Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Anger Management (Self control)


USA / 2003

04.06.03
 



RAGE AGAINT THE SYSTEM





"- Dîtes moi qui vous êtes, pas ce que vous faîtes !
- Pouvez-vous me donner un exemple de bonne réponse ?
"

Les vols intérieurs ont toujours été une source de satires pour les comédies hollywoodiennes, illustrant une corvée inévitable. Dans Mon beau-père et moi, Ben Stiller était arrêté pour avoir insulté une hôtesse de l’air qui avait dû être formée à l’école des névrosés. Dans Self-control, C’est Adam Sandler qui se fait arrêté pour avoir toucher le bras d’un membre du personnel navigant incompétent. Après le 11.09.01, il est devenu dangereux de les critiquer. Aussi, durant la première demi-heure, nous voyons une comédie à l’ancienne, pour notre plus grand plaisir : toutes les aberrations du système américain - paranoïaque, juridique à l’excès, aliénant l’originalité de l’individu - sont criblées et font de Sandler une parfaite victime innocente avec une société en folie aux trousses.
La morale finale (hormis que les femmes cherchent toujours à transformer leur bonhomme en fonction de leur idéal), à notre plus grand regret, gâche ce portrait sans concessions de l’Amérique, pour l’édulcorer. Pire, tout ce qui était critiqué paraissait crédible dans une Amérique prude et politiquement correcte, adepte des thérapies collectives et craignant les dérangés mentaux. Le final a un effet pervers puisqu’il essaie de nous convaincre que tout cela n’est qu’un gigantesque cliché. Final odieux à la gloire appuyée de Giuliani, aussi sucré qu’un tas de bonbons à la guimauve, massacrant la sympathie éprouvée pour les personnages et leurs défauts. Il semblerait qu’un individu timide, singulier, compétent, amoureux à sa façon n’est pas le droit d’avoir quelques défauts. Il faut corriger cela. Peu importe les moyens, pourvu qu’il devienne chef à la place du chef, qu’il sache castagner une vieille histoire de 20 ans, qu’il drague une blonde en robe rouge, ou qu’il sache ne plus se mettre en colère. Tout ce qui est propre à l’humain doit disparaître.
Ce poison du diktat de l’apparence et ce refus de l’originalité conduisent le film à ne pas atteindre les niveaux d’une comédie de ce type, habituellement plus lisse mais davantage subversive. Ici, c’est l’inverse. Il y a franchise mais l’argumentation nous laisse de glace. D’ailleurs toute la mise en scène tient le spectateur à distance. Sandler ne semble pas remplir le cadre et Nicholson est inexistant sur son dernier tiers. Les meilleurs moments sont ceux où les deux se côtoient ou s’affrontent. Là, les eux sont formidables. Il le faut tellement les seconds rôles sont utilisés comme des faire-valoir.
La réalisation est blâmable. Avec autant d’inserts où la ville de New York sert de décors, on se croirait dans une sitcom où sont compilés plusieurs épisodes. Les dialogues ne manquent d’ailleurs pas de punch, et soulignent cet aspect télévisuel, jusqu’à employer des personnages caricaturaux et peu intéressants (la grosse tantouze, le fou hystérique, le super bien membré, le directeur lâche, la petite amie jolie...). Pour le pire comme pour le meilleur. Dès qu’il tombe dans l’excès, le film prend de la saveur. A contrario, certaines séquences tombent à l’eau. Trop américain et pas assez profond, intime, trop déjà vu et pas assez destructeur, la comédie, qui se laisse regarder (n’exagérons pas non plus), crée plus un malaise qu’une séance de musculation des zygomatiques. En effet, on comprend vite que ce pays, qui prône la liberté individuelle, électrocute de bons citoyens pour neutraliser leurs revendications. On coupe les couilles pour mieux le faire rentrer dans le rang. Si l’on appelle un happy end cette fin où Sandler appartient enfin au groupe, alors, en effet, nous sommes dans une matrice qui nous empêche de voir le monde tel qu’il est : un cauchemar où notre personnalité doit se noyer.
 
vincy

 
 
 
 

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