Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Man on Fire


USA / 2003

13.10.04
 



L'AMERIQUE BRULE-T-ELLE?





"- Je les transbahute et ils me prennent pour John Wayne"

Que faut-il réellement attendre d’une nouvelle réalisation signée Tony Scott ? A la vue de sa " maigre" filmographie – tout en prenant soin d’exclure de ces méchancetés, True Romance et Spy Game) –, le choix paraît aussi simple que simpliste : pour les puristes de films d’action consciencieux, pas grand-chose à se mettre dans l’œil sans parler du cerveau. Pour les spectateurs les moins regardant, du blockbuster calibré pas finaud pour un sou, avec un quota de tôle froissée et de cascades exubérantes largement respecté. Bref, un cinéma de basse voltige mais loin d’être en tout point désagréable à la première projection. Toujours est-il que ce grand farceur de Tony Scott semble, une fois n’est pas coutume, avoir pris un malin plaisir à faire taire toutes les mauvaises langues. Du moins dans la première heure. Si tout un chacun consent, d’entrée, à pardonner un pré générique pompeux et une mise en scène bardée de tics visuels anesthésiants, Man on Fire surprend dans son approche quasi intimiste du couple "inédit" formé par une minuscule et angélique tête blonde protégée par un bodyguard désabusé. Mâchoire serrée et regard fuyant, Denzel Washington campe à merveille un Creasy jusque-là sourd à toute forme d’amour et qui trouve dans la jeune Pita, une forme de rédemption quasi inespérée. Certains regretteront la transparence de Christopher Walken et Mickey Rourke, réduits à étoffer, tant bien que mal, un casting qui se veut imposant. En dépit d’un sentimentalisme gnangnan et très hollywoodien (la faute à Dakota Fanning, pour qui le spectateur versera, à chaque fois, une larmichette, garçons et critiques y compris), le réalisateur laisse libre cours à une intrigue certes surexploitée mais payante. Aux coups de feu perdus et autres explosions fracassantes, Tony Scott préfère un suspense filant crescendo avant d’atteindre son point culminant dans une séquence de kidnapping horripilante. Plutôt efficace.

Mais s’en est déjà trop pour un simple faiseur comme Tony Scott qui semble d’un coup prit par une étrange crise existentielle. Le rapt et l’échec des négociations pour la jeune Pita font basculer Man on Fire vers une imagerie réactionnaire et nauséabonde que ne renierait pas certains grands propagandistes américains (le tout signé Brian Helgeland, scénariste de Mystic River). Tel un geôlier vengeur échappé de la prison d’Abu Grahib ou de Guantanamo, le brave et preux gringo Creasy s’adonne, sous l’œil complaisant du réalisateur (et d’une partie du public ?) à la traque et à la torture des intermédiaires, des exécutants et des commanditaires. Hommes et femmes. Rien ne nous épargné : hémoglobine, voyeurisme, citations bibliques et exécutions sommaire sur fond hurlant de Luciano Pavarotti. Mais qu’importe la manière quand l’honneur d’une gamine de 9 ans à peine est en jeu. Triste morale. Le public sud-américain a sans doute apprécié la bonne leçon de démocratie (corruption de la police, de l’Etat à tous les niveaux…) de ces illustres voisins yankees. La séquence finale, pourtant poignante, ne pèse déjà plus très lourd face au message d’intolérance qui imprègne l’écran. Pas de quoi améliorer la réputation violente et acharnée d’un certain cinéma américain. Quant à Denzel Washington, certains préféreront sans doute se replonger dans Cry Freedom ou Hurricane Carter, films plus proche d’un certain message de respect et de fraternité, véhiculé par l’acteur à longueurs d’interviews.
 
jean-françois

 
 
 
 

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