Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Shochiku Films
Distribution : Carlotta films
Réalisation : Yasujiro Ozu
Scénario : Yasujiro Ozu, Kôgo Noda
Montage : Yoshiyasu Hamamura
Photo : Yuuharu Atsuta
Musique : Senji Itô
Durée : 125 mn
 

Setsuko Hara : Noriko
Chishu Ryu : Koichi
Chikage Awashima : Aya Tamura
Kuniko Miyake : Fumiko
Ichirô Sugai : Shukichi
Chieko Higashiyama : Shige
Haruko Sugimura : Tami Yabe
 

Récit d'un propriétaire, de Ozu
retrospective festival du film de NY
 
 
Bakushû (Eté précoce)


Japon / 1951


 

C'est la pleine maturité du cinéma de Ozu. Eté précoce date de 1951. Il réalise quasiment un film par an. Si la plupart des fans considèrent Tokyo Story / Voyage à Tokyo (1953) comme son chef d'oeuvre, Eté précoce, malgré peut-être la désuétude de son sujet (quoique) est souvent placé parmi les films majeurs du cinéaste. Il recevra 4 Blue Ribbon Awards (les prix de la critiques japonaises) : meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleure photographie, meilleur second-rôle féminin. L'ironie est qu'il gagne aussi deux prix au Mainichi Film Concours : meilleur film, ex-aequo avec Meshi, et meilleure actrice, pour son rôle dans Eté précoce et... Meshi.




Eté précoce traite des relations adultes / enfants, en prenant comme souvent le parti des enfants, critiquant le comportement trop régulé, trop strict, trop hiérarchique des parents, et a fortiori de son pays. Ce qui ne l'empêche pas de ne filmer essentiellement que des garçons. S'il est question d'éducation et même de tradition dans ce Japon en mutation, le film est à ranger dans la catégorie des films de mariage (comme les saisonniers Printemps tardif, Une après midi d'automne, Fin d'automne), et des sagas familiales (Voyage à Tokyo, Frères et soeurs de la Famille Toda). Dans tous les cas, ce qui passionne Ozu ce sont les changements de valeurs, les liens de causes à effet d'une génération à l'autre, l'émancipation des femmes et le refus de la tradition, voire du patriarcat. La plupart de ses films sont justement portés par une jeune femme à marier, loyale ou obéissante, qui s'affranchit des coutumes pour vivre sa propre vie. Ozu, personnellement, n'a jamais été marié, a rarement vu son père et a vécu auprès de sa mère jusqu'à la mort de celle-ci. Sa position politique est tout aussi rebelle : il a été envoyé à Singapour durant la guerre pour réaliser des films de propagande; il n'en fera rien, attendant la capitulation de son pays. C'est là qu'il découvre Lubitsch, Welles... Les films d'avant-guerre sont plus légers que les mélodrames empreint de tristesse de l'après-guerre. Il passe du travelling à la caméra statique. Progressivement il basculera vers la couleur, après avoir longtemps résisté aux pressions de son studio. Eté précoce est encore en noir et blanc.
Il réunit des comédiens habitués au style du réalisateur. Chishu Ryu dans le rôle du frère, bel homme, a souvent joué les patriarches tantôt effacés, tantôt autoritaires ou malins (Il était un père, Voyage à Tokyo, Une après midi d'automne, Les soeurs Munekata, Printemps tardif...). La mère est incarnée par Chieko Higashiyama (que l'on voit aussi dans Voyage à Tokyo) est un de ces personnages qui affrontent la vieillesse, la mort, la répression masculine, et maintient ses émotions en vie. Mais la star du film n'est autre que celle surnommée par les japonais "la vierge éternelle", Setsuko Hara. Vue dans Printemps tardif, Voyage à Tokyo, Fin d'automne, Crépuscule à Tokyo. Elle a 85 ans aujourd'hui, et cela fait 40 ans qu'elle ne tourne plus. Pourtant ce fut la plus grande star du cinéma japonais durant une quinzaine d'années. Elle tourna devant les caméras d'Ozu, de Kurosawa (Je ne regrette pas ma jeunesse, L'idiot), Inagaki (La naissance du Japon), Naruse (Le bruit de la montagne et le fameux Meshi), Imai (Les montagnes vertes), Kinoshita, ... Setsuko Hara fut l'une des collaboratrices les plus liées à Ozu. Elle illustre tout un pan de la filmographie du cinéaste, la plus respectée, la plus connue. Véritable égérie, elle incarne aussi la jeune japonaise idéale, en apparence. Le sourire gracieux, le visage presque pur ne font que masquer une nature plus déterminée et généreuse. Une sainte à qui Ozu donne des rôles remplis de compassion et de tolérance. Lorsqu'elle quitta le cinéma, cela fut vécu comme un traumatisme au Japon.
Mais Eté précoce marque aussi la collaboration avec le scénariste Kôgo Nada. Les deux aimaient le sake (à s'en rendre saouls); 13 de ses films après la guerre sont le résultat d'un travail commun. Ils avaient commencé à travailler ensemble dès 1929... 22 films portent leur marque.
Eté précoce fait partie de la rétrospective Ozu organisée par Carlotta films durant l'été 2005 à Paris.
 
vincy
 
 
 
 

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