Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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PTU


Hong-Kong / 2003

05.10.05
 








RIZ AMER

"Où trouvera t-il du courage cette fois-ci?
- Il devrait en conserver pour tomber les filles...


Johnny To est-il un auteur confirmé ou un roublard habile et hilare, roulant dans la farine ceux qui optent pour la première hypothèse ? Celui qui alterne comédies inénarrables et polars crépusculaires riait-t-il sous cape lorsque qu’il choisit comme élément déclencheur de cet opus la figure la plus éculée du Splastick, usée à la corde par Harold Loyd, Laurel et Hardy ou autre Fatty, à savoir le type qui glisse sur une peau de banane ? Dès lors, l’austérité affichée de ce PTU révélerait plus encore que son cynisme jusqu’auboutiste une indéniable farce à la John Huston, là où le spectateur à la fin ou quelques jours plus tard, se le remémorant, se demanderait s’il ne s’est pas fait avoir…
PTU est un métrage se déroulant quasiment en temps réel, durant la relève nocturne de deux brigades policières, leurs interventions, leurs errances, l’attente et le passage à l’acte, To allant parfois jusqu’à dilater le temps pour mieux inscrire leur ennui entre deux bols de soupe. Les adeptes de l’âge d’or du polar Hong-Kongais et de son gourou John Woo en seront pour leurs frais. Même si leur attente sera récompensée par un gunfight final digne de « La horde sauvage », d’autant plus paroxystique car libérateur d’une tension générale maintenue tout au long du film. Johnny To introduit donc et construit la dramaturgie de son PTU autour des événements incongrus qui alternent et altèrent l’existence, les éléments d’abord bénins qui soulignent l’absurdité intrinsèque de la vie et de la destinée. En choisissant la figure de la boucle ou du serpent qui se mord la queue, il met en exergue l’inutilité de l’action, de la volonté, du combat pour survivre, et signe là l’un des films les plus désenchantés que le cinéma H.K nous ait offert depuis « Une balle dans la tête », le cynisme en supplément.
To suit le parcours de ses personnages comme autant de pions sur un échiquier labyrinthique, la mise en scène chirurgicale privilégiant le plan fixe et/ou séquence au découpage traditionnellement éclaté propre au cinéma de l’ancienne colonie britannique. L’usage du cinémascope trouve ici tout son sens, les protagonistes se mouvant d’arrière au second plan, du second au premier et inversement, à la droite comme à la gauche du cadre, déplaçant les enjeux, les tensions, noyant l’important pour saisir l’indicible, et ainsi pouvoir mieux nous surprendre (l’extraordinaire scène de restaurant qui ouvre le film).
Il en va de même de la construction scénaristique qui s’apparente dans un premier temps à une succession de vignettes sans lien apparent avant qu’elles ne prennent tout leur sens dans le chaos rassembleur qui clos le film. On se surprend à penser à « After Hours » de Scorsese autant pour les situations et les rencontres incongrues qui s’enchaînent que pour la fabuleuse lumière nocturne orchestrée par Cheng Siu-Keung, mariage de néons se miroitant sur le bitume et du glauque éclairage municipal colorant d’un vert marécageux, presque cadavérique, tous ceux qui passent à sa portée comme autant de morts en sursit. Et de constater par ailleurs l’importance croissante du téléphone portable qui, depuis « Infernal Affairs », s’impose dans les nouvelles intrigues et la mise en scène du cinéma de Hong-Kong, voire tout simplement asiatique (le récent « La mort en ligne » de Miike), jusqu’à la détermination.
Constat amer du monde en général ou des retombées de la rétrocession de 1997, parabole ou satire, pamphlet ou farce noire ? Johnny To se garde bien de nous montrer toutes ses cartes, le spectateur sortant de la salle sans doute quelque peu circonspect mais néanmoins convaincu d’avoir partagé le regard d’un vrai cinéaste.
A défaut peut-être d’avoir saisit ses véritables intentions…
 
Arnaud

 
 
 
 

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