Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Europa Corp, TF1 Films productions
Distribution : EuropaCorp. distribution
Réalisation : Louis-Pascal Couvelaire
Scénario : Luc Besson, Gilles Malençon, d'après la BD de Jean et Philippe Graton
Montage : Hervé Schneid
Photo : Michel Abramowicz
Musique : Archive
Costumes : Martine Rapin
Durée : 104 mn
 

Sagamore Stévenin : Michel Vaillant
Peter Youngblood Hills : Steve Warson
Diane Kruger : Julie Wood
Jean-Pierre Cassel : Henri Vaillant
Béatrice Agenin : Elisabeth Vaillant
Philippe Bas : Jean-Pierre Vaillant
Lisa Barbuscia : Ruth Wong
François Levantal : Bob Cramer
 

site officiel
site officiel de la BD
dossier : bd au ciné
 
 
Michel Vaillant


France / 2003

19.11.03
 

"Je suis issu de la publicité, ce qu'on me reproche encore parfois, et donc habitué à travailler l'esthétisme et l'image. Je reste convaincu qu'un film doit être beau". Dixit le réalisateur du film Michel Vaillant, Louis-Pascal Couvelaire. En lisant le dossier de presse, merveilleux instrument de propagande, et en limitant l'accès au film avant sa sortie, le distributeur Europacorp. (donc Luc Besson) cherche à limiter les risques d'un mauvais buzz en jouant d'un marketing démagogique. Car Couvelaire oublie plusieurs choses dans sa complainte. Être issu de la publicité n'a rien de déshonorant. De nombreux grands cinéastes y ont eu recours. De même exiger que son film soit beau apparaît comme un minimum, qui requiert des moyens, mais aussi du talent. Tout le monde n'est pas Ridley Scott. Enfin Couvelaire, qui semble bien avoir appris la rhétorique "bessonnienne" du "Caliméro du Cinéma", n'a subit des reproches qu'une seule fois. Puisque Michel Vaillant n'est que son second film. Il semblerait que l'apprenti réalisateur ait mal digéré les critiques désastreuses de son premier essai cinématographique, Sueurs, sorti l'an dernier. Reconnaissons que ce film est un des pires navets de ces dernières années.




