Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Kill Bill vol. 1 (Kill Bill 1)


USA / 2003

25.11.03
 



TARANTINO JOUE SON FEELING SUR SA PLATINE





«) Ceux qui sont encore en vie, profitez-en pour le rester, tirez vous !!»

Dis moi ce que tu as vu, je te dirai quel cinéaste tu seras, tel pourrait bien devenir désormais l’adage incontournable des jeunes générations de réalisateurs en devenir et ce bien plus que leurs prédécesseurs (Scorsese, Spielberg) qui n’ont pas connu les joies de l'accessible VHS qui tourne en boucle lors de leur croissance. Quentin Tarantino pourrait avoir été le précurseur de cette lignée de rejetons de la société du spectacle biberonnés jusqu’à l’overdose de tous les dérivés de la pop culture disponibles en boutique. L’héritage est lourd à dépasser pour chacun tant les références sont profondément inscrites dans les mémoires par les multi diffusions. Beaucoup versent immanquablement dans la nostalgie de leurs jeunes années ce qui explique les éternels revivals des années 70 et 80 auxquels on assiste actuellement dans l’ensemble des industries artistiques. Une tradition de l’hommage admiratif qui se perpétue donc telle une leçon bien apprise ou un dessin soigneusement décalqué, mais qui laisse quelque peu interrogatif quant au renouvellement de la création et à son évolution (on n’invente plus, on remixe...). Tarantino prenant de la bouteille, il avait démontré avec Jackie Brown qu’il était parvenu à s’émanciper de ses émois de fan adolescent pour entamer une véritable carrière d’auteur, construisant un style propre sur un récit solide. Sauf que le garnement se refuse à pousser trop vite et les bons points empochés il négocie un retour à ses premières amours de pures citations cinéphiliques revendiquées.
Ainsi Kill Bill, dans le concept, reviendrait donc à réunir ses meilleurs potes, entre bière et junk food, pour une soirée musique et vidéo dans sa garçonnière aux murs encore ornés des impérissables posters d’idoles. La perspective est plutôt sympathique étant donné l’excellent souvenir qu’avait laissé la séance Pulp Fiction. Il va falloir se faire une raison, Tarantino prend autant son pied en tant que réalisateur qu’en tant que Maître de cérémonie. D’entrée il donne le ton avec un générique clin d’Ïil à la surenchère potache destiné à son public supposé acquis, en tout cas prié d’être averti. S’enchaîne donc à peu près tout et n’importe quoi, un label kitsch de la compagnie de production des frères Shaw, une citation Klingon (faussement piquée à Star Trek ?) et une accroche effrontée numérotant ce nouveau tirage prestigieux comme la quatrième oeuvre du cinéaste. L’audience est donc prévenue, les fâcheux désirant se prendre au sérieux sont priés de s’éclipser ou de la mettre en veilleuse. Le principe du film simpliste à l’extrême (un script de série Z qui pourrait tenir sur un ticket de cinoche) n’est qu’une excuse pour livrer une suite de sketchs exutoires destinés à devenir cultes, comme une vaste compile des meilleurs morceaux de bravoures des salles de quartier qui rappellerait presque la défunte Séquence du spectateur, version crado. Les segments se succèdent, au gré de la vengeance du personnage principal, façon passage au prochain niveau d’une cartouche Playstation. Vous avez survécu à l’épreuve Blaxploitation, qu’en sera-t-il de la partie comédie Anime en attendant la transition James Bond et le final Bruce Lee ?
Si dans son postulat de départ Tarantino a décidé de s’en tenir au ludique, il aura veillé à ne pas décevoir les collectionneurs intégristes et obsédés des conventions cinéphiliques. La reconstitution a donc bénéficié d’un soin remarquable de la part de Tarantino, qui veut bien modestement passer pour un cancre de première classe, mais certainement pas pour un mauvais réalisateur. Son film fourmille d’idées visuelles audacieuses, de situations gaguesques réjouissantes qui suscitent un étonnement permanent et permettent de rester relativement scotché à l’écran (à l’exception du carnage final interminable qui finit par ramer pour s’inscrire dans le timing du zapping). Si son casting est aux petits oignons et sa direction d’acteur toujours au point pour donner vie à une galerie de protagonistes traditionnellement allumés, les dialogues marquent curieusement le pas cette fois-ci, privilégiant l’efficacité incisive aux répliques anthologiques. A défaut d’être franchement novateur, le jouet est définitivement rutilant. Difficile d’être aussi conciliant sur les dimensions de la cour de récré qui aura été allouée au cinéaste pour s’éclater dans son généreux délire.
Question de volume, Kill Bill première partie, au-delà de sa surenchère démonstrative, peine à trouver une véritable finalité intrinsèque puisque sa raison d’être demeure intimement suspendue à sa suite. Compartimenté à la base de son déroulement en une succession d’épisodes distincts, son « à suivre » en conclusion ne renvoie qu’un peu plus vers la série télé qui ne bénéficie pas des mêmes contraintes d’exploitation ni de soutien d’attention dans le suivi des saisons. Au cinéma où le temps est moins élastique, il ne reste qu’un sentiment de frustration engendré par l’aspect inachevé du volet qui ne rivalise pas forcément avec l’enthousiasme déclenché par la seule débauche d’effets de style. Car c’est bien l'abattage qui prime définitivement ici, en lieu et place d’un script honnêtement proportionné dans sa charpente, dans ses enjeux. Le genre caricatural se prêtait au vide grenier impromptu de souvenirs, on assistera plutôt à un encombrant déménagement de musée étalé sur plusieurs mois. Beaucoup moins attractif bien que très encyclopédique.
A défaut d’en exiger une paire équilibrée, un film aurait raisonnablement mieux valu que deux moitiés... mais le mur d'images reste impressionnant et touchant de sincérité naïve.
 
petsss

 
 
 
 

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