Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : El deseo, Tequila Gang
Réalisation : Guillermo del toro
Scénario : Guillermo del Toro, Antonio Trashorras, David Munoz
Montage : Luis De La Madrid
Photo : Guillermo de Navarro
Musique : Javier Navarrete
Effets spéciaux : Telson
Directeur artistique : Cesar Maccaron
Durée : 107 mn
 

Eduardo Noriega : Jacinto
Marisa Paredes : Carmen
Federicco Luppi : Casares
Inigo Garces : Jaime
Fernando Tielve : Carlos
 

site officiel
 
 
El espinazo del diablo (L'échine du diable)


Espagne / 2001

08.05.02
 

   2 février 1994, première édition du Festival de Gérarmer, 9h du mat'. Lendemain d'Ouverture ; mal aux cheveux. Une dizaine de zombis accrédités se glisse à la première projection. Celle d'un curieux petit film mexicain, récompensé à la précédente Semaine de la Critique à Cannes : Cronos. Les fous ! Les bienheureux ! Ils allaient dès lors hériter à leur tour de la découverte de l'un des plus talentueux et atypiques cinéastes du fantastique depuis leur sacro-saint David Cronenberg…




Aujourd'hui, le Cronos de Guillermo del Toro est toujours inédit en France (vous le trouverez en vidéo chez Metropolitan Filmexport). Dans un mois, son 4e film provoquera néanmoins à coup sûr une ruée dans les salles. Qu'est-ce qui sépare dès lors Cronos et… Blade 2, toutes deux variantes du vampirisme ? Du fric, beaucoup de fric. Et là encore deux films, l'un hollywoodien (Mimic en 1996) et l'autre plus personnel (L'échine du Diable réalisé en 2001). Cette alternance est de celle qui définit l'intelligence et la liberté d'un auteur (dont Clint Eastwood est sûrement le chantre). Et soyez sûrs que Del Toro en est un… Né en 1964 à Guadalajara, au Mexique, Guillermo del Toro se passionne dès son plus jeune age au fantastique, plus particulièrement aux films de monstres des années 50 et au gothique exacerbé des fameuses productions Hammer. Il s'implique dès lors dans toutes les variantes narratives du genre, étudie le scénario, développe ses talents de dessinateur, réalise maints courts-métrages, émigre aux States et devient l'élève du plus talentueux des créateurs d'effets spéciaux et de maquillage de l'époque: Dick Smith. Le nom du Monsieur vous dit peut-être quelque chose : la gosse injurieuse de L'exorciste, les veines et les têtes qui explosent dans Scanners, le développement d'un fœtus en trentenaire de Starman, c'est lui. Mais aussi le Brando vieillissant du Parrain, le Dustin Hoffman centenaire de Little big man et les cernes de Tom Hulce dans Amadeus. C'est dire. Merci et bye bye ; dDl Toro rejoint sa terre natale. Il crée sa propre compagnie d'effets spéciaux, Necropia, se consacre pendant dix ans aux films des autres. Fou de cinoche, il fonde entre temps à Guadalajera une école de 7ème art, un Festival du Cinema Mexicain et écrit un bouquin sur Hitchcock. Faut bien passer le temps…
Tourné en 1993, Cronos a beau récolter une vingtaine de récompenses, devenir un film culte et alpaguer le bouche à oreille, Del Toro rame tel un Alain Bombard sur l'océan de la rentabilité cinématographique (encore aurait-il fallu le distribuer !). Trois années passent et c'est l'heure, comme tout à chacun, de rencontrer Harvey Weinstein, patron de Miramax, le Claude Berri des Etats-Unis, celui qu'il vaut mieux toujours remercier aux récompenses… Cronos lui semble un peu difficile à distribuer ; Guillermo n'aurait-il rien d'autre dans ses tiroirs ? Tout vaillant (enfin presque) le cinéaste lui tend quelques pages sur une obscure histoire de cafards mutants. " Argh ! T'es sûr ? " " Oui,oui… ".
Dès lors, les scénaristes défilent, certains crédités au générique, d'autres non. John Sayles, un vieux de la vieille de chez Roger Corman, simplifie l'intrigue, dépeint les personnages, "accompli un merveilleux travail" selon del Toro. Sayles est invisible sur la bande défilante jouxtant " The End ". Idem de Steven Soderbergh. Son scénario avère : "qu'il n'a pas vraiment pondu ce que j'attendais de lui. C'était même radicalement différent, en contraste avec mon approche du film. Très étrange vraiment. Cela aurait pu donner un autre Mimic. Certainement pas le mien. Je n'ai rien utilisé de sa version au scénario. ". Tant mieux ? Tant pis ? Quoiqu'il en soit, Mimic (dont on annonce deux suites) fait désormais connaître le nom de del Toro au grand public. Et aux autres… Il cumule les projets, en avance certains alors que d'autres rejoignent les limbes de chefs-d'œuvres qui ne demeureront que sur son écran cérébral. L'un d'eux sort du lot grâce à Martin Scorcese qui cherche à le produire : Mephisto's Bridge, "L'histoire d'un pacte entre un homme et le démon". En vain… pour l'heure.
Mais la culture " colonialo-ibérique " de del Toro n'est pas sans rameuter l'éveil d'un couple de fameux lutins producteurs hispaniques qui ont participé au tout nouvel essor du fantastique dans leur pays : Almodovar Pedro, et Agustin, le frérot. Hilares, les deux " gamins " ont déjà produit, outre ceux de Pedro, Action Mutante du gentiment désaxé Alex de la Iglésia. Le poulain s'est lui aussi envolé aux U.S.A (par exemple, tourner la suite de Sailor et Lula, intitulé Perdita Durango et dont le personnage était présent dans le film de Lynch sous les traits d'Isabella Rosselini) et sont prêts à remettre la mise. Ainsi naquit L'échine du Diable. Pour se faire, del Toro engage sa propre production mexicaine, Tequila Gang (nom d'une pratique alcoolisante qui consiste à verser directement Tequila et tonic dans la bouche d'un individu et de secouer violemment le tout - ce que l'homme pratique !) et le comédien principal de Cronos, Federico Luppi, absent de Mimic faute à del Toro de l'avoir présenté à John Sayles qui s'est empressé de l'employer sur son Men with guns. Merci patron ! Dans la famille Almodovar, outre les frères, il prend aussi la " mère ". Entendez celle du Pedro de Tout sur ma mère, Marisa Paredes, récurrente chez l'auteur de Tallons aiguilles depuis La fleur de mon secret. Il confine sa distribution avec un… Comment dirais-Je. Ah, une voix féminine et autrefois amie me souffle à l'oreille qu'Antonio Banderas, je cite : "n'a qu'à bien se tenir !". Hum, passons… La créature en question, se nomme Eduardo Noriega, et fut tout récemment mise à profit face et nombril dans Novo, de Jean-Pierre Limosin. Quant à l'avenir de Guillermo del Toro, il s'avère désormais riche de nombreux projets. Chez Coppola (Montecristo), à nouveau Miramax (Within the walls) Disney (Domu) ou Universal (Hellboy). Quitte à le voir réapparaître dans une production britannique ou polonaise, Polanski a bien fait de même, non ?…

J'oubliais : que s'est-il donc déroulé entre L'échine du Diable et Blade 2 ? Et dans un mois alors ; que resterait-il à vous apprendre ?  
 
arnaud
 
 
 
 

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