Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Windtalkers (Les messagers du vent)


USA / 2002

04.09.02
 



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- Il est comment ton blanc ?
- Affamé

Nourri dés son enfance de classiques du cinéma américain, John Woo a concrétisé son rêve ces dernières années, en franchissant les grilles des studios hollywoodiens. Son exil lui a permis en effet d'accéder à une reconnaissance populaire internationale. En a-t-il pour autant perdu l'intégrité d'auteur que beaucoup lui confèrent ? La réponse n'est pas évidente. Les artistes de Hong Kong ont cette passion teintée d'humilité qui les porte à exporter leur savoir-faire pour ce qui les caractérise, semblables à des artisans orfèvres, mais sans une remise en question fondamentale de leurs compétences. Ainsi Jackie Chan reste dans Shangaï Kid ou Rush Hour, cet éternel clown acrobatique, incarnant l'étranger en décalage qui tente de s'intégrer dans la société américaine, mais sans véritable évolution perceptible. De même les projets confiés à John Woo, l'ont toujours été afin de mettre en valeur ses talents de cinéaste chorégraphe de films d'action. Le réalisateur s'en est toujours accommodé, ficelant des grosses BD avec une grande efficacité, voire une réelle réussite (Face Off). A la tête de sa nouvelle compagnie de production Lion Rock, John Woo semble cependant un peu fatigué de figurer le faiseur pour des produits vendeurs mais peu gratifiants comme M : I-2. Il n'est pas étonnant de le voir s'attaquer à un projet plus ambitieux et finalement moins familier: la fresque historique de guerre. Le genre est revenu à la mode depuis le triomphe de Saving Private Ryan de Spielberg, Annaud s'y est collé plus récemment pour Stalingrad, tandis que Bay et Gibson enfonçaient le clou avec respectivement Pearl Harbor et We Were Soldiers.

Hélas le plantage intégral de Windtalkers ne pourra pas s'expliquer uniquement par un incontournable phénomène de lassitude du public pour un filon un peu trop exploité. Aux commandes de sa machine militaire, le virtuose semble plutôt emprunté. On comprend en même temps ce qui a pu attirer le réalisateur dans cet hommage aux loyaux services rendus à la patrie américaine par des amérindiens longtemps laissés pour compte. On sent que John Woo s'identifie complètement au personnage de Ben Yahzee, soldat de fortune dont le parcours pour atteindre la reconnaissance de ses pairs par la grâce du dévouement et de la foi n'est pas étrangère à celui du metteur en scène. S'appropriant le passé historique de sa terre d'accueil, il ne parvient jamais à dépasser les événements pour exprimer, en toute possession de ses moyens, sa vision d'auteur. Probablement par peur de froisser la mémoire des anciens combattants et de se fourvoyer dans sa participation à la mémoire collective des Etats Unis, il s'en tient au bon déroulement des faits, enchaînant les batailles (en suivant sagement la feuille de route à l'écran) et leur lot de cadavres sans parvenir à en dégager un discours profond. Pire, les personnages de son intrigue ont vraiment du mal à s'imposer, à développer leurs relations sous le tir adverse. Pourtant le scénario livrait au réalisateur le point de départ à une de ces histoires viriles d'amitié conflictuelle et un peu naïve, dont il s'est toujours montré particulièrement friand. Malheureusement et malgré des acteurs en grande forme (meilleur personnage déprimé pour Cage depuis Leaving Las Vegas), tout reste appuyé et trop caricatural sous le déluge d'effets pyrotechniques pour être convaincant. Que dire de la relation de Christian Slater et Roger Willie quand celle-ci se limite à taper un bœuf au pipeau et à l'harmonica. Dans le même genre on retiendra l'amourette particulièrement mièvre entre Nicolas Cage et Frances O'Connor qui n'évite aucun cliché…

On devine John Woo soucieux de préserver sa réputation et conscient des risques auxquels il s'expose. Certes le film est spectaculaire sur certains plans : débauche de figurants, d'accessoires pour la reconstitution... Pourtant du montage parfois surprenant, aux choix artistiques contestables sur l'image, voire faibles sur certains ajouts numériques (avions en synthèse), on finit par se demander dans quelle mesure le réalisateur n'a pas été dépassé par la somme énorme en dollars qui lui a été attribuée et écrasé par la pression des executives de la MGM. Se produisant par le biais de sa nouvelle structure et trouvant ainsi une part d'autonomie quant aux choix de ses films, il semblerait que l'émancipation de l'auteur demeure encore inaccessible sur des projets d'un tel coût…
 
petsss

 
 
 
 

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