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Les maîtres à bord
Ben Affleck sur EN
Josh Hartnett sur EN
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Pearl Harbor
USA / 2001
Sortie en France le 6 juin 2001

Fiche technique :
Production : Jerry Bruckheimer, Michael Bay
Réalisateur : Michael Bay (Bad Boys, Rock, Armageddon)
Scénario : Randall Wallace
Photo : John Schwartzman
Son : Beau Borders, Scott Guitteau, Ethan Van der Ryn
Musique : Hans Zimmer
Montage : Chris Lebenzon, Roger Barton, Steve Rosenblum
Durée : 165 minutes

CASTING :

Ben Affleck (Rafe McCawley) - Josh Hartnett (Danny Walker) - Kate Beckinsale (Evelyn Johnson) - Cuba Gooding Jr (Dorei Miller) - Tom Sizemore (Earl) - Jon Voight (Le Président Roosevelt) - Colm Feore (L'amiral Kimmel) - Alec Baldwin (Le Colonel James. H. Doolittle)

Amis d'enfance, Rafe Mc Cawley et Danny Walker sont devenus des pilotes de chasse chevronnés. Inséparables, ils sont tout deux épris d'une belle infirmière, Evelyn Johnson. Rafe est contraint de partir en Europe où la guerre fait rage. Danny et Evelyn sont transférés à Hawaï. Rafe est porté disparu, Danny et Evelyn se tournent l'un vers l'autre pour apaiser leur peine….
Rafe est pourtant bel et bien vivant et à son arrivée à Hawaï, il est furieux d'apprendre que son meilleur ami l'a trahi. Mais il faudra pourtant se battre à ses côtés. Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent par surprise, sans déclaration de guerre préalable, la base américaine de Pearl Harbor. Un jour marqué par l'infamie.
Après l'énorme succès d'Armageddon, Jerry Bruckheimer le Mr Blockbuster d'Hollywood et son cinéaste fétiche Michael Bay se lancent dans l'aventure Pearl Harbor. Un grand film de guerre réaliste sublimé par une histoire d'amour contrarié. Malgré leurs succès passés, les deux hommes peinent pourtant à boucler l'énorme budget prévisionnel du film. Après une première estimation à 180 millions de dollars, le budget fut réduit de façon drastique pour atteindre les 135 millions et pas un penny de plus que Disney acceptait d'investir. Pour cela, les acteurs ont touché de faibles cachets, Ben Affleck fut payé 250000 $, Kate Beckinsale 200000 $ et Josh Hartnett 150000 $. Les techniciens ont également accepté de réduire leur salaire. Michael Bay et Jerry Bruckheimer n'ont pas encore touché un dollar. La contrepartie : une importante participation aux recettes pour tous qui de ce fait rendra la rentabilité du film incertaine pour Disney.

Le tournage débute à Oahu le mardi 4 avril sous la bénédiction d'un prêtre hawaïen. Un tournage épique et difficile du fait de l'ampleur du projet. L'US Navy a apporté toute sa contribution au film prêtant le matériel et une aide logistique et technique. Michael Bay a même pu obtenir l'autorisation de filmer sous l'eau l'Arizona Memorial. Le tristement célèbre bateau coulé, tombeau de plus de 1100 hommes, est toujours au fond de l'eau.
La reproduction de l'attaque de Pearl Harbor défie l'imagination. A titre d'exemple l'équipe des effets spéciaux a utilisé pour mettre le feu aux bateaux, 700 bâtons de dynamites, 600 mètres de cordon explosifs et plus de 15 000 litres de fioul, jusqu'à 14 avions en vol en même temps. Le département aérien du film a utilisé 16 avions d'époque et des répliques, dont trois répliques de Vals, avions qui bombardent en piqué, 3 Kates, 3 Zéros pour les avions japonais, 4 P-40, 1 Dc3, 4 B-25 et un Messerschmitt pour les avions utilisés par les Américains. Certes Industrial Light and Magic a travaillé sur de nombreux détails par l'apllication d'effets spéciaux peu perceptibles, mais la plupart des scènes de batailles ont fait l'objet d'effets spéciaux lors des prises de vue, sans, donc, l'aide de l'ordinateur.

Le tournage a duré 106 jours avec un dépassement de seulement une journée et aucun bobo sérieux à déplorer. Malgré les rumeurs les plus folles, le budget semble avoir été maîtrisé.
Disney tient donc là le blockbuster n°1 de l'été. Le démarrage lors du Mémorial Day a été excellent avec plus de 70 millions de dollars en 4 jours, Pearl Harbor est le deuxième meilleur démarrage sur cette période de tout les temps (derrière Le Monde Perdu), remarquable pour un film de près de 3 heures. Il faudra cependant attendre le bouche à oreille pour savoir si le duo Michael Bay (producteur en plus d'être réalisateur sur ce film)- Jerry Bruckheimer ont encore toucher le gros lot.

