Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Away we go (Away we go)


USA / 2009

04.11.2009
 



VOYAGE A DEUX

Le livre Bye Bye Bahia



«- Ils nous ont acheté une poussette.
- Quel est le problème avec la poussette?
- J’aime mes bébés alors pourquoi aurais-je envie de les éloigner de moi?
»

La cellule familiale a toujours fasciné la caméra du cinéaste britannique Sam Mendes. Le couple, reflet pertinent de la société dans laquelle on vit – et cela quelle que soit l’époque abordée –, demeure l’unité de référence d’un auteur à l’aise pour développer ses thématiques : décomposition de l’ordre familial dans American Beauty, anticonformisme social dans les Noces rebelles, recherche d’équilibre dans Away we go. Chaque situation renvoie donc à un cinéma précis à même d’offrir une lecture sociale se référant à la satire, au mythe ou à la quête identitaire. Le virage opéré par Sam Mendes dans Away we go, son dernier film, est tout sauf anodin. Il résonne a contrario du couple formé par les deux stars hollywoodiennes Leonardo DiCaprio et Kate Winslet en proposant une vision différente de l’Amérique, beaucoup moins glamour, beaucoup plus réaliste. Pour ce faire, le réalisateur nous la joue film « d’auteur » en occupant le terrain de la radiographie si cher aux réalisateurs de la côte Est des Etats-Unis.

Burt et Verona forment un « vrai » couple doté d’un amour véridique à la confiance sereine bientôt confronté aux affres complexes de la parentalité. Ils le désirent autant qu’ils le craignent. Le pitch, d’un classicisme d’école, développe néanmoins un axe de lecture original autour de ces jeunes trentenaires fragiles, ordinaires, sans argent mais déterminés dans leur quête d’équilibre. Les questions que soulève l’arrivée du futur bambin ne remettent pas en cause l’harmonie d’une intimité assumée mais, au contraire, expriment avec brio la difficulté de chaque couple à se construire un avenir sécurisé synonyme de réussite. Si Burt et Verona ne cherchent, en définitive, qu’un havre à même de recevoir leur progéniture, ils ont du mal à anticiper sa venue autrement que pour eux-mêmes. De là découle les réflexions sur le choix d’une éducation, d’un environnement affectif (rôle de la famille), social (rôle de l’entourage) ou géographique, quitte à mettre la charrue avant les bœufs par peur de commettre l’irréparable. Sam Mendes n’aimant pas tourner autour du pot, il structure sa narration sur la rupture causée par le départ des parents de Burt en Europe quelques mois avant l’accouchement de Verona. Si ce parti pris scénaristique permet de lancer une pérégrination à travers l’Amérique afin de confronter des inquiétudes à la réalité du terrain, le cinéaste se voit obliger de délaisser l’analyse psychologique d’une relation au profit de son parcours. L’aspect prospectif du film place notre couple dans une posture de « simple » observant des différentes familles rencontrées au cours de leur périple. Le rapport parents / enfants domine, la notion d’équilibre aussi, ainsi que celle du passage programmé vers l’âge des « vraies » responsabilités. Une telle démonstration, bien qu’un peu schématique, justifie un voyage motivé par les peurs de Verona et les incertitudes de Burt.

Dans cette recherche d’équilibre Sam Mendes semble renoncer à l’originalité en proposant la forme ultra classique du road-movie. Utilisée à bon escient, celle-ci permet de créer des points de rupture dans la continuité, soit l’exacte transcription narrative du trouble dans lequel se trouve Burt et Verona. Chaque escale rend compte d’un cas de figure précis, sorte de photographie de familles à ciel ouvert : une ancienne collègue extravertie humiliant sans cesse ses enfants et son mari, une sœur faisant semblant de croire en son couple, une cousine baba cool vivant dans une maison bourgeoise, un couple d’amis ne pouvant pas avoir d’enfants et adoptant à tout bout de champ… Cette radiographie sociale, mixte savant d’exagération et de caricature, n’apporte aucune réponse. Et c’est précisément là où veut en venir le réalisateur. Burt et Verona, sans avoir totalement renoncé à leurs craintes initiales, comprennent qu’ils doivent accomplir ce cheminement de vie à deux, malgré la peur de l’inconnu. Campé à merveille par deux acteurs fabuleux (Maya Rudolph pour Verona et John Krasinski pour Burt), Away we go ne tourne pas en rond mais nous emmène sur les routes d’un road-movie drôle, romantique, réaliste et en tout point savoureux.
 
geoffroy

 
 
 
 

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