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(C) 96-01 Ecran Noir

Va savoir
France
Sélection Officielle - compétition
Projection: 16 Mai 2001
Sortie en salle : 10 octobre 2001

Production : France 2 Cinéma, VM Productions, Mikado Films & Kinowelt
Réalisation : Jacques Rivette
Scénario : Christine Laurent, Pascal Bonitzer & Jacques Rivette
Photographie : William Lubtchansky
Musique : " Senza Fine " de Gino Paoli & Alec Wilder, interprété par Peggy Lee
Montage : Nicole Lubtchansky
Son : Florian Eidenbenz
Durée : 154 min
Jeanne Balibar (Camille)
Sergio Castellitto (Ugo)
Marianne Basler (Sonia)
Jacques Bonnaffé (Pierre)
Hélène de Fougerolles (Do)
 
Camille est l'actrice principale de Come tu me vuoi de Pirandello, jouée par une troupe italienne. Elle partage la vie du metteur en scène Ugo. La pièce doit se jouer à Paris. C'est la première fois que Camille revient dans sa ville. Elle a irrésistiblement envie de revoir Pierre, l'ancien compagnon qu'elle a quitté douloureusement pour pouvoir jouer la comédie. Parallèlement, Ugo, dans sa quête du manuscrit d'une pièce inédite de Goldoni, rencontre Do, une charmante jeune fille.
 
 
Va savoir est le seizième long-métrage de Jacques Rivette. Le théâtre, toile de fond de ce dernier opus, est un sujet cher au réalisateur puisque pas moins de quatre films l'ont déjà abordé : Paris nous appartient (1961), L'Amour fou (1969), Out 1 (1971) et L'Amour par terre (1984).
Jeanne Balibar, actrice française montante dont le talent ne fait que se confirmer de film en film, a débuté avec Comment je me suis disputé d'Arnaud Desplechin. Elle a déjà tourné avec la fine fleur des cinéastes français, dont Olivier Assayas (Fin août, début septembre ), Jean-Claude Biette (Trois ponts sur la rivière), Benoît Jacquot (Sade ). Cette année, on devrait la retrouver dans le second film de son compagnon Mathieu Almaric , Le Stade de Wimbledon (après Mange ta soupe qui avait reçu les honneurs de Jean-Luc Godard ).
Quant à Sergio Castellitto, parallèlement à une carrière italienne prolifique, il s'installe peu à peu dans le cinéma français avec des films tels que Le Grand Bleu (Luc Besson), Quadrille (Valérie Lemercier) ou encore A vendre (Laeticia Masson).
 
JUBILATION RIVETTIENNE

" Vous pensez que j'en fais trop ?
Je pense que vous pensez trop à ce que je pourrais penser. Et je vous assure qu'à cette heure-ci, je pense très peu. "

Allez savoir si le dernier film de Jacques Rivette n'est pas celui devant lequel on se régale le plus… Pendant les quelques 2h34 que dure Va savoir, pas une seconde d'ennui ne vient gâcher le plaisir de suivre les tribulations de ces protagonistes farfelus. Parce que rien n'est grâve dans Va Savoir. Ou plutôt, les choses essentielles (grâves) y sont traitées sur un mode ludique et décalé. Les personnages parlent tous seuls, s'enferment à clefs pour éviter la séparation, marchent sur les toits, font des gâteaux sans cesse, des duels à la vodka sur une passerelle… Rivette s'amuse et ses comédiens aussi. A chaque plan, les personnages jouent avec une énorme tendresse partagée et des sourires qui illuminent l'écran. Une vrai rayon de soleil et une réelle leçon de bonne humeur !
Mais ne nous trompons pas : même si l'on s'amuse beaucoup, Va Savoir parle de la vie, de l'amour et de ses turbulences. Les deux figures de couples établis (Camille-Ugo & Sonia-Pierre) sont menacées par les multiples figures de couples latents (Do-Ugo, Camille-Pierre, Sonia-Arthur, Camille-Arthur). De ce principe d'intrigues découle des sortes de parades et de chassés-croisés amoureux. Jacques Rivette s'amuse à semer partout de nouvelles pistes dans cet imbroglio sentimental. La toile de fond théâtrale concourre à instaurer une dimension vaudevillesque : les personnages ne cessent de se croiser, emmenant le film dans diverses directions. La fin est d'ailleurs significative puisque tous ces personnages se retrouvent enfin tous ensembles… sur la scène du théâtre.
Pour finir, un mot sur les acteurs qui sont tous épatants : de Jeanne Balibar, amoureuse attendrie, à Sergio Castellitto, poète lunaire, en passant par Jacques Bonaffé, intellectuel distrait, Hélène de Fougerolles, lumineuse, Marianne Basler, secrète et angoissée, et Bruno Todeschini, trouble et amoureux. Tous offrent des personnages légèrement caricaturaux et délicieux.

Laurence-