Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pour Elle


France / 2008

03.12.2008
 



D’AMOUR ET D’OBSTACLES





“- Donne le revolver à papa.”

Le premier long métrage de Fred Cavayé séduit moins pour son suspens, pourtant maîtrisé, que pour son analyse des comportements. Moins polar que histoire d’amour, Pour Elle se base sur le principe du grain de sable dans la mécanique parfaite, de l’élément perturbateur qui va révéler l’inimaginable chez un individu. Ainsi, Cavayé ne lésine pas pour faire la démonstration du petit bonheur de chaque instant de son couple vedette, avant de faire surgir l’arrestation de Lisa (Diane Kruger) comme un coup de pied mesquin dans le château de cartes. Moment de basculement à partir duquel la cellule familiale s’effondre, poussant Julien (Vincent Lindon) à croire que la fin – sauver son épouse – justifie les moyens, légaux ou non.
Ce qui est particulièrement réussi ce sont toutes les petites scènes qui montrent cette famille en crise, broyée par un système judiciaire glacial jusque dans les décors. Le mutisme du fils, l’abandon de Lisa, l’impuissance des parents face à la conduite obsessionnelle de Julien qui s’enfonce dans la voie de la transgression et de la marginalité. Cavayé ne fait de lui ni un héros ni un fou. Julien est peut-être un personnage téméraire mais il n’en est pas moins un citoyen lambda, un banal prof de français qui trébuche, apprend, persévère et progresse au cours de son parcours initiatique vers la criminalité. “L’amour donne des ailes”, dit l’adage. Ici, l’amour donne à Julien la force d’acheter un flingue et de s’en servir.
Le scénario est solide, la réalisation efficace, sans fioriture, en dépit d’effets musicaux parfois trop appuyés, lieu commun dans le cinéma actuel. En outre, Cavayé s’offre un duo de têtes d’affiches bancable qui fonctionne particulièrement bien. La magnifique Diane Kruger passe de la lumière à l’ombre avec un désarroi touchant, sans sombrer dans le mélodrame et la surenchère. Charismatique, Lindon bouleverse dans ce rôle partagé entre violence et tendresse, douleur et détermination. Seules réserves : la participation d’Olivier Marchal en professeur du crime apparaît comme une caution d’autant plus artificielle que ses répliques sonnent creux. Et le désir de démontrer a posteriori l’innocence de Lisa, apparaît comme une marque de frilosité, une volonté mal assumée de légitimer les choix de l’apprenti criminel, ce qui est d’autant plus inutile que cette question n’a finalement aucune importance dans le récit et ne lui confère pas plus d’impact.
 
Karine

 
 
 
 

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