Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pompoko (Heisei tanuki gassen pompoko)


Japon / 1994

18.01.06
 



T'AS QU'A HATER LES CHOSES





"Nos roustons faramineux, même sans vent, virevoltent!"

Depuis le succès des films de Miyazaki, et tandis que l'animation ne s'est jamais aussi bien portée dans les salles de cinéma, il est de tradition, tous les ans, de nous livrer en pâture un manga haut de gamme après les fêtes. Comme la production de nouveautés ne suit pas le rythme, il faut bien aller chercher dans le grenier quelques vieux trésors. Si Pompoko, dernier objet trouvé en date, a pas mal vieillit, il n'en demeure pas moins plus intéressant que les récents Disney (on se répète).
Ces Tanukis, sorte de ratons mutants en nounours (ce qui permet de les humaniser) sont une sorte de créature hybride entre Bisounours et Gremlins. Dotés de grosses coucougnettes (visibles), "proutant" plus qu'à leur tour, ces rustres séduiront les petits crados. La fable, elle, est davantage adulte, étonnamment triste même.
Dans le registre, on sent une filiation certaine avec La Ferme des Animaux et ses disputes politiques intestines. Même dessin naïf, pastel, mêmes rivalités entre belliqueux, résistants et tyranniques, et fatalistes, suicidaires et idéalistes. L'homme est d'ailleurs l'ennemi, encore et toujours. Ils dominent la nature (ce qui visuellement se traduit par un humain géant écrasant tout sur son passage). Et Bouddha, tout aussi gigantesque et imposant, laisse faire... En quelques plans Takahata montre bien l'idée de l'emprise d'une urbanisation galopante, où la spiritualité est évacuée au profit d'un matérialisme exacerbé. Machines dévastatrices. La métamorphose de Japon d'après guerre s'accompagne des transformations de nos chers animaux héroïques. Ils se réincarneront, d'ailleurs, pour survivre.
Ce cycle de la vie / de la ville conduit à une réflexion sur le respect de la nature, la connaissance des légendes et de la culture d'un peuple. Mais l'illusoire volonté de retourner à un passé idéalisé rend le film amer.
D'autant que l'équilibre n'est pas évident entre ces grossiers personnages un peu gaulois dans l'âme, festoyant, dotés de pouvoirs magiques, dirigés par un chef dépassé et une druide autoritaire - ça ne vous rappelle rien? - et ce message écologiste ponctué de superstitions. A l'image de ces dessins proches parfois des estampes et de la peinture japonaise contrastant avec une animation encore trop emprunte de codes graphiques télévisuels. La voix off qui nous explique tout, l'absence de personnages qui permettent de nous identifiés, la musique kitschissime (n'est pas Hisaishi qui veut) créé une trop grande distance, appuie ce manque de consistance. Cela ne dépasse pas le récit conté, avec parfois un peu d'action (simpliste) ou de la contemplation (factice). Féérique parfois, rébarbatif souvent.
Mais de jolies trouvailles elliptiques et une séquence carnavalesque suscitent notre intérêt. Ce cortège de spectres, en guise d'inquiétant cauchemar et de fantastique dramatisation, où seul Gozilla semble absent, préfigurant la résidence de Chihiro, nous envoûte. Et prouve que l'image (virtuelle) nous devient si coutumière que plus rien ne nous surprend, ne nous effraie. Simple divertissement, ou rumeur fantaisiste, selon. Takahata nous démontre que l'homme, dans sa frénésie de progrès, a surtout perdu son âme en ne croyant plus au merveilleux.
 
vincy

 
 
 
 

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