
 
MAISONS ET JARDINS

"- Tu as foutu la merde.
- Je vais tirer la chasse.
"

Le thriller américain a du mal à se renouveler. Ce film-là en est une des preuves. A force d'abuser et d'user d'éléments maintes fois vus et de rebondissements peu imaginatifs, il ne reste que l'interprétation des comédiens - syndicalement correcte - et la mise en scène. Or, la réalisation est d'une platitude qui ne fait même pas peur. Hormis quelques plans (par exemple les reflets inversés), le suspens ne nous accroche pas au siège et les frayeurs sont rares. Il ne faut pas confondre image horrible et sensation d'horreur. Or, ici, nous sommes anesthésiés. Ce mauvais rêve d'un mec qui n'a pas accepté que sa femme le quitte nous intéresse jusqu'au moment où toutes les invraisemblances nous poussent à comprendre d'où viennent les coïncidences. Une fois le problème résolu par nos méninges, l'ennui nous gagne. Une fois notre supposition confirmée par le scénario, le film n'a plus d'intérêt. Car en reposant sur un personnage à peine nuancé, en oubliant les règles du genre et en pompant trop des modes du moment, Secret Window apparaît surtout comme un produit édulcoré.
Depp, qui "zyeute" les personnages de Mitchum, essaie de supporter ce script faiblard avec deux attitudes : l'une léthargique, l'autre enragée. Cela suffit peu même si l'on s'identifie très vite à son côté trouillard. Les seconds rôles font office de figurants. Turturro en tortionnaire est peu crédible et c'est d'ailleurs ce qui donne la puce à l'oreille. De la police impuissante à la postière charmante, en passant par l'ex femme blonde et en bonne santé, nous subissons tous les clichés. Jusqu'au décor : une maison isolée près d'un lac. De quoi éveiller toutes les paranoïas et tuer en série, en toute tranquillité.
On aurait aimé plus de nerfs, plus de noirceur, bref un profil à la Identity. Ce divorce qui finit mal, avec faux suspects à la chaîne, est trop excessif pour nous impliquer dans ce délire. Inquiétant : on préfère rire devant certaines cènes, censées nous faire bondir.
Dans cette histoire de moi, de je et de sur-moi, avec surcharge symbolique, il aurait fallu un docteur pour le script. Le final grotesque détruit le semblant de subtilité psychologique du scénario. Dommage que ce cauchemar virtuel, cette folie intérieur (voir les rêves vertigineux) se transforment en en horreur banale. Jusqu'à cet ultime plan obscène qui méprise l'intelligence du spectateur.

- Vincy