Production: Alain Sarde
Réalisation: Diane Kurys
Scénario: François-Olivier Rousseau, Murray Head, Diane Kurys
Image: Vilko Filac
Musique : Luis Cacalov
Montage: Joële van Effenterre
Durée : 135 min

Casting:

Juliette Binoche (George Sand)
Benoït Magimel (Alfred de Musset)
Stefano Dionisi (Pietro Pagello)
Robin Renucci (François Buloz)
Karin Viard (Marie Dorval)
Isabelle Carré (Aimée d'Alton)
Patrick Chesnais ( Gustave Planche)
Arnaud Giovaninetti (Alfred Tattet)
Denis Podalydès (Burke)

 

 
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Liitérature romantique
  (c) Ecran Noir 96-02
Les Enfants du siècle 
France / 1999 / Sortie France le 22 septembre 99
 
Les enfants du siècle se nomment George et Alfred. La Sand et de Musset, leurs effusions intellectuelle et leur fusion sentimentale. Ils portent déjà leur renommée, et leur réputation lorsque débvute leur passion, destructrice. Musset est le spleen incarné, le romantique que la vie ne satisfait jamais, que les excès consument. Un poète de génie.
Sand est féministe, indépendante, s'habille comme les hommes, choque et provoque. Elle est l'avant-garde du combat à venir pour les femmes. Une femme fragile qui veut se donner entière à l'amour et ne trouve du réconfort que dans l'écriture.
Leur pas de deux sera violent, tourmenté, créatif. Même si leur relation offense les mondains et les entourages. De Paris à Venise, ils ne sont pas simplement les auteurs du romantisme, mais bien les acteurs de leur propre tragédie mélancolique.
 
   George Sand (née Aurore Dupin) est née en 1804. Eduquée au couvent, elle apprend ses idéaux politiques en lisant Rousseau. Avec le Baron Dudevant, elle se marie à 18 ans et a deux enfants. 8 ans plus tard elle le quitte pour rejoindre son amant à Paris, Jules Sandeau. Sand devient la première "auteure" autonome financièrement avec le succès de son premier ouvrage, Indiana. Elle croise alors Delacroix, Litz, ses amants Chopin (leur liaison inspira une comédie musicale "Sand et les Romantiques" et un film), Musset, ou Flaubert... A travers ses livres, elle tente de faire naître un idéal socialiste. Elle se penche sur le petit peuple avec ses oeuvres les plus connues (La mare au diable, François le Champi ou La petite Fadette). sa vie activiste s'arrêtra avec les événements de 48 et la terrible déception qui en découle. Elle quitte Paris pour écrire et mourir, en 76.

Alfred de Musset est né quelques années plus tard, en 1810. Il est issu d'une famille aisée, érudite. Il étudie le droit et la médecine. Il est mondain, aimanté par la littérature. Il publie ses premiers poêmes dès l'âge de 18 ans. A 23 ans, il rencontre George Sand. Leur liaison durera 2 ans, et s'achèvera bancalement en Italie. Lui qui avait écrit une première pièce nommée La nuit vénitienne, un échec en 1830. C'est avec Lorenzaccio qu'il touche à l'universel en décrivant un héros romantique qui lui ressemble. Il dédiera à Sand des poésies de Nuits et son autobio qui donne le titre du films La confession d’un enfant du siècle. Il se brûle très vite, comme tous les génies précoces frottés aux axtrêmes de la vie. Académicien en 52, il meurt en 57.

