Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Manchurian Candidate (Un crime dans la tête)


USA / 2004

03.11.04
 



ELECTION, PIEGE A CON





"- Aide-moi ou tue moi, mais faits un choix!"

La première réaction à ce thriller plutôt bien ficelé est de vouloir mater la version originale. Certes la technologie a évolué (perdant sa poésie surréaliste), les médias sont plus présents, mais l'intrigue finalement n'a pas beaucoup bougé. De la Corée à l'Irak, les guerres ont toutes leur syndrome. Des anticommunistes aux ultracapitalistes, les prétextes sont toujours idéologiques. L'Amérique n'a pas changé. Le remake a quelques différences avec le film d'origine. Mais Jonathan Demme parvient à mêler une bonne dose de divertissement à un propos cinglant sur la mécanique électorale américaine. Le réalisateur reprend un peu de poil de la bête après quelques échecs.
Si le film se perd un peu dans son dédale de déviations, le cinéaste parvient à réaliser un début tendu et une fin sous haute tension. En jouant sur la folie et la manipulation de la mémoire (parano aiguë à Hollywood ces derniers temps), The Manchurian Candidate ne se distingue pas des productions actuelles. C'est bien dans son propos politique, en situant son suspens dans le cadre d'une campagne électorale, qu'il se singularise. Cependant, en se confrontant ainsi à l'actualité, la fable prémonitoire du Frankenheimer se transforme avec Demme en simple divertissement "intelligent", qui prend ses racines dans Les Rois du Désert et finit comme The Bodyguard.
Car le malaise proviendra de la maladresse politique - un comble - du script. A trop vouloir "neutraliser" politiquement le propos (la stratégie électorale semble celle du parti démocrate tandis que les valeurs véhiculées et les relations avec l'industrie sont plus proches des républicains), le flou est accentué et noie le spectateur dans un involontaire "tous pourris". Alors que Frankeinheimer extrapolait l'évolution d'un système à partir des décisions d'Eisenhower, Demme ancre son propos dans une réalité (la manipulation du pouvoir politique par les conglomérats) vieille de 35 ans et qui n'a rien d'innovant, puisque actée, acceptée, assumée. Le film aurait mérité à aller plus franco dans la critique ou la dénonciaition; soit il fallait en faire un simple amcguffin, soit il fallait aller plus loin dans la crédibilité. Mais, hélas, les documentaires sont aujourd'hui plus pertinents pour décrire les coulisses du pouvoir. Et le cinéma, avec sa dose de factice (la nanotechnologie a un côté kitsch et science fiction), ajoute à une confusion des genres qui n'est pas forcément saine.
Ce déséquilibre permanent entre réalité et show, entre message et image, nuit légèrement à l'ensemble. D'autant que la théorie du complot est un peu usée... Demme est plus inspiré quand Washington ôte la puce de Schreiber, comme on enlève une virginité : morsure, pose suggestive, lutte, hurlement d'un viol... Car le film est séduisant. On ne peut pas s'empêcher de penser à Halliburton, Monsanto, Carlyle et cie quand on voit les dirigeants de Manchurian. Et cette métaphore de la manipulation de l'opinion est forcément passionnante en ces temps de haute propagande. A l'image de ce pantin dont on perce le crâne, allégorie violente qui n'a rien à envier à ces marionnettes qu'ont dit manipulées par les lobbies.Tous les codes du film noir sont respectés, avec, en premier lieu, cet innocent persécuté et soupçonné. Demme flirte avec Freud et Hitchcock, avec l'inceste et l'espion infiltrée. La mort aux trousses n'est pas loin. Et le réalisateur sait mettre en scène tout ce mouvement vers une fin amère. Les acteurs apportent une belle crédibilité : Washington, dans un personnage à la Costner, est éminemment trouble. Schreiber nous émeut avec sa candeur et sa fatigue. Et Streep, en mère de toutes les guerres, dévore tout ce qui passe et méritera ce qui lui arrive : on ne joue pas avec la démocratie, Madame. Dans cette version dramatique et politique des Liaisons Dangereuses, on se dit que le citoyen est de plus en plus absent. Pour une fois le spectateur, lui, n'est pas trop pris pour un con.
 
vincy

 
 
 
 

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