Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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500 jours ensemble ((500) days of Summer)


USA / 2009

30.09.2009
 



AMOUR TOUS (LES) JOURS





"Ce n'est pas parce qu'une jolie fille aime les mêmes conneries bizarres que toi, que ça fait d'elle ton âme soeur."

500 jours ensemble et presque autant de bonnes raisons pour aller voir cette vraie fausse comédie romantique pétillante et drôle. Comme en avant-goût du plaisir de spectateur qu’elle provoque, voici les cinq principales :

L’intrigue

Tiens, on peut parler d’amour sans être mièvre et jouer avec les codes éculés d’un genre sans tomber dans la parodie grasse. Et le tout avec une once de profondeur, en plus ! C’est en tout cas le pari réussi de ce premier long métrage signé Marc Webb. Au lieu de nous montrer comment deux personnes que tout oppose (voire qui se détestent) finissent par apprendre à se connaître et à s’aimer, les scénaristes (Scott Neustadter et Michael H. Weber) prennent le parfait contre-pied en suggérant que partager les mêmes goûts ne garantit pas toujours la réussite d’une relation.

Mais, attention, pas question non plus de livrer un discours trop désabusé ou nihiliste sur l’amour : incontestablement, les deux auteurs y croient. En revanche, ce qu’ils fustigent, c’est ce dont se repaissent les autres films (contes de fée, chansons…), à savoir une sorte d’absolu amoureux idéalisé dont la quête peut vite virer à la désillusion perpétuelle. Tellement vrai…

La mise en scène

L’une des meilleures idées du film est de proposer non pas un récit linéaire suivant l’histoire de Tom et Summer, mais un aperçu fragmenté de ce que fut leur relation. Comme un médecin auscultant son patient à intervalles réguliers pour suivre l’évolution de sa maladie, 500 jours ensemble décortique les 500 journées qu’ils ont passées ensemble en sélectionnant un échantillon représentatif d’événements et de situations. Jour 1 : leur rencontre. Jour 290 : leur rupture. Jour 8 : leur première conversation. Et ainsi de suite en opérant de fréquents allers et retours entre les époques.

Cette distanciation quasi scientifique permet une double lecture des événements, faisant ainsi jaillir des liens entre des épisodes situés à des moments radicalement différents. En cela, la (dé)construction du film imite la mémoire qui passe en revue le passé avec sa logique propre, un souvenir (une après-midi joyeuse chez Ikéa) en appelant un autre (une promenade morne chez Ikéa quelques mois plus tard).

Libéré de toute contrainte temporelle, Marc Webb s’offre plus de liberté et d’inventivité dans sa mise en scène : une séquence de comédie musicale, de fausses images d’archives, un narrateur omniscient qui pose tout de suite la situation ("ceci n’est pas une histoire d’amour"), une matérialisation des pensées du personnage principal à travers l’usage du split screen (à gauche le fantasme, à droite la réalité)…

Le ton, personnel et sans artifice, dénote singulièrement dans l’univers des comédies pseudo-romantiques préformatées. D’où une plus-value immédiate : on est presque surpris d’avoir à faire à un film d’auteur intelligemment écrit au lieu de l’un des ces produits cinématographiques au kilomètre auxquels on est habitué…

Le point de vue

Une fois n’est pas coutume, 500 jours ensemble est entièrement vu à travers le regard… du personnage masculin. Scoop : les garçons aussi somatisent sur leurs échecs amoureux et convoquent des comités d’urgence à la moindre intempérie ! Ce qui donne quelques scènes savoureuses légèrement décalées, opposant les meilleurs amis du héros, plutôt largués (le premier est un éternel célibataire, le second est casé depuis le lycée) à sa petite sœur tout juste pubère et bien plus clairvoyante.

Par ailleurs, le concept de "Prince Charmant" s’en trouve renversé. Tom met sur un piédestal une Summer idéalisée et parfaite dont il gomme chaque aspérité. Il s’accroche ensuite à cette image qu’il a lui-même façonnée ainsi qu’aux signes qu’il croit voir dans des coïncidences, afin de mieux se persuader qu’il a trouvé son âme-sœur.

L’acteur

Aperçu ici et là (Et au milieu coule une rivière, la série Troisième planète après le soleil, Mysterious skin, G.I. Joe…), Joseph Gordon-Levitt se fait tranquillement une place à Hollywood depuis le début des années 90 (il avait 10 ans !). Avec 500 jours ensemble, effet jackpot garanti : c’est bien simple, on ne voit que lui !

Parfaitement à l’aise dans un rôle romantique par excellence, il apporte à Tom le charme, le naturel et la sincérité nécessaires pour éviter le stéréotype. Et si sa mine de chien battu et ses cheveux en pétard font beaucoup pour le charisme de son personnage, attention à ne pas le réduire un peu vite au statut de belle gueule. Derrière le physique avantageux quoiqu’atypique (on est loin du fade Zac Efron) se cache en effet un potentiel aussi bien burlesque que dramatique.

La bande originale

Concernant la musique, les attentes étaient fortes dès le départ. Un film qui bâtit une histoire d’amour autour d’un coup de foudre musical se doit de proposer une bande originale de caractère. Paru réussi pour 500 jours ensemble qui mixe intelligemment les ballades douces-amères des Smiths ("There is a light that never goes out, Please, please, please, let me get what I want") avec les mélodies presque plaintives d’une Regina Spektor déchirante (Us, Hero). On laisse à l’appréciation de chacun le fait de juger si Quelqu’un m’a dit, bluette de Carla Bruni période pré-Sarkozy, avait sa place au milieu de ces petits bijoux… le fait est qu’elle s’intègre plutôt pas mal au décor.

Chaque séquence se voit donc habillée de sa propre couleur musicale, tantôt joyeuse, tantôt amère, tantôt franchement désespérée, ce qui offre au spectateur un niveau de connexion supérieur avec le héros. Bien plus qu’un simple accompagnement musical, le choix des musiques et chansons est ainsi l’un des fils directeurs du récit, apportant alternativement à l’intrigue un contrepoint ou un soutien dramatique. Ultime preuve, si besoin était, que Marc Webb a parfaitement intégré la nécessité (au-delà d’attirer le public avec une affiche attrayante,) de proposer une œuvre complexe où chaque détail compte. Possédant différents degrés et niveaux de lecture, 500 jours ensemble ne laisse de ce fait rien au hasard, redonnant ses lettres de noblesse à un genre qui en a particulièrement besoin.
 
MpM

 
 
 
 

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