Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Masahista (Le Masseur, The Masseur)


Philippines / 2005


 



MASSAGES PAS SAGES





"- Hey on porte la même marque de sous-vêtements !? Je pourrai revenir à la maison avec le tien sur moi!"

Mix de documentaire sur les salons de massage servant de bordels homos et de fiction sur l'enterrement d'un père, Masahista est avant tout l'apprentissage du monde adulte par un jeune homme candide. Le film fonctionne symétriquement : on habille le papa pour ses funérailles, on déshabille le client pour son massage; de même le rituel : c'est tout un cérémonial mettre sous terre un défunt comme de faire grimper au septième ciel un massé.
Si cette opposition est parfois maladroite, dans son découpage et sa construction chronologique, elle demeure gonflée dans un pays à la fois pauvre et catholique, où le sexe est à la fois pêché et métier. D'autant qu'on parle d'homosexualité, vice suprême. Sans compassion, le regard de Mendoza n'est jamais sordide, et rarement érotique (ni les corps ni les visages ni les gestes ne sont assez beaux). Juste des faits qu'il déroule cliniquement, avec l'émotion d'un côté et la sensualité de l'autre. Si l'image est parfois trop insistante, le propos reste toujours intéressant. Ici, pas de morale. Juste des devoirs. Publiquement, les payeurs n'assument pas leur orientation sodomite tandis que famille et petite amie savent d'où provient l'argent des jeunes hommes; la limite dans ce type de prostitution est la même partout : ils n'embrassent jamais leurs "mécènes" sur la bouche, domaine réservée à la copine. Ces paradoxes sont la face visible de l'iceberg.
En profondeur, les choses ne sont pas si simples. Si les divas hypocrites que sont les massés ne réservent que peu de surprises, le masseur, personnage principal est au coeur d'un maelström psychologique. Où son premier client se confond mentalement avec l'image de son père. Trouble qui interpelle le spectateur, dans ce mix éros/thanatos.
Film étrangement pudique, Masahista est dévalorisé par sa piètre qualité technique. Tourné à la va vite, avec peu de moyens, il mérite sans doute l'indulgence; d'autant que le script est intéressant. Mais il ne se dégage rien de particulier - ni tristesse, ni mélancolie, ni sentiment - au final. Il a manqué quelque chose qui nous rende attachant cette initiation. Sur la forme, il s'agit peut-être d'images trop plates, de plans pas assez suggestifs ou nuancés. Sur le fond, en revanche, il est certain que ce jeune homme qui doit supporter une "girlfriend" hystérique et vulgaire, une famille désormais sans père, et des clients finalement rares et radins, nous captive davantage. Il y a quelque chose de touchant à le voir, regard perdu, contempler le plafond tandis qu'on le saute; ou encore en train d'essayer de jouer les hommes avec son petit frère. L'apprentissage est un rude chemin, et le sentir un peu paumé le rend simplement humain. Loin de tout jugement, justement.
 
vincy

 
 
 
 

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