Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La confiance règne


France / 2004

10.11.04
 



PAS EN ODEUR DE SAINTETE





"- Vous êtes définitivement une femme de droite, Françoise.
- Gaulliste, nuance.
"

L'enfoiré Vincent Lindon rote. La salope Cécile de France fait prout avec sa bouche. Et les deux rigolent. Cette scène là se répète souvent dans un scénario qui tourne en rond. Et nous nous interrogeons. En cherchant bien, il y a une explication : ils ont 8 ans d'âge mental (et le QI d'un CM2) et l'humour qui va avec (les traces de pneu dans un caleçon, le concours de pets). Ils s'entendent d'ailleurs très bien avec les gamins et les séniles.
Mais cela ne suffit pas à pardonner l'outrage. Ce n'est pas tant l'humour scatologique, c'est la quintessence d'un mauvais Chatiliez. Il rate toutes ses fins? Celle-ci est sans doute la pire, la plus incohérente, la moins poétique. Il aime les méchants? Ici ils ne passent même pas en justice. C'est l'anarchie totale. On prend aux riches pour donner à soi-même. Incultes et cupides, ces deux protagonistes sont excusés par leur bêtise et leur vulgarité, leur parcours "rousseauiste" à faire pleurer dans les chaumières, Symboles de notre société? On peine à lui donner ce prétexte à ce road-movie sans allant.
Le problème est bien cet esprit de la répétition. Chatiliez n'aurait-il plus rien à dire? plus personne à mordre? Eric Berger est toujours aussi sage et appliqué que dans Tanguy. Cécile de France n'est rien d'autre qu'une cousine proche de Catherine Jacob dans La vie est un long fleuve tranquille. Les Le Quesnoy sont partout, en bobos parisiens ou en haute bourgeoisie alsacienne. Les Groseille sont pires qu'avant si l'on en croit le taudis où sont nés Berger et De France. D'étapes en escales, de familles dépouillés en cocaïne dérobée, le film s'enlise doucement vers sa fin lamentable (et pas drôle). Bien sûr, grâce à quelques dialogues et quelques situations, le film parvient à divertir et même à faire rire, au début. Cela aurait pu donner un excellent film à sketches, s'il avait été plus précis dans l'écriture. Il ne reste que l'observateur d'une France qui sent le faisan, réglant ses comptes avec les carcans liberticides. Si les rebondissements avaient été plus riches, la satyre plus profonde. Toute tentative de cynisme est vite évacuée : Chatiliez n'est jamais méchant ou excessif. Pourtant, il les a tous sous son oeil : les racistes, les liftés, les snobs, les fonctionnaires, les banquiers, les traditionalistes ... Ce ne sont que des procureurs de gags, des caractères qui servent à meubler la galerie. Si bien qu'on y critique plus facilement le Lubéron que le déclin de cette caste. Chatiliez ne parle finalement que de son milieu, en y insérant un virus : chronologiquement Benoit Magimel, Isabelle Nanty, la télé, la Loi. Au fur et à mesure les virus sont de plus en plus gentils dans un monde de plus en plus rigide. Ils en sont devenus naïfs et grossiers.
Il dynamite avec joie ses congénères, explose avec bonheur leurs préjugés. Mais pour la première fois, il loupe sa cible. Le film ne sait pas se situer entre le burlesque et le réel, entre des demeurés et des profiteurs (tout le monde étant l'un et l'autre). Car tout est forcé ("Une p'tite pipe?"). Et rien n'est aboutit. Il traite maladroitement d'une fracture entre deux France. Ca ne choque pas. Ca ne provoque rien. Ce n'est même pas réfléchi : c'est une version "plouc" de la richesse et du luxe qui nous est imposée. Pourtant il y avait quelque chose à dire sur ces nouveaux riches et certaines valeurs (comme le travail). La haine des gens bien éduqués est peu crédible, l'éloge de ses deux héros non plus. Et comme il n'y a jamais d'échange... Il aurait fallu finir sur une note plus généreuse. Mais Chatiliez a suicidé son film dans une veine grotesque. Caricatural, il passe à côté de tous ses sujets.
Il n'y a bien que l'absurdité qui fonctionne. Et on applaudit bien fort les acteurs de s'être livré à cette humiliation. L'élite (et ses sponsors) n'a pas démérité, tous les comédiens, quand ils ont le droit d'exister (il manque des scènes pour comprendre certaines relations approfondies), sont bons.
Bref le ratage est à la hauteur de la déception, énorme. Chatiliez n'est pas dans la situation d'un Blier, même si cette Confiance offre des similitudes avec Les Côtelettes. Il peut se rattraper avec un bon scénario. Le mouvement ne lui sied pas. Il aime les plans tranquilles, les maisons et les appartements. Ici, cette fuite en avant nous conduit à nous désintéresser de ce film sans morale et sans but. Une fois trois couples bourges dévalisés, on n'a qu'une envie : décamper. Et désormais, la méfiance régnera : un comble pour celui qui nous avait donné 4 des meilleures comédies de ces 15 dernières années.
 
vincy

 
 
 
 

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