Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Olé


France / 2005

07.12.05
 



COMMENT SE DEBARRASSER DE SON PATRON...





"- Oh Ramon t'as l'air d'une grosse mouche comme ça."

Le cinéma français, et notamment la comédie, a toujours aimé les patrons, les bien gros, façon rond de cuir et cigares phallique. Animal bizarre sans doute, voire excentrique. Cela donnait De Funès (La zizanie) ou Clavier (L'antidote il y a peu). Des névrosés, psychotiques, bien fêlés, et incapables de gérer quoi que ce soit d'aléatoire dans leur vie : l'émotionnel par exemple. Ou ici le fusionnel.
Autre fascination, mais celle-ci plus contemporaine : la Jet Set, ou disons l'élite paillette et fête. Mélangez les deux avec le shaker et vous obtenez le pitch de Olé. Après le film de copines (J'ai faim), Florence Quentin, croqueuse de personnages croquignolets du côté de chez Chatiliez, se prend à voler le coeur des hommes. A défaut de faire la Hola, Olé est bien plus enlevé que son premier film un peu maigrelet. Les répliques sont mieux écrites, les personnages plus intéressants, et même côté caméra, ça a plus d'allure. Indirectement, elle rend hommage à Francis Veber. En utilisant Depardieu (François Weber dans le film), en transformant Gad Elmaleh en Pignon chanceux (avant qu'il ne devienne vraiment Pignon pour Veber), et surtout avec un style empruntant plus à la comédie verbale qu'à celle de situations.
Avec une bonne surdose de clichés inhérente au genre, l'auteur nous emmène dans ce microcosme qu'elle a voulu observer de près. Mais en se focalisant sur une situation exceptionnelle (un chauffeur aussi brillant que son patron, si ce n'est plus) et en omettant peut-être quelques détails (le passé du personnage d'Elmaleh aurait pu être un moteur crédible pour nous faire croire à ses talents), elle passe à côté d'une critique sociale qui aurait eu du mordant en cette période de discrimination à tous les étages.
Elle aura préféré un regard plus tendre et plus amère sur les rêves des hommes et les désirs des femmes. Qui parfois ne font pas bon ménage. Au point de s'interroger, hélas trop tardivement et assez maladroitement, sur l'identité masculine.
En cela le casting est bien choisi. Depardieu est l'un de ceux qui, depuis Les Valseuses jusqu'au Placard en passant par Tenue de Soirée, a le mieux bousculé les codes du mâle contemporain au cinéma français. Quant à Elmaleh, excellent précisons-le, élégant et sensible, séduisant et expressif, il a tout pour plaire dans notre ère "métrosexuée". Avec ses lunettes rondes façons Harold Lloyd et son regard halluciné à la manière d'un Buster Keaton, il n'est pas vain de dire que son jeu est hérité de cette époque faste du burlesque. Le film y gagne, certainement. En homme à tout faire pour hommes d'affaires, il en oubli d'être le mari idéal. Ce qui le rend un tantinet désagréable. Les femmes sont à plaindre, finissant droguées, abandonnées, médicamentées, délaissées... Comme si le dialogue entre les sexes étaient impossible, même à voix haute. "Je ne me fâche pas je hausse le ton", nuancerait le mâle.
Bizarrement bancal (les séquences les plus hilarantes sont celles au bureau du patron, les mieux réalisées sont celles tournées en Espagne), Olé est un film sur le désamour et l'orgueil blessé. Ceux de deux potes qui se jalousent et qui s'aiment. L'histoire d'une rupture et d'une réconciliation adolescente et amicale. Inaliénable. Malgré les filles.
Le film n'est donc pas constant. Mais les clins d'oeil à la vie de Gérard Depardieu (les accidents de moto, où il est parfaitement grotesque), le regard juste sur ces nouveaux aristos, cette lutte des classes insidieuses où seule la Bourse peut sauver les prolos d'un destin fatalement précaire, le charme phénoménal de Golino et Elmaleh sauvent les quelques langueurs finales et une intrigue qui s'effile jusqu'à l'ultime conclusion, moins gonflée que celle de Gazon Maudit, cependant.
 
vincy

 
 
 
 

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