Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Transamerica


USA / 2005

26.04.06
 








ESSAYE-MOI

"- Un milkshake pour vous? Et un café pour votre mère?
- Je ne suis pas sa mère!
"

Road movie plutôt classique et formaté cinéma indépendant américain, Transamerica ne paye pas de mine, et c'est là son seul défaut. La narration, les idées qui le ponctuent, finalement ces étapes dans ce voyage initiatique jusqu'au bout du Moi et du Sur Moi, nous semblent déjà vues, sans surprises.
Cependant, grâce aux comédiens, au sujet, à l'observation minutieuse d'une Amérique excessive, le film se laissent traverser avec plaisir, avec émotions et dérision. Il faut bien un soupçon d'ironie pour alléger tout ce pathos. Et un peu de chair pour aguicher les yeux.
Tout cela ne sert qu'à cacher des seins que nous ne pourrions voir, tartufferie étrange pour une Amérique confrontée à ces contradictions. Rien ne vaut un homme cherchant à devenir une femme pour ausculter une forme de schizophrénie morale (l'a priori dépravée étant ultra conservatrice), générationnelle (le "père" et son fils), sexuelle (homo, hétéor, trans, peu importe les apparences pourvu qu'on ait la tendresse). Mars se prend pour Vénus, mais doit revenir sur Terre.
Le trouble de l'identité n'est pas simplement une histoire de 20 centimètres, et se cache davantage à l'ombre de l'aine. La parentalité est en question : dans son sens sexué (père ou mère, est-ce finalement si important?), dans ses responsabilités. Et justement Transamerica, fuite d'Est en Ouest, via le Midwest, ne sert qu'à lui faire affronter ses responsabilités. Chaque arrêt lui renvoie le reflet de ce que l'homme a loupé et doit réparer avant de se muer en femme. L'escale ultime sera symboliquement celle de la famille, de loin l'épisode le plus réussi du scénario. Mère liftée hallucinante, chien obsédé sexuel, conflits à table et non dits sous le tapis : la vraie famille serait alors celle qu'on s'invente, celle qu'on se créé.
Clamer la vérité quitte à se fâcher faciliterait les réconciliations à terme, que ce soit dans son rapport à l'autre comme dans son rapport à soi. On peut comprendre qu'un transsexuel soit partagé. Mais on dit aussi que les transsexuels connaissent un degré extrême de conscience. Ce "desesperate houseguy" qui court après l'image de l'Américaine de feuilletons télés - tailleurs simili Chanel, fins de mois en ventes Tupperware, valeurs coincées et bien chrétiennes, expression françaises "so chic" - est incarné par Felicity Huffman. Hollywood aime ce genre de performance. Reste que son incarnation étonne : le spectateur s'y perd lui-même et croit que cette femme est vraiment un mec travesti en femme. Le maquillage craque parce que cette future femme est tendue, fragile, névrotique. Mise en abîme du rôle d'actrice - être dans la peau d'un(e) autre - le film s'amorce sur la transformation de la voix : le métier de comédienne commence ainsi, prendre le ton, imiter. Comme celui du transsexuel qui doit apprendre à devenir une femme, avec une autre voix, d'autres gestes.
Cette fusion nous oblige à poser un regard différent, forcément compassionnel, sur cette Bree en cours de métamorphose. Ne pas juger comme les parents, être plus proche de ce simple désir de Graham Greene. Ou accepter tout simplement comme ce fils, aux beaux airs de Jared Leto, théorisant sur l'homosexualité dans Le Seigneur des Anneaux. La vérité sort du regard des enfants. Et après tout "Nobody's perfect" disait l'autre. Et c'est ce qui rend la vie, comme Transamerica, intéressante.
 
vincy

 
 
 
 

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