Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Heyday films
Distribution : Warner Bros. Pictures
Réalisation : David Yates
Scénario : Michael Goldenberg, d'après le roman de J.K. Rowling
Montage : Mark Day
Photo : Slawomir Idziak
Décors : Stuart Craig
Son : Stuart Wilson
Musique : Nicholas Hooper
Effets spéciaux : John Richardson
Costumes : Jany Temime
Maquillage : Amanda Knight
Directeur artistique : Neil Lamont
Durée : 137 mn
 

Daniel Radcliffe : Harry Potter
Emma Watson : Hermione Granger
Rupert Grint : Ron Weasley
Ralph Fiennes : Lord Voldemort
Gary Oldman : Sirius Black
Michael Gambon : Albus Dumbledore
Imelda Staunton : Dolores Ombrage
Alan Rickman : Rogue
Emma Thompson : Sybil Trelawney
 

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Harry Potter & L'ordre du phénix (Harry Potter 5)


USA / 2007

11.07.2007
 

Pour le 5e volet cinématographique des aventures de Harry Potter, c’est un semi-inconnu qui prend les manettes, David Yates, surtout remarqué jusqu’à présent pour ses œuvres de télévision (la série dramatique State of play, le téléfilm Sex traffic…). A ses côtés, on retrouve les producteurs David Barron et David Heyman, habitués de la franchise Potter, ainsi que le scénariste Michael Goldenberg (Contact, Bed of roses), pour qui c’est en revanche la première incursion dans l’univers de J.K. Rowling.





Les acteurs principaux, eux, n'ont pas changé, même si certains prennent un peu plus d'épaisseur que par le passé, du fait de l'ampleur acquise par leur personnage, comme Neville Londubat (Matthew Lawis) ou Ginny Weasley (Bonnie Wright), qui viennent élargir la petite bande d'Harry. Autre recrue, l'étrange Luna Lovegood (Evanna Lynch) qui, bien que souvent dans les nuages, s'avère d'une aide précieuse dans la lutte contre les forces du mal.

Côté adultes, Ralph Fiennes campe un Voldemort convaincant, avec une silhouette de plus en plus affirmée et un rôle plus développé que dans l'opus précédent. Il a même droit à un face à face très spectaculaire avec Dumbledore. Très réussie également, la fantasque Helena Bonham Carter dans le rôle complexe de Bellatrix Lestrange, sorcière cruelle et impitoyable entièrement dévouée à la cause du Seigneur des ténèbres.

Toutefois, la vraie trouvaille de ce nouveau casting, c'est bien celle d'Imelda Staunton dans le rôle de l'immonde Dolores Ombrage, grande inquisitrice chargée de faire respecter l'ordre à Poudlard. On adore ses tenues vestimentaires, qui passent par toutes les nuances de rose imaginables, son brushing impeccable et son sourire mielleux de Tatie Gâteau qui cachent une cruauté froide et une inextinguible soif de pouvoir. Ses paroles sucrées et ses mines de petite fille modèle la rendent d'autant plus inquiétante et détestable. D'ailleurs, on aura rarement autant haï un personnage et même le professeur Rogue, jusque-là le plus anthipatique de la série, en deviendrait presque touchant quand il est entre ses griffes.

Du roman au livre : moins sombre mais plus concentré

Dans la saga littéraire, L’ordre du Phénix représente un véritable tournant pour les personnages. Non seulement ils arrivent au seuil de l’adolescence, avec ce que cela implique de doutes et de malaise, mais ils sont en plus confrontés à une situation terrible qui les dépasse : le retour de Voldemort, quatorze ans après sa tentative de prendre le contrôle du monde des sorciers. Soit une impression affreuse de répétition de l’histoire, où tout le monde sait qu’il doit s’attendre au pire. Cela donne au roman une atmosphère extrêmement sombre, renforcée à la fois par l’isolement d’Harry (la plupart des autres élèves le prennent pour un fou) et par le fait que, pour la première fois, Poudlard n’est plus un lieu sécurisant.

Dans le film, on retrouve partiellement cette sensation d’insécurité, mais les aspects les plus sombres du roman ont été clairement gommés. Ainsi, on perçoit moins la colère et la détresse de Harry, de même que les agissements d’Ombrage ont été rendu presque comiques, là où ils revêtaient dans le roman un aspect terrifiant. De l’interdiction de tous les plaisirs, comme le quidditch, aux injustices flagrantes, tout contribuait à une véritable persécution d’Harry. Le film minimise également la mentalité quasi fasciste de la "Grande Inquisitrice" (un titre peu innocent…) qui, dans le livre, déteste tout ce qui est différent (on en a un bref aperçu dans la séquence avec les centaures) et cherche à construire une société débarrassée des "hybrides" ou êtres "à l’intelligence quasi humaine". Qu’on ne s’y trompe pas, c’est une véritable dictature qu’elle instaure à Poudlard, avec surveillance systématique des moyens de communication, purge de l’équipe dirigeante et profusion de décrets sur tout et n’importe quoi.

Par contre, le scénario fait le choix d’axer l'intrigue presque uniquement sur le mouvement de résistance généré par Harry. Il ne reste donc plus tellement de temps pour les enfantillages (exceptionnellement, Hermione et Ron font bloc et se chamaillent peu), ni même pour l'amour (l’histoire avec Cho est expédiée de manière bien cavalière), voire pour tout ce qui est scolaire (c’est à peine si l’on entend parler des fameuses "BUSES", les examens sans lesquels les élèves ne peuvent continuer leurs études à Poudlard). Du coup, le film compte très peu de scènes insouciantes et annonce aussi bien la fin d’une époque (celle de l’enfance) que le début d’une autre, celle d’une guerre rangée entre partisans de Voldemort et sorciers résistants. Et le film a beau, là encore, passer rapidement sur les implications de la prophétie finale, il s’agit pourtant bien d’un message de mort : tuer ou être tué, seule alternative possible pour le jeune héros. Malheureusement, c’est l’un des éléments qui a été le plus mal adapté. En effet, alors que dans le roman, cette prophétie ajoute un poids supplémentaire sur les épaules de Harry au moment où il est le plus vulnérable, achevant de le faire sombrer dans une sorte de dépression mêlée de colère froide, dans le film, c’est à peine s’il a l’air d’en saisir les implications.

Toutefois, dans l’ensemble, ce cinquième volet respecte plutôt intelligemment l’œuvre originale. Bien sûr, comme d'habitude, le scénario a été écrit en supposant que les spectateurs du film étaient des familiers de la saga. Il n’y a donc pas de résumé des chapitres précédents, très peu d'explications des points sombres (notamment concernant la fameuse "chose" que recherche Voldemort, très peu développée) et un survol parfois léger des personnages. Mais contrairement au précédent opus, qui mettait principalement l’accent sur les scènes d’actions spectaculaires (les épreuves du tournoi) et l’aspect très "teenager" de l’intrigue, renvoyant la plupart des personnages secondaires à des rôles de faire-valoir, L’ordre du phénix respecte la tonalité très "politique" et "solidaire" du roman. Un bon point aux yeux des lecteurs assidus et peut-être un moyen de motiver les autres à se plonger dans la version papier pour prolonger le plaisir.
 
MpM
 
 
 
 

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