Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La maison de Nina


France / 2005

12.10.05
 



N'OUBLIE PAS QUE TU VAS VIVRE





"Ceux qui sont vivants aujourd'hui ont tous eu de la chance"

Richard Dembo affectionnait ces histoires et personnages de l'entre deux. Dans ses jeunes années, il avait par hasard découvert une de ces anciennes maisons d'accueil devenue lieu de vacances. Investissement tout personnel, volonté d'écrire une page d'histoire méconnue… De rendre très discrètement hommage, après douze années sans la moindre réalisation, éprouvé par le dur labeur que représente un tournage. Son film reste empreint de ce regard hautement distancé. Pudique même, définitivement axé sur cette notion de vies à reconquérir. Dans cette maison, il faudra triompher sur l'indicible, sur tous les stigmates de l'inconcevable Shoah, dont rien ne nous sera conséquemment montré. Rien d'un point de vue formel ; l'incrédulité face à la découverte des camps, la perte de ses racines familiales, de ses repères communautaires, l'espoir évanoui sans possible retour, la volonté des uns, le sentiment d'impuissance des autres nous en dirons long. Que de souffrances enfouies ! Jusqu'au conflit sur le fait d'être : être survivant, être de ceux que l'on a voulu exterminer, se réapproprier ou, au contraire, fuir ces codes religieux et sociaux avec lesquelles on s'est construit. A l'écran, aucun pathos, ni sentimentalisme. Point d'abus sémiologique. Un vrai coup de force avec de tels sujets ! De quoi rendre chacun d'entre eux entièrement atemporels et universels. Richard Dembo aura parfaitement réussi à transcender son propos. Dans cette maison, on accueillera la vie. Juste pour que celle-ci reprenne ses droits au quotidien. Envoûtante Agnès Jaoui dans ce rôle de femme de poigne, grande sœur plus que mère de substitution, nourrice de ces jeunes âmes et corps désincarnés. Toute la valeur du film tiendra en la prestance de la comédienne devant laquelle même Gaspard Ulliel ne pourra que s'incliner. Brio qui viendra sauver un essoufflement certain palpable dès mi-parcours. A trop s'attacher à son ambiance, à trop vouloir placer ses protagonistes en transit - en suspens - La maison de Nina se détachera de ses propres ancrages pour s'élancer en un balai de généralités sans saveur. Répondant certes au beaba de l'écriture scénaristique mais fatales quant à l'intime incarnation de nos protagonistes. Conflits intra communautaires, dispersion du récit, affadissement des itinéraires personnels : le final décevra, irradié de restrictions émotionnelles. Evolution conformes aux visées de Richard Dembo ? Rappelons que le réalisateur est décédé en plein montage de son film. Le doute persiste, notamment avec ce dernier plan séquence focalisé sur cette flamme de bougie vacillante… Inutile de pointer le cliché. Soulignons en revanche que le cinéaste mettait un point d'orgue à ne jamais tomber dans la sensiblerie. Sa mise en scène contrastée, usant de volubiles travellings, jeux de perspectives et recadrages, en témoignent d'autant plus. Hommage au cinéaste ? La question reste en suspens. Après tout, le montage filmique constitue une seconde écriture, bien plus significative que toute page de script, aussi imagée soit sa continuité dialoguée. La maison de Nina pêchera justement en son timing. Trop long pour conserver son élan. Mais au moins l'aurons-nous un temps partagé… Tendre découverte.
 
Sabrina

 
 
 
 

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