E.T., the extra-terrestrial
1982 - 8 938 000 entrées France (1er au Box office)
 

Un alien en train de visiter notre planète se perd. Il est recueilli par un garçon un peu seul, Elliot. Entre eux, une histoire d'amitié va naître et un dilemme avec. Si E.T. rentre chez lui, Elliot perdrait son meilleur ami.

Scénario : Melissa Mathison
Musique : John Williams
Image : Allan Daviau
Montage : Carol Littleton
Durée : 115 mn

casting:
Henry Thomas (Elliot)
Peter Coyote (Keys)
Drew Barrymore (Gertie)
Dee Wallace-Stone (Mary)

Au commencement, il y eut une phrase (E.T. Phone Home), une image (un vélo volant sur fond de pleine lune) et une histoire à faire pleurer dans les chaumières. Il y a une sorte de communion universelle mystique autour de ce personnage devenu aussi symbolique que Marylin ou John Wayne. Mais la magie du film est d'abord née à Cannes. Le plus grand moment de la vie de Spielberg fut l'ovation longue et enthousiaste du public à la cérémonie de clôture du Festival. C'est devenu l'un des 5 films les plus vus de l'histoire du cinéma. Une œuvre trouvant ses racines dans " RD3T". L'extra-terrestre ressemble d'assez prêts aux aliens qui emmènent Dreyfuss. Le film repose sur l'émotion, la sensibilité d'un enfant face à un copain étranger idéal. Là encore le cinéaste situe son histoire dans une banlieue quelconque avec des gens de tous les jours. Le père d'Elliot abandonne sa famille. De même, on revoie la menace inquiétante que représente les forces de polices et les légions de scientifiques. Mais comme Spielberg a voulu nous faire crier dans " Jaws ", il voulait nous faire pleurer avec " E.T. ". Il raconte sa vie en banlieue, son imaginaire, il ouvre ses souvenirs, son journal intime, se livre à cœur ouvert dans ce film qui devient son emblème, à la manière de " La Vie est belle " de Capra. Lui voit avant tout un film sur les enfants, quelque chose proche des univers de Truffaut ou Renoir. Un conte de fée contemporain. L'époque voyait le bout de la crise. Beaucoup de pays avaient opté pour un changement, l'espoir régnait et l'Amérique déversait sa culture comme jamais : Michael Jackson, MTV, et Ronald Reagan. Personne, pas même son auteur, ne s'attendait à un tel accueil. Le film coûte à peine 10 millions de $, ce qui en fait un petit film d'auteur très lié à l'intime, à la psychologie, au comportement. Clairement, il ne se doute pas qu'il conçoit une pépite, à si bas prix, avec des motifs si purs. Pourtant il porte l'essence de la réussite du réalisateur : le film se doit de plaire au public, et surtout d'être vu au cinéma. Il n'hésite pas à ébaucher des séquences purement cinématographiques, à fouiller dans sa mémoire de cinéphile (de la Nouvelle Vague aux séries Z). Le génie est de les marier su habilement.
Avant tout, " E.T. " est gentil, amical, pacifiste et surtout optimiste ! Le contraire de ce que Spielberg produira à travers " Poltergeist " (dont il réalise une partie) et les affreux " Gremlins ". " Poltergeist " est clairement représentatif de la fascination pour le Mal de la part du cinéaste. Mais la collectivité ne semble retenir que la bienveillance populaire d'un " E.T. ". Le lien entre les trois films est plus importants qu'on ne le croit. Ils héritent chacun des idées nées pour un autre film (avorté) appelé " Nightskies " : une famille de banlieue assaillie (" Poltergeist) par des tas de petits monstres hargneux (" Gremlins "), dont l'un se lie d'amitié avec l'ennemi (" E.T. "). Avec subtilité, il nous retranscrit même une partie de la bible (le nom de la mère est Mary, ET descend du ciel, a le pouvoir de guérir…). Mais le film a surtout l'effet d'une psychanalyse et d'une critique de la vie banlieusarde, qualifiée par le réalisateur " d'anesthésiante ". Il introduit le malaise avec peu de moyens : pas de temps, pas de repère artistique ou architecturaux, il clone l'environnement urbain, illusoire et perdu. En fait, cette monotonie ambiante et voulue, abrutissant les masses, permet aux héros de Spielberg de s'en échapper par un seul moyen : l'imaginaire, la rêverie, l'enchantement. Les premiers titres de " E.T. " étaient Après l'école ou Une vie de garçon. Les deux font transparaître l'intention du cinéaste. Il y a une violente critique du monde adulte, de ces handicapés du rêve. Son allégorie aide à véhiculer des messages humanistes, tolérants.
Ici Spielberg se raconte et conte une jolie histoire. Il parle d'une mère possessive, de sœurs qu'il juge insupportables, d'un père trop souvent absent. Il se créé un E.T. pour emporter le garçon loin dans les étoiles (images obsédantes et récurrentes dans la filmo du réalisateur). " RD3T " amène du réel vers l'imaginaire, " E.T. " transforme le réel par le fantastique. Il anticipe des histoires à la " Toy Story ", joue avec la vocation du merchandising, alors que le film est boudé par les sponsors ! " E.T. " change la vie, la maison, la banlieue. Il change le regard, donne une autre vision de notre quotidien. Un peu ce que le cinéma réalise…
A l'instar de son extra-terrestre pointant son doigt lumineux sur le front d'Elliot, Spielberg marque les 250 millions de spectateurs qui l'ont vu à sa sortie d' un " je serais là ", dans nos souvenirs, notre inconscient. Il touche droit au cœur… Un mythe est né. Malgré son phénoménal succès, Spielberg résista et refusa de tourner une suite à son chef d'oeuvre. Il faudra attendre " A.I. " pour que sa trilogie s'achève.
Et en 2002, les 20 ans d' " E.T. " rajouteront 5 scènes, dont peut-être celle avec Harrison Ford (en directeur d'école). Ford étant, à l'époque, marié à la scénariste du film.


 

      Dossier réalisé par Vincy + PETSSSsss
      (C) Ecran Noir 1996-2005