Il faudrait avoir perdu tout esprit de rigueur pour essayer de définir le romantisme, selon Paul Valéry. C'est une gageure de vouloir illustrer ce mouvement à la fois politique et sociologique, littéraire et psychologique.
Diane Kurys s'y est attelée, accumulant les obstacles : une star française oscarisée et son futur amant, un casting de second rôles éblouissant, des costumes, des décors historiques... il s'agissait de l'une des plus importantes productions de l'année pour le cinéma français, un parfait produit d'exportation, labellisé art et essai haut de gamme "à la française".
Mais l'échec n'est pas inévitable. Seul Germinal et Cyrano, ainsi que les Pagnols, ont dépassé le seuil des 4 millions d'entrées. Même l'acclamé Ridicule n'a pas pu franchir la barre des 3 millions. Nombreux sont ceux qui finissent déficitaires. Et Kurys n'est pas une spécialiste du genre, même si son regard féminin sur Sand est un atout.
Les acteurs ne suffisent pas. D'ailleurs Binoche a subi un cruel revers avec son come-back avec Téchiné (Alice et Martin). L'exposition médiatique est prafois un boomerang pervers. Quant à Magimel, il n'est pas encore assez connu, même si la presse people risque de s'emparer du phénomène et si certains ne manqueront pas de rappeler ses débuts en Momo dans La vie ets un long fleuve tranquille.
Et puis le même jour, trois films historiques sortent en salle : Songe d'une nuit d'été (Shakespeare, Pfeiffer, Marceau), Le Violon Rouge, et La Lettre (Oliveira, Mastroianni, La Princesse de Clèves). 3 films pour la même cible.
Evincé à Venise (oùil aurait eu logiquement sa place), le Festival de Toronto l'a récupéré pour l'avant-première mondiale. Vu les malheurs des récentes productions historiques (Wargnier, Ruiz), et malgré les gros moyens , le romantisme ne sera peut-être pas tendance dans cette époque qui n'aspire qu'au bien-être.
 

 
ON NE BADINE PAS AVEC L'AMOUR

Le couple Georges Sand-Alfred de Musset, romantiques nés, écrivains de leur temps, est l'une des unions les plus fascinantes de la littérature.
Passionnés, généreux, fous, voyageurs, bravant les tabous et survolant les interdits, provocateurs et auteurs sans concessions, ils formaient sans aucun doute un duo digne d'être transposé au cinéma (après une carrière en comédie musicale sous l'archet de Catherine Lara).
Las, Les Enfants du siècle n'emballent pas. Un comble pour une épopée romantique. Cette fresque sombre prend plus ses origines dans le tourmenté film de Chéreau (La Reine Margot) que dans le léger et poétique film de Rappeneau (Cyrano). A cause d'un scénario trop superficiel, un montage trop haché (dans les deux cas, on se demande si une version plus longue n'aurait pas été plus souhaitable), le film manque de fougue, de chair, et de profondeur.
On regrette qu'un film sur deux auteurs si connus, si respectés parlent si peu de leurs oeuvres, montrent si peu leur génie, leur travail, leur collaboration professionnelle (unique si l'on considère qu'il se donnait leurs oeuvres). Il est clair qu'on attendait plus d'un film typiquement "label Qualité Française" réalisé par Diane Kurys, observatrice experte des peines de coeur. Mais il semblerait que les costumes, les décors, la pesanteur d'une telle production (qui plaira à coups sûrs aux anglo-saxons) ont bridé la sensibilité de la cinéaste. L'oeuvre manque de sentiments.
Artistiquement, il n'y a rien à redire : la musique est somptueuse, les "petites mains" ont fait un travail précis et fidèle dans la restitution. Le principal écueil s'appelle Juliette Binoche. Grande actrice (elle est capable de tout jouer....), elle n'offre hélas aucune nouveauté à son répertoire. On a demandé à Juliette de jouer du Binoche. A la manière d'Adjani répétant ses rôles de névrosées prêts pour l'Asile, cette George Sand ressemble trop aux personnages incarnés par l'Oscarisée frenchy. Pire que cela, on peut dire que chacun des seconds-rôles est gâché par la concision de leurs apparitions, le peu de dialogues et d'émotions à dévoiler... hélas pour Renucci, Carré, Viard, et autres grandes figures du cinéma français.
Heureusement, Benoît Magimel en de Musset nous touche et nous permet d'être happé par cette histoire d'amour qui glisse vers la folie et les déraisons. Une révélation optimiste depuis le temps qu'un jeune acteur n'avait pas eu le haut de l'affiche dans une production chère du cinéma français. Répliquant sans gêne à Binoche et aux autres, Magimel promet d'être un enfant du siècle... prochain.
Le reste n'est que histoire, passé, et fait penser à ces films des années 50, un peu kitsch et trop pastels, qui se démoderont vite. Une gageure pour de tels artistes, censés avoir inspiré Kurys.

- Vincy