Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Shooter (Tireur d’élite)


USA / 2007

18.04.2007
 



LES CORPS DE MES ENNEMIS





"On est vraiment en mission de maintien de la paix ? Généralement, il n'y a pas de paix là où on est…"

Pour l'injection de testostérone, c'est bien par ici. Installez-vous confortablement : le film commence dans une minute. Au programme, des fusillades, du napalm, des bombes, des hélicoptères qui explosent en vol, quelques tortures et de jolies course-poursuites. Bien sûr, toutes ces scènes d'action seront accompagnées de bons sentiments, d'une charge anti-Bush, d'un éloge cynique de la démocratie, d'une bonne intention sur l'Afrique, d'un peu d'humour et de patriotisme douloureux, ou plutôt mal-vécu car détourné de son sens profond. En gros, le dosage habituel d'exaltation virile et de second degré bien pensant. Malin et costaud, le film abuse de certains effets de réalisation style Michael Bay, mais gagne en efficacité grâce à des séquences bien rodées et des comédiens solides.

Le héros, sorte de Mac Gyver ou de Jason Bourne se retrouve seul contre tous, avec deux balles dans le corps (bien musclé au demeurant). Comme c'est une machine à tuer dépourvue du moindre état d'âme (sauf peut-être pour son chien et son meilleur pote), il déclare à son infirmière de fortune : "je vais me remettre puis je les [ceux qui l'ont piégé] réduirai en cendres." On l'a déjà vu à l'œuvre, faisant exploser la tête de ses cibles à distance, les unes après les autres, avec un sang-froid admirable, donc on le croît sur parole. C'est même à ce moment précis que le film devient intéressant. Après les scènes d'exposition bâteau (notre homme, déjà blessé par la vie, est impliqué dans une terrible machination), on touche au cœur du film : comment va-t-il faire pour s'en sortir ? La mort aux trousses, mais aucune frousse.

L'argument peut sembler mince, mais que l'on ne s'y trompe pas, à ce stade de l'intrigue, c'est exactement ce que l'on a envie de voir. Efficacement et avec méthode, Antoine Fuqua flatte donc les plus bas instincts de ses spectateurs. Il commence par dédouanner son protagoniste principal en distillant une mentalité assez nauséabonde sur l'air de "la justice n'existe pas, il faut donc l'exercer soi-même", ouvrant la porte à une opération de répression sanglante et... jouissive. Car, oui, on a beau être violemment opposé à ce genre d'idéologie vengeresse, ça fait un bien fou de voir les salaud se faire dézinguer les uns après les autres. On mettra ce plaisir irrépressible sur le compte de la catharsis.

Mais en infiltrant un peu d'ironie et de cynisme (comme dans Training Day), le réalisateur ajoute ça et là de bonnes doses d'anti-bushisme primaire (condamnation des tortures à Abu Grahib, charge contre le ministre de la défense, dénonciation de l'impuissance de la justice face à la corruption généralisée des élites...) qui mettent les rieurs (et une grosse majorité des spectateurs français, sans doute) de son côté. Sympathique, même si à notre époque, c'est moins une preuve de courage politique que d'effet de mode. Quoiqu'il y ait un vrai débat sur deux ou trois séquences concernant les limites de la démocratie et la défense des intérêts de la nation. Plus amusante est sa manière de fustiger le patriotisme aveugle au travers du petit évangile illustré du bon patriote. Comme le dit son héros, "quand on appuye sur le bouton "patrie", je demande ce que je dois faire"... La séquence au ralenti où Wahlberg avance, tout puissant, et drapeau en arrière plan, démontre à quel point l'image est manipulatrice. Mais peut-être pas assez pour être convaincu de la sicnérité du propos.

Ce Patriot Games met en plein dans le mille, tout en prenant le temps de réfléchir, même par intermittence; ça se regarde à deux fois. Malgré le style franchement pompier (jusque dans la bimbo choisit pour ses qualités de filles de calendrier à gros seins et grosses armes), l'histoire tient plutôt la route, stimulant suffisamment l'attention pour qu'on ne voit pas le temps passer. Divertissant, donc, même si le message est assez démoralisant : il n'y a plus de justice en ce bas monde.
 
MpM

 
 
 
 

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