FILMOGRAPHIE

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INDOCHINE
Avec les Oscars, le sacre romanesque...
 



Sortie en France en 1992

Production: Paradis films, Bac films, Orly films, La générale d'images, TF1 Films
Réalisation: Régis Wargnier
Scénario: Régis Wargnier, Catherine Cohen, Louis Gardel, Erik Orsenna
Photographie: François Catonné
Musique: Patrick Doyle
Montage: Geneviève Winding (142 minutes)

Casting:
Catherine Deneuve (Eliane)
Vincent Pérez (Jean Baptiste)
Linh Dan Pham (Camille)
Jean Yanne (Guy)
Dominique Blanc (Yvette)
Henri Marteau (Emile)
Carlo Brandt (Castellani)
Gérard Lartigau (L'admiral)
Hubert Saint-Macary (Raymond)
Andrzej Seweryn (Hébrard)


HISTOIRE
L'Indochine durant les années 30 est une colonie française difficile à gérer, entre une aristocratie qui ne cède pas un pouce de ses droits et un peuple qui se laisse séduire par le communisme.
Eliane, riche et belle propriétaire d'une plantation d'hévéas, où vivent son père, Emile, et sa fille adoptive, asiatique, Camille.
Eliane repousse régulièrement les avances de Guy, son meilleur ami et chef de la Sécurité. Mais elle tombe passionément amoureuse d'un jeune marin farouche, Jean-Baptiste.
Tandis que la Colonie verse doucement dans le chaos, Jean-Baptiste, tirailé entre ses rêves d'indépendance et cet amour irraisoné pour cette magnifique femme, va sombrer dans une folie invisible. Il déraisonera complètement en tombant amoureux de Camille. Après un scandale public où il offense Eliane, il est muté dans le coin de plus reculé de la Mer de Chine. Camille s'enfuit pour le retrouver... Eliane voit tout son monde s'écrouler...


CRITIQUE

L'AMANT

"- Je vais vous dire, c'est pas beau d'être si beau quand on n'a pas de beauté."

Ce n'est sans doute pas le plus grand film de Catherine Deneuve (malgré tous les superlatifs qui s'y rattachent), mais elle y trouve l'un de ses plus grands rôles. Celui-ci s'inscrit dans la lignée de ces femmes fortes et fragiles, masculine dans le tempérament et faillible au moindre sentiment passionnel. Du Dernier Métro à 8 Femmes, Deneuve connaît avec ce genre de personnages ses plus grands succès populaires.
Indochine se démarque en deux points distincts, qui sont à la fois la force et la faiblesse du film. D'une part, elle ne le porte pas entièrement, puisque ce sont trois personnages qui forment la trinité maudite de ce mélo flamboyant; d'autre part Wargnier la noie dans un décor démesuré, la filmant davantage en extérieur, dans une réalité (retravaillée), dans l'action. Si bien que la sécheresse d'Eliane devient de la fermeté, et ce corps, habituellement plus en chair, ressemble davantage à ces bambous longilignes, mais ne rompant jamais.
Dragon rouge d'un conte épique, Deneuve ne manque pas d'amour très longtemps. Si elle étouffe de cette carence d'affection, elle respirera en croisant Vincent Pérez. Marin d'eau de mer. La tragédie peut commencer. Mais pas celle que l'on imagine. Indochine ce n'est pas simplement ces histoires d'amour contrariées qui s'entremêlent et aliènent les raisons, c'est avant tout l'histoire d'un divorce prémédité : la France et l'Indochine. Chaque personnage incarne une facette de la colonie et du colonisateur. Wargnier parvient à un tour de force sous estimé en promouvant le métissage et l'apport de l'autre. Ainsi sont relégués aux marges de l'histoire, Jean Yanne, Dominique Blanc, et tous ceux qui ne s'intègrent pas ou refusent d'évoluer. Au coeur de cette épopée politique et romantique, le cinéaste a privilégié les utopistes, les passionnés, les déterminés. Dans cette métaphore amoureuse et dévastatrice entre les deux pays, la Métropole et l'Indochine, le dialogue se rompra avec le communisme, seule voie libératrice pour ces esclaves locaux (aussi bien des français que des aristocrates indochinois). D'instinct, tous les personnages pressentent l'impasse vers laquelle ils se précipitent tous. Chaque épisode montre leur impuissance à accéder à un nouveau statut. Cette fuite en avant déséquilibre parfois le scénario. Lorsque le film se concentre sur Camille (trop jeune pour exister) et Jean-Baptiste (trop con pour être aimé), il perd en intensité et en fougue.
Mais Indochine, l'un des films les plus romanesques du cinéma européen de ces 30 dernières années, nous enlace et nous envoûte, la musique de Patrick Doyle se substituant parfaitement à une dose d'opium. Car Régis Wargnier nous offre un film où tout est beau, trop beau. Les paysages, les costumes, les décors, les dialogues ont un lyrisme rare, littéraire, ambitieux. Cet esthétisme exacerbé se prolonge à travers les acteurs. Deneuve est alors au paroxysme de sa beauté, Linh Dan Pham est un choix judicieux et sublime, Vincent Perez ne retrouvera jamais cette incandescence, cette capacité d'attirance purement physique, Jean Yanne, en rondeur, est parfait en séducteur, Dominique Blanc dénote avec jouissance en titi parisienne. Tous trouvent ici l'un de leurs plus beaux rôle. Du pur cinéma, sans réalisme extrême, avec de jolis mots et de grandes belles scènes. Et on s'interroge non pas sur le devenir de cette Indochine qui finira en Vietnam, mais plutôt sur le goût d'une peau ayant la saveur de mangue, quand elle ne respire plus que l'odeur des climats tempérés... Deneuve a perdu ses racines, mais elle y a gagné un enfant, eurasien. En cela Indochine trouble en faisant passer les moments les plus audacieux comme d'authentique actes banals.

(Vincy)

BUZZ


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