Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mes stars et moi


France / 2008

29.10.2008
 



ALL ABOUT ROBERT





« - 105 de tour de poitrine, 80 de QI, dommage que c’est pas l’inverse.»

Tout est là : le rapport pervers entre fans et célébrité ; le casting étoilé et cinéphile ; la comédie sur les coulisses dun art qui fascine. Mes stars et moi est une histoire de vampirisation : des femmes, virtuelles ou réelles, qui dévorent un homme soumis à son médiocre destin, des entourages (agents, amants, assistants) castrés.

Mais le film, sans doute sous la contrainte des financements télévisuels, n’assume pas sa cruauté jusqu’au bout, et préfère suivre une voie toute tracée du cinéma français : le banlieusard lambda (comprendre le pavillon, le monospace, la femme prête à divorcer), trop rêveur (Podium, Essaye-moi, …) flirtant avec un monde inatteignable. Ici le cinoche et son glamour. Trop bienveillant, pas assez excentrique, ce macaron sucré salé aurait mérité de se concentrer sur les secrets et travers du cinéma, son système, ses castes, son business impitoyable.

Fausses affiches, photos de vraies stars, caméos reconnaissables (Besnéhard, Becker, , Gassot…), et tournage d’un pastiche de Vénus Beauté (Folies de femmes) par un vrai-faux Patrice Leconte : Mes stars et moi avait tout le potentiel d’une satire sur l’idolâtrie. Car il est évident que les dialogues les mieux ciselés, avec vâcheries toutes aussi faciles que réjouissantes, les scènes les mieux écrites sont celles se déroulant dans le milieu. Quand la caméra fait son travelling latéral sur les trois caravanes de stars, on est transporté dans un genre qui nous a fait aimé les comédies avec Doris Day ou Audrey Hepburn. A côté, la vie du fan paraît plutôt encombrante.

Le script s’oriente davantage sur les pièges de la mythomanie et la construction d’une manipulation. La manipulation, thème central, s’amorce dès le moment où un casting se compose d’actrices interchangeables, où des photos remplissent indifféremment un rôle par une autre comédienne. Tout est question de marrionnettisme. Mélanie Bernier, quintessance de toutes les Mélanie de sa génération, apportant un vent de fraîcheur, tout en ne cherchant pas à voler la vedette à qui que ce soit.
Emmanuelle Béart déploie son talent dans les deux séquences « dramatiques », à fleur de peau, émotive virbante, séductrice fébrile : au restaurant ou chez le médecin, c’est son naturalisme qui la rend charismatique.
Enfin, Catherine Deneuve qui s’octroient les meilleures répliques (sur mesure), et prouve encore qu’elle est la reine de la comédie avec son ton saccadé et autoritaire si singulier. De sa maladresse et de son inertie, à la manière des grands judokas, elle renverse ces faiblesses pour accaparer les scènes. Malaxant un chat, faisant tomber sa cigarette, grignottant un gâteau, envoyant un sourire malicieux à ses partenaires. Elle s’amuse comme une gamine. On retiendra, d’ailleurs, son duo étincelant avec Rufus. Quoi de mieux qu’un excellent comédien digne des burlesques du muet pour faire briller son jeu ?

Les seconds rôles sont hélas trop binaires, inexploités, renvoyant la merveilleuse Maria de Medeiros à un personnage d’oiseau blessé ou Jean-Pierre Martins à sa simple image de mec sensible, « brut » et brutal. Mention spéciale, quand même, au chat (JR), idéal compagnon dépressif et alcoolique. Ce qui aurait du être une fantaisie s’est donc transformé en comédie classique pour un public qui ne cherchera pas les codes et sous entendus de la grande star vieillissante, la vedette gauchiste sensuelle ou la graine de comédienne régénerescente.

Finalement l’idée du film est renvoyée à sa vérité : quand on filme des stars et un anonyme il est assez logique qu’on ne retienne que les stars. Le moi (et le sur-moi) sont ici écrasés par les mythes.
 
vincy

 
 
 
 

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