BUCK DANNY

"Ne me coupez pas les ailes".

Avec Pearl Harbor, le producteur Jerry Bruckheimer et le réalisateur Michael Bay ambitionnaient de créer un nouveau Titanic, une grande fresque épique qui déborderaient du cadre du blockbuster d'action de l'été pour devenir un classique, un grand film fédérateur et universel de la dimension d'un Titanic ou d'un Autant en Emporte le vent.
Pour cela, en bons publicitaires qu'ils ont été, ils appliquent la recette : une histoire d'amour contrariée et sublimée et un drame bigger than life qui permet de révéler les héros. Les vrais. Les forts. Les Américains.
Pourtant, si la recette est là, jamais la soupe n'a paru aussi fade, aussi insipide.
La faute tout d'abord à une esthétique dégoulinante de propreté. Le film ressemble ainsi à, au choix, une longue pub pour les montres Breitling, une réclame pour le dentifrice Email Diamant, une démonstration de rouge à lèvres qui ne tâche pas ou encore une publicité pour un déodorant quelconque parfum. Chaque plan du film pourrait être un poster, chaque ligne de dialogue un slogan. Tout est si policé, si embelli, si lisse qu'on ne croit pas une seule seconde à l'existence des personnages. Un exemple parmi tant d'autre. Evelyn, la jolie infirmière déjà maquillée et poudrée au réveil, a l'heureuse et si photogénique idée de lire chaque lettre de son amant parti se battre en Europe devant des couchers de soleil hawaïen à faire pâlir un catalogue du club med.
De plus, si Michael Bay est un virtuose du cinéma d'action, les combats aériens sont magnifiques il faut le reconnaître, il ne sait toujours pas filmer des sentiments. Aucune émotion ne transpire du trio amoureux et rarement on aura été aussi peu intéressé par une histoire d'amour. Tout les clichés du film romantique sont pourtant là : les larmes, les déclarations, les départs, les sacrifices, mais rien n'y fait. James Cameron avait réussi à sublimer un naufrage déjà-vu par une histoire d'amour charnelle et intemporelle, Michael Bay lui, ennuie le spectateur et retarde l'action inutilement. Car le film est long, très long. Presque 3 heures dont 1 h 35 inaugurale de verbiages sans intérêt, d'une romance à l'eau de rose surannée sortie d'un roman de Barbara Cartland.

On sent bien qu'il en faut pour tout les goûts, de l'action pour le fan des films sous testostérone de Michael Bay, du romantisme pour la midinette, du Hawaï pour le touriste et surtout beaucoup de patriotisme exalté pour l'américain lambda. Hollywood déforme l'histoire à sa guise pour faire d'une défaite humiliante le fondement de la nation américaine. Le souci de ne pas choquer les ennemis d'hier devenus les amis d'aujourd'hui est bien souligné à gros traits rouges. Le Japonais est brave, il n'attaque l'Américain par surprise que parce que celui-ci est beaucoup trop fort à armes égales…. Les scènes avec un Roosevelt de pacotille, pourtant interprété par l'immense Jon Voigt flirtent même avec le ridicule. Impossible d'éviter le fou-rire quand celui-ci, handicapé moteur, se lève et se tient debout pour démontrer à son état-major que rien n'est impossible. Ridicule.
Ridicule aussi ce plan sur deux bouteilles de Coca-Cola qui se remplissent du sang de nos deux héros telle la coupe du St Graal. Fallait oser mais pour une grosse poignée de dollars… Le sang est le grand absent du film. Michael Bay filme des blessés ou des morts en noyant quasi-systématiquement l'image par un effet de flou. Tout est donc aseptisé. La guerre selon Disney c'est une guerre propre. Un immense vidéo-game sans réelle souffrance ou alors si peu, la mort se situe hors champ, dissimulée, édulcorée, chiffrée.

A la vision de Pearl Harbor, on ne subit donc pas la Guerre comme dans Il Faut Sauver le soldat Ryan ou le récent et formidable Kippour, mais on la regarde de loin sans se salir l'esprit par des images trop réelles et donc choquantes. La Guerre à la sauce hollywoodienne c'est un spectacle, un jeu.
Pourtant, Jerry Bruckheimer et Michael Bay n'ont pas lésiné sur les moyens. Plus forts, plus gros, plus nombreux : ils nous ont promis du jamais-vu et ils ont tenu leur promesse.
L'attaque de Pearl Harbor est réellement impressionnante. Michael Bay filme très bien la confusion des troupes américaines au moment de l'attaque surprise et les différents raids aériens des bombardiers et chasseurs japonais.

L'explosion de l'Arizona est un morceau de bravoure qui marquera l'histoire de la pyrotechnie. Mais pas celle du cinéma car de Titanic, Michael Bay et Jerry Bruckheimer n'ont réussi à reproduire qu'une seule chose : le naufrage.

Yannick 

 (C) Ecran Noir 2001