Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Chaos


France / 2001

03.10.01
 



QUAND J'S'RAI K.O...





"- J'suis pas une poire!"

Chaos est un film qui accouche dans la douleur d'une fin sereine réclamant un peu de bonheur. C'est un film de femme, sur les femmes, comme symboles de l'avenir du monde. Une oeuvre en mouvement perpétuel, rythmé par la sempitrenelle musique entêtante, séduisante, contemporaine de Saint Germain.
Si la DV est certainement moins bien utilisée (artistiquement ET cinématographiquement) que chez Téchiné ou Rohmer, on peut reconnaître à la réalisatrice Serreau de savoir filmer la vie, la pulsion d'une adrenalyne sans cesse croissante, et ces combats individuels que mènent chacune de ses femmes. Elles renaissent, flamboyantes, usées mais pas vaincues, à la recherche d'une justice et d'une liberté.
Surtout, elles gagnent. Elles s'affranchissent. Chaos est un film positif, optimiste, militant et donc parfois candide avec son sujet. Ce simplisme souvent observé dans le cinéma de Coline est aussi sa force. Cela lui permet de toucher le grand public avec des sujets aussi universels que la paternité, la famille, l'écologie.
Bien sûr, si les femmes ont le beau rôle, les hommes, eux, paraissent amorphes, stagnants, lâches, paumés, menteurs, imbéciles. Tandis que les femmes communiquent, se laissent emporter par leurs émotions, les mecs n'écoutent rien et se sentent dépasser par les imprévus. Ce coté caricatural pourrait nuire au film, si le père et le fils ne changeaient pas un peu vers la fin du film. Mais ce déséquilibre voulu installe d'autant plus la générosité des femmes et leurs qualités. Un parti pris loin d'être détestable et totalement justifiable.
Car, comme d'habitude, à l'exception de La Belle Verte, Coline Serreau a écrit une partition - un scénario - harmonieuse, dynamique, à plusieurs instruments. Silences et grosse caisse s'unissent. Les dialogues sont ciselés à merveille, avec de belles réparties très bien écrites. Les scènes se font écho ou symétrie, permettant de ne pas juger un milieu plutôt qu'un autre. Les personnages ont tous leurs failles, leur cynisme. Il y a une réelle humanité en chacun d'eux. Le culot de Serreau est d'avoir mélangé plusieurs histoires et d'en avoir fait une comédie qui fonctionne. A cela se rajoute un film policier et un drame social. La famille est un sujet pour le rire tandis que la prostituée devient l'élément tragique et le motif du suspens. Si ce n'est le quart d'heure explicatif au milieu du film, où l'on nous raconte toute la vie de Malika/Noémie, on ne s'ennuie jamais. Il est vrai que ce quart d'heure aurait pu avoir une autre forme. Ou ne pas être vraiment montré. Il s'agirait presque d'un film dans le film, qui atténue un peu le début fracassant de Chaos. On peut comprendre l'intérêt narratif de cette parenthèse, mais cela déstabilise un film porté par un duo, et l'oriente clairement en faveur de l'un des personnages. Ca reste du cinéma... Quelques invraisemblances et cette histoire qu'on nous raconte nous le prouvent à chaque instant.
A ces nuances près, le film est divertissant, intelligent, et franc.
Personne n'est épargné : SOS Racisme, le système bancaire, les réseaux de prostitution, ... La finesse d'observation, toutes générations confondues, de l'auteur permet une psychologie vraisemblable à travers des personnages grand public.
Les acteurs sont idoines avec leurs rôles. Mettons en avant le gros bidon de Lindon (élevé à la Kro) et ses tics nerveux adéquates, la palette d'émotions de Catherine Frot (merveilleuse), la tristesse mélancolique de Line Renaud (en petite vieille touchante), la beauté imbécile et androgyne d'Aurélien Wilt, et bien entendu la détermination farouche et belle de Rachida Brakni.
Le casting est en parfaite symbiose avec un scénario qui leur fait de beaux cadeaux.
Toute séquence a son importance. On ne perd pas le fil au milieu de ce film chaotique et frénétique.
Serreau sait ce qu'elle veut montrer : la libération de la femme, la mère comme la pute.
 
vincy

 
 
 
 

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