Le choix du cinéaste démontre la volonté du producteur Besson de vouloir le "final cut" sur cette adaptation et surtout de réaliser un film ne visant qu'à remplir les multiplexes. Il fallait de l'imagerie "hollywoodienne", un montage frénétique, une absence de regard sur la psychologie des personnages. L'objectif - affiché - est de réviser ce héros des circuits : "le seul élément visuel que nous ayons gardé des albums est le logo Vaillant". Les fans crieront certainement à la trahison, même si Michel Vaillant est plutôt une BD d'un autre temps. Etrangement la BD vise les trente-quarante ans qui était enfants à l'époque, tandis que le film cible les 15-25 ans, qui ne connaissent pas forcément le matériau d'origine. Mais comme le dit lui-même le réalisateur : "au départ, le film est d'abord un concept." Ca a le mérite d'être franc. L'idée vient de l'associé de Besson dans Europacorp, Pierre-Ange Le Pogam. Philippe Graton, le fils de l'auteur de la BD, avait contacté Besson au moment de la création de ce studio européen.
Coulevaire, qui sera certainement taxé de simple faiseur, n'a que peu participer à l'écriture du film, qu'il a laissé à Gilles Maleçon et Luc Besson. Aucun des 64 albums n'a servit à l'histoire - même si "Le 13 est au départ" semble le plus exploité dans cette synthèse. "Nous nous sommes surtout imprégnés de l'esprit Vaillant, de ses rapports avec les autres, avec sa famille." Révisionnisme? Prétention? Peu importe car le seul but de tout cela est de dessiner un prétexte pour filmer les 24 heures du Mans (mieux que les poursuites de Taxi?) et d'en faire une version frenchy de Jours de Tonnerre (avec Cruise). Soyons moins méchants en citant l'autre film phare qui a pris la course du Mans (qui vient de célébrer ses 80 ans) comme décor : Le Mans (de Steve McQueen), en 1971. La production a d'ailleurs démarré avec le Grand Prix 2002 (en juin) où certaines scènes ont profité de la "réalité" pour insérer leur fiction. "La partie qui se déroule au Mans est un fantastique atout pour le film par son réalisme et son énergie, mais elle est assez frustrante pour un metteur en scène." Pourtant, à lire entre les lignes, le reste des épreuves (que ce soit au Mans ou au Canada) s'est avéré un cauchemar technique, avec une succession d'avaries.
46 ans après les premières planches (dans Le Journal de Tintin) et 36 ans après la sérié télévisée, Vaillant s'offre donc une entrée dans 600 salles de France. Pour Europacorp, l'enjeu est immense. D'abord parce que Taxi 3 n'a pas fait aussi bien que Taxi 2, même s'il garde la pôle position des films français sur l'année 2003. Fanfan la Tulipe, autre grosse production maison, malgré (ou à cause de) l'avant-première cannoise n'a pas atteint les chiffres espérés avec à peine 1.2 million de spectateurs. La société de Besson n'est pas vraiment au vert. Et un échec de Vaillant serait catastrophique pour les comptes d'Europacorp.
Aussi tous les moyens sont bons question marketing. Un nouvel opus de la BD vient de sortir ("L'épreuve"). L'affiche exhibe une rivalité franco-américaine à peine populiste (et les méchants sont en rouge et noir de peur qu'on ne comprenne pas). Et le slogan (No Limit) est anglophone (Pas de limite c'est trop ringard peut-être?). Le placement produits des sponsors est plus que visible (jusqu'à cette scène surréaliste où une voiture de sport s'arrête dans une station service pour se ravitailler, ce qui est évidemment impossible). La musique d'Archive tourne sur les radios FM depuis quelques semaines. Le quatrième album du groupe a été produit par le studio de Besson. Mélange des genres inhabituels. Le dossier de presse n'oublie pas de nous signaler un livre making of, la contribution de trois sponsors et la vente aux enchères de planches originales prévues en décembre. Tout est formaté pour faire du film un événement. Alors pourquoi vouloir y voir une oeuvre artistique puisque Besson le vend comme un produit alimentaire (avec merchandising à la clef)? Chaque article est un peu plus de publicité. Et besson ne veut que de la bonne pub.
Dans ce cas on comprend pourquoi il a peur de la critique. Mais pourquoi ne "vendre" que les cascades et les bolides pour appâter le spectateur? Pourquoi avoir créé une histoire aussi insipide? Pourquoi prendre un cinéaste qui n'a pas prouvé sa valeur commerciale et artistique? Pourquoi faire une avant-première au festival de Tokyo, loin des médias occidentaux? Nul doute que si le film marche (il faut au moins 2 à 3 millions de spectateurs en France pour que cette aventure soit rentable), il y aura une suite. Si Michel Vaillant n'a rien à voir avec la frousse, ses producteurs semblent couards. Le cinéma devienrait-il une industrie sérieuse?
Le seul intérêt du film résidera dans son casting, de choix. Le très beau Sagamore Stévenin (fils et frère de) vu dans La totale, Comme une bête, Romance, le très fade Peter Youngblood Hills (The Beach), la très belle Diane Kruger (épouse de Guillaume Canet) vue dans Mon idole avant de la revoir dans Troy (avec Brad Pitt), le très séduisant Jean-Pierre Cassel (L'ours et la poupée, Les Rivières pourpres), la très grande Béatrice Agenin (Itinéraire d'un enfant gâté) et le très méchant François Levantal (pas mal de Tavernier, quelques Kassovitz, et récemment Se souvenir des belles choses, Mauvais esprit et Blueberry).
Avec ses méthodes commerciales habituelles, Besson ne va pas améliorer ses relations avec la profession. Le public le suivra-t-il dans cette énième croisade du "vide de sens", de ce divertissement à l'américaine "made in France"? Cela n'apportera rien au cinéma européen, artistiquement parlant, si ce n'est de l'argent et une éventuelle gloire à placer un hit dans le Box Office mondial de l'année. Besson aurait-il la potion magique pour résister à l'envahisseur?
Tout cela est plausible, probable même. Cependant, derrière ce "concept", il n'y a aucune raison de croire que Michel Vaillant ne fera progresser le cinéma en tant qu'art (mais de cela tout le monde se fout) et ne rendra pas plus intelligent le spectateur (mais cela fait longtemps que l'ambition audiovisuelle cherche même le contraire).
Bref, ce ne sera pas plus mauvais qu'une daube américaine. Mais ce ne doit pas être mieux sous prétexte que c'est européen.
 
vincy
 
 
 
 

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