Production : Warner Bros / Tim Burton / Larry J. Franco
Scénario : Jonathan Gems
Photo : Peter Suschitsky
Décors : Nancy Haigh
Costumes : Colleen Atwood
Musique Danny Elfman
Durée : 106 mn
Jack Nicholson : Président James Dale / Art Land
Glenn Close : Marsha Dale
Pierce Brosnan : Professor Donald Kessler
Annette Bening : Barbara Land
Sarah Jessika Parker : Nathalie Lake
Michael J. Fox : Jason Stone
Natalie Portman : Taffy Dale
Danny De Vito : Rude Gambler
Martin Short : Porte parole Jerry Ross
Pam Grier : Louise Williams
Lisa Marie : La martienne…
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A une époque où l'Amérique faisait un triomphe à l'ultra nationaliste Independence Day, Tim Burton nous livre fortuitement sa propre vision de La guerre des mondes sous haute dose d'adrénalyne cartoonesque.
Véritable réquisitoire contre la culture patriotique et matérialiste des Etats Unis, la soucoupe Mars Attacks! se pose comme un ovni cinématographique dans le paysage des superproductions hollywoodiennes. Tim Burton nous avait habitué à tirer le portrait des classes sociales de l'Amérique (les bourgeois branchés de Beetlejuice, les banlieusards pastels de Edward Scissorhand) mais dans Mars Attacks !, le réalisateur semble décidé à aligner joyeusement l'ensemble de ses concitoyens, du cul terreux au porte parole de la Maison Blanche, dans une opération de grand nettoyage dont le rythme frénétique n'est pas sans rappeler le stand de tir au canard de la foire du Trône. La relative simplicité du script permet à Tim Burton de disposer d'une grande élasticité dans l'accomplissement de ses figures libres et de multiplier les inventions visuelles et les scènes cocasses.
Le ton se fait beaucoup plus sarcastique qu'à l'accoutumée. On connait l'aversion de Burton pour les conventions conservatrices et corporatistes du genre humain. Pas pour autant misanthrope, il célèbre une fois de plus le droit à la différence de ceux qui ne sont pas intégrés dans les mouvements de pensée représentatifs. Du démeuré adepte de donuts à la mamie sénile et fan de country ringarde, du boxeur black déchu exploité en employé de casino à la fille du président en quête d'identité, épargnons les rêveurs et même Tom Jones. Quant aux autres intégristes, religieux, politiques, médias et autres gradés empruntés au Docteur Follamour, ils disparaissent atomisés par les rayons multicolors des petits hommes verts. Cela ne se résume pas pour autant à une simple crise de jugement dernier ordonné par l'auteur lui même pour satisfaire une quelconque frustration. Les extraterrestres dans leur conception kitsch très 50's nous ramènent aux visions paranoïaques de l'Amérique à l'aube de l'ère atomique. Une Amérique qui puisait dans l'inconscient populaire pour évacuer ses peurs engendrées par le conservatisme et le protectionnisme en se plaisant à imaginer le pire avec une certaine naïveté lorsque le block soviétique ne faisait plus son effet. Les sympathiques bien que mortellement farceurs humanoïdes de Mars Attacks ! ne sont que l'incarnation fidèle de la naïveté et de l'ignorance d'une Amérique consumériste, égoïste et belliqueuse. Finalement selon Burton, le pire ennemi que pourrait craindre la patrie de l'Oncle Sam, c'est encore sa bêtise.
La force de Burton au travers de ce film est certainement de faire preuve d'une grande lucidité sur son pays tout en évitant de paraitre sentencieux. Le fantaisiste restant le maître d'œuvre de l'entreprise.

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