Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Viva Zapatero!


Italie / 2005

21.12.05
 



VENDETTA E BASTA BERLUSCONI





N'est pas Michael Moore qui veut. Sabina Guzzanti a réussit un brûlot, qui aurait pu être un vlog percutant sur le web, mais pas un film documentaire. Cela aurait nécessité plus d'archives, de reportages, d'objectivité politique. On a du mal à croire que la France soit érigée en modèle de démocratie journalistique!!! Quand on voit les liens entre l'Etat et les médias dans l'hexagone, on rigole. Certes Chirac n'est pas actionnaire de toutes les chaînes de télé, mais la non crédibilité de notre information provient bien de cet inceste permanent, cette révérence vicieuse au pouvoir. La France n'a donc rien de vertueux... Pourtant avec trois témoins (Karl Zéro, Bruno Gaccio, la correspondante du Nouvel Obs à Rome), nous pourrions croire le contraire.
Il aurait aussi fallut sortir d'Europe. Ou encore comprendre pourquoi l'Espagne de Zapatero, qui donne son titre au docu impertinent, a voté des lois se protégeant des "puissants". Le manque de moyens est peut-être la première excuse. Le sujet en soi, une vengeance, peut aussi prétexter ces absences. Après tout Guzzanti part d'un problème perso, la censure de son émission, pour essayer de comprendre une menace beaucoup plus grave, cancer de la démocratie : le mélange des genres. Berlusconi est maître de la télévision publique (en tant que Premier Ministre), des chaînes privées (en tant que capitaliste). Il a tout pouvoir sur les images, y compris le cinéma (principal distributeur italien). Aucune loi n'interdit cette coexistence nuisible pour la liberté d'expression (c'est un fait), pour le débat, le pastiche, la satire.
Les bouffons ne font plus rire les rois. Les clowns ne peuvent plus faire rire. "Pourquoi ne peut-on pas comparer Berlusconi à Mussolini?" En France, un courant réactionnaire fait la même chose en s'offusquant d'une comparaison Sarkozy / Le Pen. Même si le message est litigieux et contestable (quoique), l'essentiel est qu'il puisse exister. Critiquer une parole, une image c'est indispensable pour que nous puissions être libres.

De fait, la censure de l'émission de Guzzanti est scandaleuse, inquiétante et explique pourquoi l'Italie n'est plus un pays aussi démocratique qu'on ne le croit. Ce décryptage de la télé "occidentale", de l'information "sensationnaliste" n'est hélas pas aussi percutant que cette description de la satire, grâce aux exemples italiens, anglais, français. Guignols et autres imitations. "La satire ne doit pas aider à faire réfléchir". Faîtes rire, mais ne remplissez pas le cerveau. Tel est le message des élus, des nommés, des ronds de cuir. Défilé de technocrates et conservateurs qui fait peur. Bien habillés en Armani, mais les idées salement garnies. Mais "une satire qui ne traite pas de l'information, ça n'a pas de sens."
Si la démonstration de la cinéaste est plutôt maladroite et confuse - un sérieux problème de narration, de construction dans l'analyse - sa relation avec les comiques, le public et les politiques permet une empathie certaine pour sa cause. Le portrait du malade - l'Italie - n'est pas brillant, mais hélas pas isolé : pensée unique, conformisme, propagande, tous les moyens sont bons. Comme l'Amérique de Bush a créé le phénomène Moore, l'Italie berlusconienne a fait naître Guzzanti, fille de sénateur (!). Les repsonsables des médias sont tout autant coupables avec la pression, la censure, l'aveuglement, la lâcheté, la fuite des responsabilités, la peur de perdre leur place (donc leur statut, donc leur pseudo pouvoir).
Il n'y a plus de morale ma brave dame. La Fontaine en aurait certainement fait une fable. Molière se serait régaler avec cette situation burlesque, mais tragique. L'activisme, journaliste comme politique, est lamentable. Esquivant ses contradictions. Devant se résoudre au simplisme verbal. Elle parvient à les déstabiliser, mais ils restent tous droits dans leurs bottes. La réussite de ce documentaire, formellement, c'est d'aller filmer ces couards dans la rue, hors-les-bureaux, au milieu des passants, du peuple. Leur suffisance exprime plus que tous discours la césure avec les "Italiens d'en bas". Fascisme latent? Il en reste finalement le combat, caméra au poing dans la rue, micro dans une salle bondée, entre questions sérieuses et sketches drôles, d'une femme qui n'a pas sa langue dans sa poche contre la suffisance de vieux cons. Droit à la parole contre droit de propriété.

On aurait aimé que ce duel soit plus affiné, plus affirmé. On ne voit pas assez la "destruction du pluralisme" dont elle traite. Victime de l'omertà? Possible. Reste que nos démocraties, y compris la France (puisque c'est un des échecs de Jospin), ferait bien de s'inspirer de Zapatero, justement : à peine arrivé au pouvoir, il a abrogé la la loi permettant au Premier Ministre de nommer les directeurs des chaînes publiques de télévision. En France comme en Italie, nous en sommes loin. Cela peut aussi expliquer pourquoi notre classe politique souffre tant de la méfiance de ses électeurs. Et pourquoi les Guignols cartonnent chaque soir sur Canal +.
 
vincy

 
 
 
 

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