Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Edy


France / 2005

02.11.05
 



ASSUREUR SUR LA MORT





"- Je ne vous demande pas si vous avez une bonne assurance..."

Dans cette période un tantinet dépressive, le personnage incarné - subtilement - par Berléand est à l'image du blues général. Mou, il ne bande plus. "Y'a pire que mourir, c'est vivre sans savoir pourquoi?" A part noyer sa déprime suicidaire dans un jazz d'une autre époque, plus rien ne le motive : le tueur est fatigué. Tout juste bon à virer une assistante et foirer son contrat.
Film qui ne manque pas de style - techniquement il a même de la classe - Edy joue sur un registre nostalgique, hommage ou référence, cela dénote plus une envie de s'amuser avec des codes anciens d'un cinéma disparu. Bénabar chante mes shows de Maritie et Gilbert Carpentier, Stéphan Guérin-Tillié filme le cinéma des Corneau et autres Melville. Inquiétudes. La France ne sait-elle que regretter son passé au point de le "glamouriser"? Ce nouvel ascenseur pour l'échafaud s'avère surtout une randonnée mortelle pour des vieux briscards bien castés. Noiret fait figure de dinosaure à mettre au cimetière. Cruel. Au-delà du film de genre - un polar caractériel psychologique -, le film ne raconte finalement que ce temps disparu. La direction artistique date d'entrée cette époque : années 50 made in USA (la chanteuse, le bowling), années 70 franchouillardes (RER, vieille Ford marron, bâtiments...). A l'instar de ce personnage, anti-héros, qui baigne dans un jazz electro en cogitant une vie passée imaginée (né dans les années 50, jeune requin dans les années 70).
Le temps, précieux ennemi, est un agent double. Pour le flic il est lent, fatidique : la justice est immanente et même en se tournant les pouces ou jouant de sarcasmes, la vérité éclate. Pour les tueurs, il est rapide, infernal : mais rien n'est déterminé d'avance, on peut changer le destin. La lutte entre le bien et le mal. Le temps est de toute façon distordu puisque le mort passe toujours à la télévision : magie diabolique du différé. De quoi hanter comme un Poltergeist un assassin plein de remords.
L'ensemble s'avère plaisant, mais superficiel. La descente aux enfers aligne les clichés, ne détournant aucun mythe, ne regardant avec aucune distance cette France déclinante dans son mal être. "Je traverse une petite dépression qui ne me rassure pas sur le genre humain."
Dialogues ciselés pas désagréables. Mais alors, pourquoi notre plaisir ne monte qu'à la vue de Marion Cotillard - rare. Pourquoi cette scène "optimiste" et presque "naturelle" entre Berléand et la "Miss" procure davantage de jouissance que tous ces duos bien écrits et presque trop factices entre Berléand et Noiret? Pourquoi cette fin, censée être un coup en beauté, ne nous éblouit pas, pourquoi même devinons-nous trop vite les choses lorsque l'épilogue s'approche?
Pourtant les bonnes idées sont là : un tueur avec les bras dans le plâtre ça peut être cocasse. D'ailleurs il flirte avec le burlesque... Comme quoi, un film n'a rien d'un contrat d'assurances. Stars, script, images et musiques ne font pas un grand film, même s'ils sont nickel. Dans la veine des Nicloux, on remarquera cependant que la jeune génération a du mal à se détacher de la grammaire d'un certain cinéma policier français et de l'iconographie véhiculée par Hollywood. Un peu désuet, Edy semble dépassé. Bon pour la retraite.
 
vincy

 
 
 
 

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