Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Hell


France / 2005

01.03.05
 



L'ENFER EST A NOUS





"- T’as fait quoi cette semaine ? T’aurais pu appeler quand même.
- Je me suis couchée tôt. Et j’ai fait une dépression.
- C’est pas une raison ça, on est toutes en dépression.
"

Le film traite de thèmes forts : le passage difficile d’une adolescente vers l’âge adulte à travers ses relations avec son cercle d’amis, ses parents, son mec. Elle règle les problèmes qu’elle rencontre : société basée sur le paraître, drogues, recherche d’identité, en adoptant une attitude rebelle et en menant une existence décousue. Ce qui crée un problème d’ordre narratif : le récit souffre cruellement d’absence d’évolution. La surenchère d’évènements dramatiques entraîne une catharsis qui reste le seul élément d’évolution narrative, et qui mène logiquement jusqu’à son aboutissement, la mort d’Andréa. Le tout est plat parce qu’à l’inverse des héros dont les émotions vont de haut en bas, celles du spectateur restent inertes devant une telle répétition.
Les dialogues minimalistes sont tranchés au couteau, très écrits. La scénariste semble vouloir caser des phrases choc à chaque réplique : "Je me sens tellement sale que même si je passe le reste de ma vie à me laver je ne serai jamais propre.- Moi aussi. C’est pas grave on sera sales mais ensembles". Des sentences définitives qui résument une pensée en deux temps trois mouvements, et qui réduisent terriblement la consistance des personnages. On comprend mal leurs motivations, que quelques trop courts monologues tentent d’expliquer.
Le couple Hell/Andréa - un prénom androgyne et un prénom féminin pour un homme- fonctionne comme deux alter ego filmés en tant que tels. Leur rencontre est mise en scène par une succession de champs/contre champs en gros plan puis une réunion sous la forme de plans américains. Une scène dans un bar propose une chorégraphie de mouvements synchroniques, comme si un miroir les séparait, chacun s’allumant une cigarette, commandant la même boisson.
Le thème du miroir est fondamental : les personnages s’y observent très souvent, filmés comme des reflets d’eux-mêmes. Une bouteille de champagne jetée sur le plan d’une glace qui se fêle résume les blessures émotionnelles du groupe d’amies qui s’y reflètent. Des scènes appuient sur le lien entre les images d’un poste de télévision et les actions des personnages, incriminant la reproduction de comportements sous influence.
La composition de plans fixes généraux où les acteurs et les éléments du décor occupent l’espace de façon parfois allégorique est assez bien vue. Par exemple les positions qu’ils prennent dans l’appartement vide sont à l’image de leur jeu amoureux, un terrain qui d’ailleurs représente leur relation : immense espace vierge, envahi progressivement par les cadavres de bouteilles.
Sara Forestier en jeune bourgeoise n’arrive pas complètement à éradiquer la gouaille racaille de son vocabulaire, elle est pourtant presque crédible en jeune femme déboussolée, révélant son corps souvent dénudé. Nicolas Duvauchelle est tout en masculinité virile - il se bat, il conduit sa Porsche trop vite- teinté d’une tendresse toute féminine. L’ennui c’est que ce couple de gosses de riches en proie à d’immenses manques affectifs - trop dur pour eux ! - donne envie de baffer. Ils partagent un regard désabusé, un manque d’amour parental et des tentatives de transgression immatures. L’instinct maternel d’Hell empêche le personnage d’aller au bout de son expérience sex drug and rock’n roll : ses actes et ses ambitions totalement opposés sont en fin de compte assez agaçants. Dès le générique elle flotte dans un liquide fœtal tout en offrant son corps à son amant : le problème de la femme-enfant est bien posé. Mais à force de revenir sur ses prises de position, le personnage énerve et devient creux, un peu à l’image du film.
 
Victor

 
 
 
 

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