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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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El crimen del Padre Amaro (Le crime du Père Amaro)
/ 2002
30.04.03
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IL N’Y A PAS D’AMOUR HEUREUX
" - Autant espérer un pape mexicain que la fin du célibat !"
Les romans de Queiroz, au delà de leur apparente luminosité, enfouissent toujours la pire des tragédies finales. Romantiques, ses histoires l’étaient. Mais cela ne saurait suffire pour traverser le temps. Et l’adaptation cinématographique du Crime du Père Amaro prouve surtout que ses thèmes sont toujours actuels. Entre le livre et le film, il y a plus d’un siècle, et deux cultures (le Portugal d’hier, le Mexique d’aujourd’hui). Pourtant la transposition est évidente, et les différences inexistantes, ou presque.
Voilà le portrait d’un Mexique rural, catholique, pauvre, et finalement très mal en point : rongé par le pouvoir des trafiquants de cames, certains bouffent du curé quand d’autres mélangent la foi divine et la fièvre religieuse. On blanchit l’argent avec des bonnes ¦uvres et on blanchit ses fautes avec une confession.
Aussi le Père Amaro représente l’espoir. Brillant, beau, utopiste pour ne pas dire idéaliste, il peut être celui qui remet l’Eglise dans le droit chemin. Car là encore, l’Eglise, loin du Vatican, ne s’en sort pas grandie. Le catholicisme (Amen, The Magdalene Sisters, ...) semble la cible la plus politique du moment pour le 7ème Art. A défaut d’être subversif - la narration est très classique - le film est engagé, pour ne pas dire amoral, puisque le seul ecclésiaste excommunié est celui qui est proche des paysans et des fondements de sa religion. Tous les autres baignent dans la luxure, l’orgueil, la gourmandise, la cupidité, l’ambition ... Bref la tentation.
Le Père Amaro, de pragmatismes en compromis, se laisse ainsi glisser vers les pêchés de ses supérieurs. Sa foi se laisse tourmenter par des provocations : sensualité, désir, pouvoir, ... Lui qui donnait de l’argent à un pauvre homme au début du film devient profondément égoïste, et même hypocrite à la fin. Divisé par les dilemmes, il cherche la voie du milieu, en tout cas la plus juste entre chasteté et amour, argent sale et bienfaits pour la communauté. Les justes ne sont pas récompensés. Il le voit, alors il se laisse corrompre.
Pour soulager la souffrance, il faut un peu de plaisir. C’est là que son destin s’accomplira, dans un mélange pervers de bonheur sensuel et de douleur morale.
La sainte vierge lui apparaît en la personne d’Amalia, brûlante d’adoration, charnellement attirante, pieuse dévouée, incapable de vivre la réalité et se laissant droguer par les paroles des évangiles. Son blasphème aura été de tomber amoureuse d’un prêtre.
Le sexe reste tabou. Obsessionnel, mais interdit. Dès lors que les personnages n’assument pas leurs désirs, il corrompt leurs pensées, amenuise leur amour, empêche la communication et même l’union. La tragédie peut enfin commencer.
Ce n’est pas la première, ni la dernière, fois qu’un homme d’église est confronté à la pulsion sexuelle au cinéma. Le paradoxe est irrésistible.
Comment un homme prêchant l’amour peut-il supporter de ne pas le connaître ? Après tout l’amour ne supporte pas les interdits ou les barrières.
Le film de Carlos Carrera aime pointer toutes ces contradictions du doigt. Il se repose sur des acteurs magnifiques, un scénario limpide et une image soignée. Il offre une multitude de points de vue et permet une critique exhaustive. Il est presque regrettable qu’il ne saigne pas plus, qu’il n’embrasse pas davantage son sujet avec passion. Pourquoi la chair est-elle si lisse, si timide ? Pourquoi la foi est-elle si imagée par les symboles, si parlée ? Il aurait fallu un regard plus iconoclaste, plus violent peut-être. Il manque en effet, à l’instar de Frida, une folie intérieure, qui permette de transfigurer le Père Amaro sur la fin. Bien sûr, on comprend, que cet amour lui a laissé un goût amer. Une hostie difficile à avaler. Il a renoncé, un temps, il s’est renié, à vie. Mais il a choisi. "Abrite moi dans tes plaies", entend-on. Désormais, sa souffrance est infinie. A la mesure de sa culpabilité. Il est pourtant innocenté. C'est toute la beauté de cette amoralité. Sa vérité humaine.
Ce Père Amaro montre que Dieu tout puissant amène à bien des crimes. Et là nous ne disons pas amen.
vincy
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