Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



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Bruce Tout-puissant (Bruce Almighty)


USA / 2003

03.09.03
 



TU NE RIERAS POINT





"- C’est le Paradis ? - Non, c’est le Mont Everest. Tu devrais zapper sur Discovery Channel..."

Si vous êtes athée, fuyez ce film comme la septième plaie d’Egypte.
Évidemment, Ecran Noir aurait mieux fait d’envoyer une grenouille de bénitier plutôt qu’un agnostique primaire. Car le principal défaut de cette "comédie" vraiment pas spirituelle est de ne jamais poser LA question. Être ou ne pas être, aurait clamé l’Hamlet. Dieu, ici, c’est un postulat, existe. Il n’y a même pas à discuter. C’est d’ailleurs un Dieu plutôt chrétien dans l’imagerie. Le contraire aurait été étonnant. Donc, si l’on comprend bien, le film vise les Chrétiens occidentaux, espèce minoritaire sur la planète. À moins que ce ne soit un instrument de propagande missionnaire pour les autres peuplades.
Nous allons éviter de nous attarder sur cette pantalonnade à peine blasphématoire et très moralisatrice. Amen. Concentrons-nous sur Jim la tête au Carrey. Car le film n’existe que pour lui, autour de lui, avec lui. Le film est même une sorte de justificatif à ses pitreries. "Je dois jouer les tarés" clame-t-il à regrets. Pour mieux finir en clown... Comme si le fanfaron avait besoin de prouver que son talent à faire rire (qui ? depuis quand a-t-on rit avec Jim Carrey ?) était une qualité noble, afin d’établir un lien crédible avec le reste de sa filmographie chez Weir, Forman ou Gondry. Aussi, avons-nous le droit à la totale : pastiche, gag urologique, visage protéiforme, secousses spasmophiles de son corps, etc... Ventriloque ou pétomane, il reprend à son compte tous les aspects du comique troupier. Il est par ailleurs "freudiennement " intéressant d’observer dans la première partie du film la position de l’arrière-train à l’avant plan. Accroupi ou debout, le cul de Carrey est comme un accessoire indispensable à ce gag man encore porté sur l’humour scatologique. Le réalisateur nous met son postérieur au centre de l’image, comme s’il était le coeur du jeu de l’acteur. Tout cela est un peu éculé... Ce Buffalo Bruce, à peine sorti de la brousse culturellement parlant, très américain moyen, n’est en rien cynique. Il est bon d’être bon. Et de jouer avec sa soupe de tomates pour en faire une mer rouge (sic !) se séparant en deux. Le scénario - plus que médiocre - n’est pas très imaginatif, ce qui peut expliquer le "je" surdimensionné du comédien (qui a le don d’en faire un jeu). On alterne les scènes dîtes comiques et les dialogues ou monologues assez plats. Ce film manque terriblement d’un regard ironique, d’une écriture onirique et aligne les platitudes et les clichés.
Involontairement, il humilie les Américains, tous bêtes, et dresse un portrait d’une société qui ne cherche jamais à remettre en cause ses valeurs. Là où Cukor ou Hawks se seraient moqués de la puérilité de tels personnages, Shadyac (toujours aussi mauvais) glorifie la banalité de sa civilisation. On se croirait dans une sitcom des années 50 où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. À voir les gueules des serveuses ou des boulangères, l’Amérique divine est celle d’une époque révolue. Alors que tout le monde croit encore aux vertus de la prière dans ce film, le spectateur prie pour rire un peu, à un moment donné. A croire que Dieu n’existe pas, le rire n’arriva point. D’ailleurs, même si Dieu existait, le film nous démontre que ça ne changerait rien : seule la volonté individuelle fait vraiment bouger les choses. Dieu, c’est juste un code moral. Le reste n’est qu’affaire d’actes et de conséquences. Nous voilà rassurés. Plus besoin d’appeler le 776 23 23 ou de priez. Reste que Jim Carrey a réussi à faire rire les Américains, les Chiliens, les Indiens et les Allemands avec ce film impuissant. Je mérite sans doute le purgatoire ou le Soleil de Satan. Faut croire.
 
vincy

 
 
 
 

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